Voici le message de rentrée de Mgr Hérouard, évêque de Dijon :
La période de l’été entre canicules et phénomènes météo extrêmes a permis, pour beaucoup, (mais pas pour tous !) une pause bienvenue, faite de repos, de rencontres familiales et amicales, de visites et découvertes. Pourtant, l’actualité ne prend pas de vacances et les drames de notre monde se rappellent à nous entre la poursuite de bombardements massifs en Ukraine, les tentatives brouillonnes d’un chemin diplomatique pour arrêter le conflit, la catastrophe humanitaire à Gaza avec toutes ses conséquences à court ou moyen terme, le sentiment d’un monde de plus en plus éclaté où les règles communes disparaissent au profit de la loi du plus fort. En France, les inquiétudes s’annoncent pour la rentrée en matière économique et sociale, plus encore financière et peut-être politique.
Bref, tout ceci entraîne un climat d’inquiétude et de peur du lendemain qui entraîne l’individualisme, le repli sur soi ou ses proches, l’intolérance médiatique ou des réseaux sociaux, la mise à distance de toute notion de bien commun. L’Église est souvent critiquée, vilipendée, y compris en interne, peut-être justement parce qu’elle est porteuse d’une espérance qui dépasse le fonctionnement purement humain d’un groupe, mais s’inscrit dans la recherche de sens et de bonheur véritable de nos contemporains. Devant la faiblesse des promesses du lendemain de notre monde matérialiste et hyperconnecté, le message de l’Évangile, la personne du Christ, la recherche d’une vie, peut-être plus simple mais aussi plus profonde et plus solidaire, marquent les aspirations de beaucoup, en particulier parmi les jeunes.
Le succès du jubilé des jeunes à Rome au cœur de l’été autour du nouveau pape Léon XIV n’est pas qu’un phénomène d’euphorie des grands rassemblements. Ayant rejoint les jeunes de Dijon à Assise pendant 48 h avant qu’ils ne rejoignent Rome (deux cars, plus de 120 jeunes), j’ai été frappé de voir non seulement leur joie et leur enthousiasme, mais aussi la profondeur de leurs aspirations et le désir de beaucoup d’enraciner leur vie à la suite du Christ. Les exigences de la vie chrétienne ne se traduisent pas d’abord en termes d’interdits, mais d’aspiration au beau et au bien. Je viens d’en retrouver un certain nombre lors du pèlerinage diocésain à Lourdes, que ce soit au village des jeunes ou au sein de l’hospitalité diocésaine. Pour les pèlerins, pour les malades, pour ceux qui les accompagnent et prennent soin d’eux, pour les jeunes qui découvrent le message de Lourdes, il y a une joie profonde de se retrouver là, au milieu de tant d’autres pèlerins de toute nationalité pour être à l’écoute de Marie, pour découvrir la simplicité et la force du témoignage de Bernadette, pour vivre un moment de fraternité unique, là où chacun est accueilli et reconnu pour ce qu’il est. Le pèlerinage nous a invités à être, avec Marie, des témoins de l’espérance dans notre vie personnelle et pour notre monde.
Que ce soit cette espérance concrète qui nous anime tous au moment de reprendre les activités dans nos paroisses, nos aumôneries, nos mouvements. Que nous ayons ce désir, au-delà de toutes les questions d’organisation, de fonctionnement, à travers les limites des rapports humains, en cherchant à dépasser les susceptibilités et les petites querelles de pouvoir, à témoigner simplement de notre joie d’être croyants, de notre désir de partager cette joie avec ceux qui nous entourent, là où nous sommes, là où nous vivons et d’être ainsi de vrais missionnaires. Ainsi, l’Église synodale ne sera pas un jeu de pouvoir mais le lieu où l’Esprit Saint permet à chacun d’apporter sa pierre pour l’édification du corps du Christ.
+ Mgr Antoine Hérouard