Cette année, nous fêtons le 1700è anniversaire du Concile de Nicée, qui a eu pour objet notamment la condamnation de l’arianisme et de maintenir l’unité de l’Eglise. Ce premier concile œcuménique a également promulgué le credo. L’abbé Hervé Gesland, FSSPX nous livre une belle analyse qui nous rappelle l’importance de ce concile.
Extrait ci-dessous :
Aucun acte du concile ne nous est parvenu comme tel. Mais nous avons le témoignage autorisé d’Eusèbe de Césarée et de saint Athanase qui assistèrent au concile, et par qui nous connaissons les documents principaux.
La doctrine d’Arius fut solennellement condamnée et, pour bien préciser la pensée de l’Eglise, les Pères du concile rédigèrent un symbole ou profession de foi, qui définit de manière lumineuse la divinité de Jésus-Christ.
Pour répondre aux erreurs de l’arianisme, il fallait des formulations qui ne laissent place à aucune interprétation ambiguë. Arius admettait volontiers le terme « engendré du Père », mais de façon impropre, disait- il : pour lui, le terme d’engendré était synonyme de créé, puisque la nature du Père est incommunicable. Pour affirmer l’éternité du Verbe, le concile ajouta le terme « non créé » à « engendré ».
Comme les ariens interprétaient toutes les expressions des Ecritures dans leur sens, le concile employa un mot qui empêchait toute équivoque et auquel les hérétiques et leurs complices s’opposèrent vivement : « consubstantiel » (omoousios en grec), qui signifie que le Fils est « de même substance » que le Père. A cette époque, le terme de « substance » n’était pas encore parfaitement défini. Cependant l’intention des Pères conciliaires est extrêmement claire. Le Fils a la même substance que le Père. De même qu’un homme engendre un homme, de même ce qui est engendré de Dieu est de même nature que Dieu. Le Fils est donc Dieu au sens propre, il est Dieu comme le Père, il a en commun avec le Père la plénitude de la divinité. Le Père et le Fils sont deux, mais sont un par la substance divine.
Le symbole déclare donc comme vérités de foi ces affirmations : « Nous croyons… en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, né du Père, unique engendré, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait… »
Et dans une lettre synodale adressée aux Egyptiens, le concile écrit : « A l’unanimité il a été jugé bon de frapper d’anathème l’opinion impie d’Arius, les paroles et les expressions blasphématoires dont il se servait pour blasphémer le Fils de Dieu, en disant qu’“il vient du néant”, qu’“avant d’avoir été engendré il n’était pas”, qu’“il était un temps où il n’était pas”. Tout cela, le saint concile l’a frappé d’anathème. »
Le Credo de Nicée nous montre, en même temps que le soin de la sainte Eglise pour préserver intègre la vérité révélée, comment elle s’efforce d’exprimer l’objet de la foi de façon toujours plus claire. A Nicée, pour la première fois, elle est obligée de définir précisément son dogme. Et pour ce faire, elle va chercher son vocabulaire non dans la Révélation elle-même, mais dans la philosophie. Ce symbole est la première définition dogmatique, qui oblige les fidèles à adhérer aux mots eux-mêmes en tant qu’ils définissent avec précision les vérités à croire. Par lui l’Eglise a tracé aux fidèles la règle de leur croyance et les a préservés de l’erreur ; il est la norme de ce qu’il faut croire, et devient aussitôt un gage d’orthodoxie.
Le concile débattit ensuite de questions plus pratiques et disciplinaires. Lorsque les discussions furent achevées, vers la fin du mois de juillet, les Pères conciliaires se virent offrir un banquet par l’empereur. Il congédia les évêques, en les exhortant à garder la concorde. C’est probablement à cette occasion qu’il prononça ce mot devenu célèbre pour définir le rôle qu’il s’attribuait dans l’Eglise : « Je suis l’évêque du dehors. »
Le pape Sylvestre confirma les décrets du concile : la confirmation papale était nécessaire au concile pour qu’il s’impose à la foi de l’Eglise.