Le recensement de vitraux anciens – c’est à dire antérieurs à la Révolution – vient de s’achever en France, annonce Aleteia – notre pays compte 5000 verrières anciennes.
“Le plus ancien vitrail in situ en France est l’Ascension de la cathédrale du Mans, vers 1120″, assure à Aleteia Michel Hérold, directeur du Comité français du Corpus Vitrearum, l’organisme international qui recense les vitraux anciens du monde entier. En participant à ce travail de recensement, il a acquis une solide expertise sur le sujet : « La répartition des vitraux anciens est très inégale en France. Les célèbres vitrages des cathédrales du XIIIe siècle de la région Centre, demeurés presque intacts, constituent des exceptions », précise cet historien du vitrail. « La Picardie et le Nord-Pas-de-Calais ont subi de lourdes pertes au cours de la Première Guerre mondiale. Nombre de monuments parisiens ont perdu leurs décors, sacrifiés aux modes qui prévalaient au XVIIIe siècle” – alors le clergé fait détruire des ensembles de vitraux médiévaux et Renaissants au profit de vitres blanches, avec seulement des lisières ouvragées, qui font largement entrer la lumière. C’est le déclin du vitrail, atteint de plein fouet par les guerres de Religion du XVIe et la déperdition de savoirs qui s’est ensuivie.
L’Aube, département le plus riche en vitraux anciens
“Chercheur au centre André Chastel, le laboratoire de recherche français en Histoire de l’art, Michel Hérold poursuit : « La Bretagne, plus conservatrice et plus pauvre, n’a pu moderniser ses innombrables lieux de culte, mais la plupart de leurs vitraux sont devenus fragmentaires [ils ont souvent été remployés, en fragments rescapés, dans des vitraux du XIXe]. La production alsacienne, exceptionnellement brillante à la fin du XVe siècle, s’est trouvée brusquement suspendue par l’implantation précoce de la Réforme. La Champagne (1.600 verrières) et la Haute-Normandie (1.400 verrières) restent aujourd’hui les régions les mieux dotées en vitraux anciens. L’Aube (1.160 verrières dont 1.042 datent du XVIe siècle) est le département français le plus riche en vitraux anciens. L’Auvergne ne compte que 135 verrières. Certains départements sont presque dépourvus d’œuvres, par exemple la Creuse, où deux monuments ont gardé des vitraux en place, ou encore la Haute-Loire“.
Le recensement des vitraux d’avant la Révolution est une initiative qui date de l’immédiat après-guerre, et fait partie des idées partagées par les anciens belligérants, sur fond de catholicisme social, qui entament le cheminement vers l’Union européenne. “ En 1952, un Suisse, Hans Robert Hahnloser, fonde le Corpus Vitrearum, à Amsterdam. Dans cette association internationale pacifique et studieuse, chaque pays s’organise à sa façon […] En France, un Comité national réunit 25 chercheurs. Ils interviennent comme experts sur les grands chantiers, comme à la Sainte-Chapelle de Vincennes et bien entendu à Notre-Dame de Paris. Là, ils ont, par exemple, suivi la dépose rapide des baies hautes du XIXe siècle du chœur et de la nef pour permettre aux entreprises d’intervenir sur l’architecture dans de bonnes conditions. Mais, au quotidien, sur les petites routes, dans les églises non chauffées, ils ne sont que quatre permanents, payés par l’État, issus du Ministère de la Culture et du CNRS“.
A noter que si en France et en Grande-Bretagne, ce recensement de vitraux anciens est paru sous la forme de monographies fouillées, en Italie, le recensement est accessible sous la forme d’une base en ligne, la BIVI.