Dans La Croix, Mgr Wintzer, archevêque de Poitiers, fait son mea culpa suite à l’affaire Santier. Et après ? Ecoutera-t-il plus les fidèles ? Il est permis d’en douter : les fidèles attachés à la messe traditionnelle en savent quelque chose.
[…] Plus d’un an après le rapport de la Ciase, l’effrayante « affaire Santier » montre que bien des prises de conscience ne se sont pas faites, et j’en prends ma part. J’avais en effet entendu que des plaintes avaient été déposées contre lui et qui concernaient le temps où il était prêtre, on lui reprochait des atteintes sexuelles, j’en ai appris la nature ces derniers jours. Je n’ai pas cherché à en savoir davantage… Et puis ceci était concomitant avec la fin de sa charge pour raison d’âge.
Quoi qu’il en soit de ce qui était su, tu, cette situation est révélatrice de graves dysfonctionnements. Elle manifeste qu’aucune institution ne peut être à elle-même son propre juge. Sans trop vite recourir à l’Évangile, le texte lu ce dimanche montre que chacun est porté à s’illusionner sur son compte, sans que ceci soit pervers. C’est le pharisien qui s’estime juste et le publicain qui se dévalorise. Il faut qu’un regard tiers s’exerce pour que chacun accède à sa vérité.
Dans la vie d’une institution, donc au sein de l’Église catholique, dans une société, ce regard tiers suppose des procédures et des instances. En l’espèce, c’est la presse qui a été ce regard tiers. J’observe que ce sont deux publications portant des conceptions bien différentes du monde, de l’Église qui se sont exprimées, Famille chrétienne et Golias. C’est leur honneur de dépasser des lignes éditoriales pour s’exprimer lorsque la dignité des personnes est atteinte.
Ne nous laissez pas seuls !
On verra ce que diront les groupes de travail mis en place après la Ciase lors de la prochaine Assemblée de Lourdes, certains d’entre eux portent cette attention aux évaluations, vérifications, instances tierces. Sans retirer aux évêques ce qui fait le cœur de leur mission, servir l’Évangile et les êtres humains, il ne faut pas nous laisser seuls ; nous avons besoin de regards compétents, avisés, courageux pour encourager, infléchir, corriger.
Si les faits en question avaient été partagés, dans la discrétion, avec une équipe de personnes composée d’autres que des évêques, je pense que le silence n’aurait pas été de mise, on nous aurait appelés à ne pas nous y tenir. Il ne s’agit pas ici d’une question de « communication », quelle que soit la qualité des personnes qui ont la charge de ces domaines, mais les communicants, tout nécessaires et bénéfiques qu’ils sont, servent une institution, y compris l’Église, en sont les obligés, et ne sont pas dans une position duale par rapport à elle.
Il est regrettable que je doive écrire ces lignes ; nous aurions agi autrement, elles n’auraient pas été nécessaires, surtout, nous n’aurions pas nourri la douleur, la colère, la révolte. Parlant en mon nom, je veux dire que ma charge, je peux y renoncer volontiers ; je suis évêque par appel et non pour l’avoir désiré ; je m’efforce cependant d’honorer la charge que j’ai acceptée. Mais, s’il s’avère que par des actes, des paroles, des silences je suis un obstacle, je ne dis pas à l’Église mais à l’Évangile, il est bien préférable que je cesse mes fonctions.
Ceci peut se heurter à une autre difficulté, je la mentionne non pour atténuer ce que je viens d’écrire mais pour le permettre de manière plus aisée. Actuellement, je tiens ma charge du pape, et c’est lui qui peut me la retirer. Devraient exister, aussi, des manières de rendre compte de sa mission à l’Église que nous servons. Non pour être soumis à un quelconque arbitraire, mais pour donner place à la communauté qui est première par rapport aux ministères qui sont à son service. […]