Sur KTO, Mgr Hérouard a expliqué les modalités de la visite apostolique au sein de l’Emmanuel, dont la communauté a fini par reconnaître l’existence et le mandat après qu’une grande partie du décret ait été fuitée sur les réseaux sociaux :
« Le premier élément, c’est de rencontrer ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité et de voir avec eux comment ils voient les différentes questions [posées au dicastère] » explique l’archevêque.
Des questions, « adressées par des membres de la Communauté et un certain nombre d’évêques », qui sont de différents ordres : la gouvernance de la Communauté, l’enracinement de la Communauté dans les Eglises locales, les relations qu’entretiennent les prêtres de l’Emmanuel avec les évêques et les autres prêtres diocésains, la gestion des cas d’abus...
A partir du moment où une visite apostolique est rendue publique, ce qui est le cas depuis quelques jours, forcément un certain nombre de gens vont spontanément vouloir me rencontrer ou vouloir apporter leur témoignage par écrit ou de différentes manières.
« Pas de durée de temps qui soit prédéfinie, parce que le dicastère a bien conscience que les questions sont larges et qu’il y aura sans doute beaucoup de témoignages à recueillir. Ce qui est prévu, peut-il déjà annoncer, c’est que dans six mois, il y ait un premier point qui soit fait avec le dicastère et qu’en fonction de cela, on puisse se donner une certaine échéance pour la fin de la mission« .
Et en attendant, pas d’élection de nouveau modérateur – Désiré Avice poursuivra sa mission tout le temps de la visite.
Quelques précisions supplémentaires sur les raisons de cette visite ont été
données par Témoignage chrétien ce 6 novembre : «
la situation interne, selon ce qui est mentionné dans le décret, apparaît délétère. De fait, il existe au sein même du mouvement une dissidence active contestant une gouvernance « trop centralisée », ce qui a conduit notamment à la démission, en août dernier, du modérateur général, Michel-Bernard de Vregille. Celui-ci était notoirement empêtré dans la mauvaise gestion d’affaires de violences sexuelles, en particulier celle concernant Benoît Moulay, condamné en 2023 par le tribunal canonique pour abus de pouvoir et abus sexuels. Pour déclencher sa visite apostolique, Rome a précisément pointé « des insuffisances dans le traitement des cas d’abus ».
Outre les dissensions internes, il existe des tensions fortes avec l’épiscopat. Le Dicastère des laïcs, selon le décret du 24 octobre, a reçu de « nombreux signalements de la part des évêques ». Parmi les griefs mentionnés figure « une intégration inadéquate de l’association avec les Églises locales, en particulier en ce qui concerne les prêtres membres et les évêques ». La gestion des paroisses confiées à l’Emmanuel est également sur la sellette« .
Nous avions abordé l’affaire Moulay, prêtre qui n’aurait jamais du être ordonné et dont la gestion par l’Emmanuel est un
véritable catalogue de tout ce qu’il ne faut pas faire en la matière…en l’occurrence, il s’agit de la goutte qui a fait déborder le vase, tant pour des membres de l’Emmanuel qui en ont appelé à Rome que pour ceux qui à l’extérieur avaient des raisons de s’en plaindre.
Sur décision du cardinal Kevin Farrell, camerlingue et patron du dicastère pour la famille, qui a été proche de Marcial Maciel puis de Théodore Mac Carrick, autrement dit un spécialiste de la question.