Dans l’éditorial de la dernière lettre aux Amis du Monastère (Septembre 2022, n°183), Dom Louis-Marie évoque la règle de Saint-Benoit et le conseil qui aide au gouvernement du monastère :
Dom Gérard disait souvent que lorsqu’il avait une affaire à résoudre, il cherchait la solution dans la Règle de saint Benoît, guide sûr pour les moines, et aussi pour la vie de l’Église.
Mais saint Benoît parle-t-il d’un synode dans la vie d’une communauté ? Eh bien, oui ! Dès le chapitre 3, où il est question de la convocation des Frères en conseil, juste après avoir traité des qualités de l’Abbé. Il dit que toutes les fois qu’au monastère on devra traiter de quelque affaire importante, l’Abbé convoquera la communauté entière, puis il exposera lui-même le sujet et il écoutera les Frères. Il est donc clair que saint Benoît a un a priori foncièrement positif sur cette consultation, d’autant plus que le Saint-Esprit peut s’exprimer à travers ces réunions. Saint Benoît dit : « Si nous avons prescrit d’appeler tout le monde au conseil, c’est que souvent le Seigneur inspire à un jeune le meilleur parti à prendre. » Mais il dit aussi que le Père Abbé, après avoir écouté, fera un discernement. Il examinera à part soi, et il agira selon ce qui lui paraîtra le plus expédient.
Dans l’esprit de saint Benoît, la place d’un synode est celle d’un conseil destiné à aider l’Abbé à y voir plus clair sur les sujets à traiter et, parfois même, à y voir un peu plus clair sur l’état de la communauté. Donc, selon saint Benoît, le synode a du bon, mais à certaines conditions.
La première est que tout le monde doit être convoqué. La préparation du synode, en France du moins, a montré que les jeunes étaient les grands absents. Et c’est très dommage, pour la raison invoquée par saint Benoît, à savoir que le Saint-Esprit parle souvent par la bouche d’un plus jeune. Si donc nous voulons que le synode donne de bons fruits, il faudra que les pasteurs trouvent un moyen de faire participer ces jeunes, et il faudra avoir du courage pour les écouter, car souvent ils ne pensent pas comme l’ancienne génération majoritaire dans ce synode. Les jeunes catholiques, selon le rapport du diocèse de Vannes, veulent plus de doctrine et plus de sacré.
La deuxième condition est la façon de s’exprimer. Saint Benoît exige que les Frères donnent leur avis avec toute la soumission qu’inspire l’humilité, sans avoir jamais la présomption de défendre obstinément leur manière de voir. Dans le rapport sur le synode en France, il y a peut-être trop de revendications. Un journaliste a titré la synthèse : “Les cahiers de doléances”, en se référant à la Révolution française. Si le synode veut donner du fruit, ce ne sera qu’avec plus d’humilité et d’esprit surnaturel. Cet esprit surnaturel qui, d’après le constat des évêques eux-mêmes, n’a pas été très présent.
Et j’en viens à la troisième condition donnée par saint Benoît : « Que chacun se conforme à la Règle, l’Abbé et les Frères. » Et donc les évêques et tous les fidèles. La Règle, chez saint Benoît, est maîtresse, et nul n’aura la témérité de s’en écarter. Cette règle, pour l’Église, c’est l’Écriture, le magistère et la Tradition. Il est effrayant de voir que plusieurs des propositions issues de la synthèse sur le synode révèlent un manque total de foi et ont subi l’influence d’idées mondaines.
C’est effrayant, oui, mais appliquons à ce synode les encouragements que saint Benoît donne au postulant, dont les premiers pas sont toujours difficiles. Si ce synode a besoin de correction, si quelques rigueurs sont nécessaires, que les organisateurs se gardent d’abandonner. Avec la foi, le cœur de ce synode peut s’élargir et, avec la grâce de Dieu et la fidélité des chrétiens, permettre aux pasteurs d’y voir plus clair.
† F. Louis-Marie, o.s.b., abbé
Je doute que le Synode sur la Synodalité suive la règle de Saint Benoit.
Outre I’hermétisme des 3 quarts des questions absconses posées dans Ia consuItation auxqueIIes on est dans l’impossibiIité de répondre, cette consultation est à sens unique, sans possibilité d’échange, ce qui aurait permis justement d’être un peu éclairé sur leur sens réel voulu par .le(s) rédacteur(s), on aimerait savoir qui sera chargé du dépouillement, un vrai travail de bénédictins !
Je crains malheureusement que l’affaire ne soit déjà pIiée avant même la réception des premières contributions, et que Ies concIusions n’en soient écrites à I’avance.
Un scénario déjà vu seIon certaines indiscrétions à Ia suite du Synode sur Ia FamiIIe…