Et il y a visiblement certains grisou qui souhaitent faire main basse… Le magazine “Complément d’enquête” a demandé à un ancien contrôleur de la Cour des comptes, par ailleurs vice-président de la Fédération nationale de la libre pensée (bref, un franc-maçon), d’analyser les comptes 2019 de 93 associations diocésaines françaises, accessibles via le Journal officiel des associations. Les comptes manquants sont ceux des diocèses d’Arras, Besançon, Cayenne, Mayotte, Metz, Nîmes, Périgueux, Rodez, Strasbourg et Valence. Ce travail se base sur les comptes de 2019, car ceux de 2020 sont particuliers en raison de la crise liée au Covid-19, et ceux de 2021 n’étaient pas encore publiés quand cette enquête a commencé.
Le patrimoine de l’Eglise avoisinerait les 8 milliards d’euros : patrimoine immobilier, placements financiers, comptes courants… La franc-maçonnerie, qui a fait confisquer les biens de l’Eglise lors de la Révolution française, puis une nouvelle fois au début du XXe siècle, prépare-t-elle un nouveau hold up ?
Sur les 93 bilans comptables analysés, seule une poignée de diocèses n’est pas sortie de l’année 2019 en déficit, à l’image de celui de Nanterre (24,4 millions de recettes, pour 23,4 millions de charges). Au total, ils ont cumulé, sur l’année 2019, 893 millions d’euros de dépenses, contre 747 millions de recettes.
Mais l’Eglise dispose d’un patrimoine immobilier important : séminaires, hôtels particuliers ou autres édifices utilisés pour loger les milliers de prêtres, séminaristes, ou encore pour accueillir les activités des 12 000 laïcs salariés. Ce patrimoine immobilier s’élève à 2,98 milliards d’euros. Mais ce montant est calculé à partir de la valeur du bien à la date où l’Eglise en est devenue propriétaire. Il ne correspond donc pas à la valeur de marché. Les experts en comptabilité de la FNLP ont tenté d’estimer cette valeur : elle pourrait se situer autour de 6,3 milliards d’euros. En y ajoutant la valeur des terrains, on parvient à un patrimoine foncier et immobilier de 6,6 milliards d’euros.
Enfin, l’Eglise dispose d’une trésorerie de 479 millions d’euros disponibles sur les comptes courants des diocèses à la fin de l’exercice 2019, et 1,13 milliard d’euros sur des placements financiers. Si on les additionne, les comptes des 93 diocèses étudiés cumulent un montant de 1,6 milliard de fonds disponibles.
De quoi susciter quelques envies…
La Conférence des évêques de France évoque auprès de franceinfo un patrimoine immobilier d’une valeur brute de 1,9 milliard d’euros (et non de 2,98 milliards), et estime que les chiffres concernant les placements financiers et les disponibilités (1,6 milliard) sont “cohérents”, mais bruts. D’après la CEF, les dettes et les provisions (environ 700 millions d’euros) “ramènent le montant de la trésorerie réellement mobilisable à 900 millions d’euros”.
Le diocèse de Paris dispose de 186 millions d’euros de trésorerie, dont 161,6 de placements financiers. Viennent ensuite
- Nanterre (62,4 millions)
- Vannes (59,2).
Sept diocèses disposent de plus de 40 millions d’euros.
A l’inverse, les moins bien dotés sont
- Montauban (1,4 million)
- Saint-Dié (2)
- Chambéry (2,2 millions).
Treize associations diocésaines disposent de moins de 5 millions d’euros de trésorerie.
Paris est le plus doté en patrimoine immobilier. Le patrimoine de l’Eglise provient aussi des nombreuses SCI détenues par les diocèses, permettant d’administrer des biens. L’archidiocèse de Paris détient par exemple, via une SCI, l’immeuble où Free a installé son siège social, dans le 8e arrondissement de la capitale : 10 000 mètres carrés de bureaux qui rapporteraient 4,5 millions d’euros de loyer par an.