Le père Laurent Stalla-Bourdillon, prêtre, enseignant aux Bernardins et directeur du Service pour les professionnels de l’information, publie une tribune hallucinante dans La Vie. Hallucinante car elle montre que nous n’avons pas la même foi que ce prêtre : les sacrements, la grâce divine, tout ceci est finalement négligeable pour ce clergé. Nous le savions au moins depuis le Covid, mais c’est aujourd’hui clairement revendiqué :
La fin d’un modèle d’Église n’est pas la fin de la foi catholique en France. Elle signifie la transformation, ou plutôt la disparition imminente d’une figure familière : une église édifiée autour d’un clergé desservant des paroisses, offrant comme chemin de sanctification, la vie des sacrements.
Ce prêtre rappelle que le clergé vieillit et qu’il y a moins de vocations. Certes. Mais face à la pénurie, il n’appelle pas à recentrer le clergé sur sa vocation première :
Ce déficit structurel emporte non seulement la capacité de gestion matérielle des paroisses même renouvelées, le palliatif des regroupements paroissiaux toujours repris ayant atteint ses limites, mais surtout le modèle de vie spirituelle proposé aux fidèles : la sanctification par la fréquentation régulière des sacrements.
Et il précise :
La permanence de la foi chrétienne en France doit demeurer la seule préoccupation des évêques, plus que la desserte des paroisses par un clergé fatigué.
La permanence de la foi est un échec notable, au vu de la non transmission de la foi ces dernières décennies. Changement de foi qu’il exprime lui-même dans son texte :
La consécration eucharistique n’est pas seulement la consécration du pain et du vin, mais bien la consécration de l’assemblée réunie ; elle fait de cette assemblée le Pain vivant, pénétré de l’Esprit du Seigneur, donné pour consoler et réconforter ceux qui peinent.
C’est typiquement ce qui est reproché à la nouvelle messe : l’abandon de son caractère sacrificiel et de la foi en la présence réelle. La nouvelle présence réelle, c’est l’assemblée des fidèles. C’est pourquoi la communion est reçue debout, dans la main, par tout le monde, sans confession. C’est pourquoi le prêtre est toujours tourné vers les fidèles, c’est pourquoi ceux-ci se cléricalisent, etc.
Le document intermédiaire du Synode entrant dans sa phase continentale après la séquence en diocèse, souligne le défi de « la diminution du nombre de prêtres et de bénévoles qui conduit à l’épuisement » (« Élargis l’espace de ta tente » (Isaïe 54,2), Document de travail pour l’Étape continentale, n° 19). Ceci d’autant qu’on a formé « un clergé à un style de vie sacerdotale et négligé de le former à la coordination pastorale »
Le clergé est donc destiné à faire surtout de la coordination pastorale. Il est évident qu’avec de tels principes, l’Eglise ne risque pas d’attirer les vocations. Mais c’est visiblement son but. Ce n’est pas la fin d’un modèle d’Eglise, mais la fin de l’Eglise au sujet de laquelle prêche le père Stalla-Bourdillon.