Si la décision de remettre ou non en liberté le seul surveillant incarcéré de Bétharram, Patrick Martin, a été repoussée du 19 au 23 décembre, la justice vient de faire un pas de géant quelque peu passé inaperçu, le 16 décembre dernier, en écartant la prescription pour deux des plaintes le visant – sur plusieurs dizaines. L’ancien surveillant, toujours en poste à Bétharram (le Beau Rameau) en février 2024 quand éclate l’affaire, sera bien jugé pour viols.
Comme l’explique France 3, « mardi 16 décembre, les juges de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Pau ont tranché et ouvert la voie à un futur procès. Ils ont estimé que les faits subis par deux plaignants, dans les années 90 et 2000, ne sont finalement pas prescrits. Pour prendre cette décision, ils se sont appuyés sur une garde à vue de Patrick Martin datant de 2005, suite à la plainte pour viol d’un élève, pour motiver leur décision. À l’époque, le surveillant n’avait pas été inquiété et avait pu reprendre son poste au sein de l’institution Notre-Dame de Bétharram, dans le Béarn. Ce n’est que dix-neuf ans plus tard, en février 2024, qu’il sera finalement suspendu ».
Comme l’explique la République des Pyrénées, la prescription a pu être écartée du fait de l’existence de cette garde à vue – qui est un acte interruptif de prescription. Pour en prouver l’existence, les magistrats de Pau ont retrouvé «des courriers de la direction de Bétharram à l’inspection académique, l’informant de la convocation» du surveillant.
Patrick Martin est visé par 33 plaintes pour violences, dont une dizaine de nature sexuelle. « C’est un hyperviolent, il passait les enfants à tabac, il cognait, se souvient Alain Esquerre. Il est arrivé en 1983 à Bétharram comme surveillant, il avait 18 ans. Et il s’est rapidement occupé des camps scouts. Il invitait un enfant différent chaque soir dans sa tente« .
A ce jour, avec le dépôt de nouvelles plaintes d’anciens élèves en décembre, 230 plaintes ont été déposées pour violences sexuelles et physiques, mettant en cause 31 adultes sont incriminés, dont 15 prêtres, trois surveillants et un professeur de gymnastique; seuls deux laïcs et un prêtre sont encore vivants – ils ont tous trois été placés en garde à vue, mais la prescription des faits a été retenue pour un laïc et un prêtre.
