Une cellule de la gendarmerie consacrée aux affaires non élucidées existe, et un pôle judiciaire qui y est consacré a été créé à Nanterre le 28 février dernier. La Gironde recèle une vieille affaire, qui pourrait intéresser ce pôle.
Le média Haute-Gironde revient sur le dossier en 2017 :
“En ce 16 juillet 1992, un grand émoi s’empare de la population. L’abbé Arizcorreta, le sympathique curé du village que tout le monde croisait dans les rues depuis six ans, est découvert tué de trois balles à bout portant dans le bloc des sanitaires de l’aire de repos de Bédenac, en Charente-Maritime. Vers 7 h 30, un couple de touristes alerte la gendarmerie : ils viennent de constater la présence d’un corps ensanglanté d’un homme gisant dans les sanitaires. Rapidement sur place, les autorités identifient l’homme grâce à sa voiture, une Renault 19 garée à proximité. Il s’agit de Pierre Arizcorreta, 55 ans, prêtre né à Saint-Pée-sur-Nivelle dans le Pays Basque. Les balles retrouvées sur la scène du crime sont d’un calibre commun 22 millimètres et proviennent d’une même arme. La première balle, dans la tête, a été mortelle. Deux autres ont été reçus dans le thorax et dans la cuisse.
« L’autopsie, pratiquée le jour même, a situé la mort entre minuit et 2 h du matin, alors que le meurtre n’a été signalé que vers 7 h 30. Ce qui veut dire que des gens sont entrés dans les sanitaires, ont forcément vu le corps et n’ont rien dit », témoignait en 2009 à nos confrères de Sud Ouest Dimanche, le commandant Gérard Le Hen, chef du groupe homicide de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers à l’époque. Curé de Saint-Gervais, Saint-Laurent d’Arce, Peujard et Virsac depuis 1986, l’abbé Arizcorreta est connu et estimé de tous”.
Néanmoins le lieu du crime interroge, d’autant que la voiture du curé y a déjà été vue plusieurs fois.
“Depuis longtemps, l’aire de repos de Bédenac, sur l’autoroute A10, est réputée, de jour comme de nuit, pour être un lieu de fréquentation d’une population homosexuelle mais aussi le lieu de rendez-vous de clients de prostitués et de proxénètes. La voiture du père Arizcorreta y avait été repérée par les forces de l’ordre à plusieurs reprises les deux dernières années. L’abbé y avait aussi été identifié. L’enquête de la gendarmerie n’avance pas. Aucune douille n’est retrouvée sur les lieux du crime. Le ratissage ne donne aucun résultat exploitable. Pourtant, les investigations sont nombreuses : on fouille le presbytère de Saint-Gervais, l’église jusqu’au clocher, et même les personnages de la crèche, ses agendas, on interroge 250 personnes au total, on contacte les automobilistes qui se sont arrêtés à l’aire de repos grâce aux transactions bancaires enregistrées, etc. Les gendarmes de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers reviennent bredouilles“.
Selon une de nos sources à l’évêché de Bordeaux, il reste une indication possible : “le pantalon du mort permettrait peut-être de guider les enquêteurs, s’il a été conservé. A l’époque, les analyses ADN n’étaient pas systématiques [leur usage s’est généralisé après 1995]. Mais on sait faire parler de vieux prélèvements ou des pièces“.