Dans la dernière lettre des Moniales du Barroux, La Font de Pertus (n°130, 27 juin 2025), Mère Placide, abbesse, évoque les premiers pas du nouveau Pape Léon XIV :
Chers amis,
« Bienheureux les doux, car ils posséderont la terre ! » Ce mot de Jésus nous vient à l’esprit tandis que nous découvrons, jour après jour, notre nouveau Saint-Père. Et nous remercions le Seigneur de nous avoir fait ce don précieux : Léon XIV.
Avez-vous été touchés comme nous par le Message du pape aux évêques de France, le 28 mai dernier? Léon XIV y rappelle trois saints français canonisés en mai 1925: Jean Eudes, Jean-Marie Vianney, Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ces saints ont en commun un trait spirituel, qu’ils « présentent de manière très parlante et attrayante aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui : ils ont aimé sans réserve Jésus de manière simple, forte et authentique ; ils ont fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne, et ils en ont témoigné dans un admirable élan missionnaire. » Le pape conclut: « il ne saurait y avoir de plus beau et de plus simple programme d’évangélisation et de mission pour votre pays : faire découvrir à chacun l’amour de tendresse et de prédilection que Jésus a pour lui, au point d’en transformer la vie. »
Ces paroles du souverain pontife viennent à point pour encourager les catholiques de France, atterrés par la promulgation accélérée de lois antichrétiennes et inhumaines. Comment en sommes-nous arrivés là ? Le cardinal Schuster répondait à cette question en 1929, dans sa première lettre pastorale en tant qu’archevêque de Milan : « C’est l’ignorance des vérités éternelles qui est la source de la diminution de la foi et de la baisse de la moralité publique. » Matérialiste, l’homme devient facilement inhumain. Comment pourrait-il en être autrement? Les actes proprement humains sont posés par la volonté de la personne. Et la volonté les pose selon les biens que lui présente l’intelligence. Si l’intelligence ne connaît que le sensible … on passe rapidement de l’égoïsme à la barbarie.
C’est fâcheux, direz-vous, mais y pouvons-nous quelque chose ? Oui, et même nous devons y remédier dans notre « sphère d’influence ». Léon XIII, que notre nouveau pape a choisi comme prédécesseur de référence, écrivait le 1er novembre 1900 : « La plupart de ceux qui sont séparés du Christ le sont bien plus par ignorance que par mauvaise volonté. Il importe donc avant tout d’enseigner. C’est pourquoi nous supplions tous les chrétiens, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, de travailler de tout leur pouvoir à connaître le Rédempteur tel qu’il est. »
Pour connaître le Rédempteur tel qu’il est, éclairons et nourrissons notre foi. Comment? Par la lecture, l’étude, et d’abord par une lecture méditée et savoureuse de l’Écriture sainte qui, du premier mot jusqu’au dernier, nous raconte Jésus-Christ. Si vous avez lu journal et Pensées de chaque jour d’Élisabeth Leseur, vous vous rappelez sûrement combien l’Évangile aida cette femme du monde à approfondir sa foi, face aux attaques que son mari, aimant mais antireligieux, faisait subir à celle-ci. « Je lis l’Évangile », notait Élisabeth le 29 mars 1900, « livre unique, sans cesse lu et sans cesse nouveau, beau d’une beauté souveraine, resplendissant de vérité; [ … ] où l’on puise sans cesse et que rien n’épuise! Don béni de Dieu, pourquoi les hommes t’oublient-ils, puisque par toi seulement ils apprendront de nouveau la charité ? » Madame Leseur prenait cette résolution: « Sous peu, me remettre à un fort travail intellectuel, qui m’est utile, et maintiendra l’équilibre dans mon esprit et dans ma vie, que trop de soucis hantent en ce moment ».
Chers amis, faisons « découvrir à chacun l’amour de tendresse et de prédilection que Jésus a pour lui, au point d’en transformer la vie. » Programme exigeant? Certes, mais aussi enthousiasmant ! Comme le disait Léon XIV aux professionnels de la communication – et nous sommes tous, en tant que chrétiens, chargés de communication-, les temps difficiles que nous vivons représentent un défi, que nous ne devons pas fuir. Au contraire, ils exigent de chacun de nous, dans nos différents rôles et services, de ne jamais céder à la médiocrité. L’Église doit relever le défi de son temps. Saint Augustin nous le rappelle : « Vivons bien, et les temps seront bons. Nous sommes les temps. »
Soeur Placide, osb, abbesse
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