Le dispositif d’accueil et de médiation des Béatitudes, mis en place en 2024 – la communauté ayant refusé d’adhérer à la CRR (commission reconnaissance et réparation), le dispositif d’indemnisation de la CORREF – , est dans le collimateur des victimes des Béatitudes ainsi que de la CEF. Les premières ont publié un bilan très critique début septembre dernier, et la CEF a décidé une enquête sur le dispositif, ainsi que l’élaboration d’un document pour le recadrer.
Pour rappel, ce service est coordonné par Clotilde Beylouneh, psychologue et présidente de l’AP21, association de psychologues attentifs à la dimension croyante des patients. Dès sa mise en place, ce dispositif est vivement critiqué par le Collectif d’Accompagnement des Victimes des Béatitudes : « c’est une manière habile d’afficher leur bonne volonté tout en décourageant les victimes ou en les faisant taire avec une clause de confidentialité ».
Le bilan fait par les victimes des Béatitudes décrit le processus d’écoute et d’indemnisation mis en place par la communauté, et à peu près rien ne va :
- « Le déroulement a été des plus chaotique, avec des imprécisions et surtout des longueurs qui nécessitaient de devoir relancer régulièrement, au risque de se voir rappeler sèchement à l’ordre, parce qu’on n’était pas capable d’attendre patiemment ! Ce qui a causé de vives souffrances et manque totalement de bienveillance et de respect à notre encontre. De plus c’est manifestement la même infantilisation que celle que nous avons vécue en communauté ».
- « Les psychologues des visioconférences se présentaient parfois. Mais les magistrats et les religieux choisis sont restés inconnus.Par ailleurs, aucune réponse ne nous a été apporté sur le financement du DIAM, ni sur les moyens financiers alloués pour les réparations ».
- « Aucun bilan n’a été fourni par le DIAM, on ne sait à ce jour ni combien de personnes l’ont contacté, ni combien sont allés jusqu’au bout. Pour ce qui est de nos membres, sur six qui ont voulu commencer, deux ont abandonné très vite. Car le ton et l’incertitude d’une réelle distance d’avec la communauté les ont fait douter et ils n’ont pas voulu poursuivre en sentant que cela serait trop difficile pour eux à supporter. Deux ont quitté le dispositif après avoir reçu le « protocole d’entrée » et son exigence de confidentialité. Une s’est fait sèchement éjecter du dispositif, après une longue attente sans réponse. Une seule est allée au bout, tout en vivant très mal ce qui s’y est passé »
- « Certains parlent de s’être senti culpabilisé, méprisé, mal à l’aise au minimum. Pour certains se fut un moment pénible, avec du stress, de la pression, pour d’autres cela a été une souffrance voire carrément insupportable avec une hospitalisation pour des idées suicidaires. Certains se sont senti seuls et isolés, malgré l’accompagnement des psychologues« .
- « Par ailleurs, la communauté des Béatitudes a aussi envoyé des signes négatifs : par exemple au sujet des personnes abusées par Jacques Marin au sein de cette communauté, elle a refusé de proposer une démarche de reconnaissance et de réparation conjointement avec la mission de France »
- « A noter aussi l’utilisation de la clause de confidentialité qui a été vécue comme un véritable bâillon. Et de ce fait est devenue parfaitement abusive. Bâillonner une personne victime, c’est la maintenir en position d’infériorité, de contraintes »
- « Le bilan du DIAM des Béatitudes met en lumière un fonctionnement opaque du début à la fin, un culte du secret avec l’utilisation de clause de confidentialité, un déroulement non fluide et imprécis, qui se faisait quasiment au coup par coup, tant les délais et les errements manifestes montraient une impréparation. Nous y avons tous été maltraités »
En fin de compte après une relance des victimes des Béatitudes fin octobre, la CEF a répondu début décembre :
- « Conscient d’un besoin de clarification et d’un point d’évaluation du DIAM, Mgr de KERIMEL a chargé le Conseil National pour la Protection des Mineurs ainsi que Conseil et Conciliation – Emprise et Dérives sectaires de la Conférence des Evêques de France « de faire une enquête pour mieux comprendre les procédures mises en place par l’Association AP21, chargée par la Communauté de ce dispositif » (courrier en date du 12 novembre 2025). »
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« Dans les prochaines semaines, nous (La CEF visiblement) allons élaborer un document permettant d’objectiver les procédures de fonctionnement du DIAM, afin de pouvoir évaluer leur pertinence ».
- Des « préconisations » pourraient être adressées par la CEF aux Béatitudes au sujet du DIAM avant Noël.
