Issu du MRJC et passé par le séminaire interdiocésain de Nantes, Pierre-Etienne Grislin, nouveau curé de la Tessoualle et de plusieurs clochers au sud de Cholet, aux confins des diocèses d’Angers et de Poitiers, dans les Mauges, a répondu à une longue interview de Ouest-France où il considère notamment que le célibat sacerdotal est « modifiable » et que « rien n’empêcherait les curés d’avoir une vie de famille ». Quelques extraits :
Ouest France : la France est passée d’environ 65 000 prêtres en 1960 à 12 000 aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette crise des vocations ?
« Il y a moins de prêtres parce qu’il y a moins de chrétiens. C’est ainsi. »
OF : Les baptêmes d’adultes augmentent pourtant. Un retour des jeunes vers l’Église ?
« On baptise moins qu’avant, même s’il y a un rebond. Certains jeunes développent aujourd’hui une spiritualité fragile, qui n’est pas structurée ni structurante, souvent via les réseaux sociaux.
Pour ma part, les catéchumènes [Personne qu’on instruit dans la foi chrétienne pour la préparer au baptême N.D.L.R.] que j’ai accompagnés sont tous entrés par la petite porte, souvent dans leur fragilité : séparation, travail, perte de sens… L’Église n’est pas la seule porte pour ces jeunes mais elle reste ouverte ! »
OF : Le religieux revient-il ou la sécularisation se poursuit-elle ?
« La spiritualité est inhérente à toute vie humaine. On parle beaucoup de déstructuration du monde catholique mais on ne mesure pas la laïcisation du monde musulman, qui est beaucoup plus forte que chez nous. Il faut regarder ce processus sur le long terme ! Heureusement, Dieu voit plus loin que notre fin du mois et la sécularisation n’est pas un danger pour lui, puis qu’il nous parle d’avantage dans l’absence que dans le trop-plein. Et non, il n’a pas abandonné l’humanité. »
OF : Le célibat sacerdotal doit-il être remis en cause ?
« Le célibat n’explique pas les abus, puisque la majorité se produit en milieu familial. Et ce n’est pas une loi divine, mais une loi de l’Église, donc modifiable. Pour ma part, être célibataire me donne une liberté pour répondre aux appels de l’Église mais rien n’empêcherait un prêtre d’avoir une vie de famille. Je suis moi-même tuteur de deux jeunes qui étaient très inquiets de me voir partir après ma nomination ici. L’essentiel, c’est la liberté intérieure. »
OF : L’Église en fait-elle assez contre la pédocriminalité ?
« Elle n’en fera jamais assez. Mais elle fait désormais son job, ce qui n’empêchera pas d’autres affaires. Et c’est le plus choquant : que des abus puissent être encore commis avec tout ce que l’on sait aujourd’hui ! Des abus sexuels ou spirituels, liés à l’emprise. Cela étant dit, on ne peut pas juger une époque différente, marquée par le silence de l’Église et des familles : car on sait que des abus comme ça ne se racontait pas. Cela n’excuse rien. Aujourd’hui, on en parle plus facilement et c’est très bien. Ce sujet est d’ailleurs revenu à chacune des Rencontres fraternelles, sans avoir été posé sur la table. Preuve que cela trouble énormément tous les chrétiens. »
Fatigant de lire ces attaques permanentes contre le célibat !
D’un autre côté, je ne vois pas ce que ce prêtre a dit de répréhensible. Une chose est de penser que le célibat des prêtres est précieux et à conserver : il n’empêche que, de fait, ce n’est pas tenu par l’Eglise pour une loi divine.