Paix Liturgique revient aussi dans sa lettre consacrée au cardinal Parolin et ses ambitions à la papauté sur les résultats concrets de la diplomatie du cardinal Parolin, et notamment sur l’accord entre la Chine et le Vatican, récemment prolongé en 2024 pour quatre ans.
« Le cardinal Casaroli sous Paul VI avait inversé la stratégie conflictuelle de Pie XII contre le communisme et les autres forces anticatholiques, recourant à la stratégie de l’Ostpolitik, c’est-à-dire une collaboration pragmatique par le compromis et la conciliation. Le cardinal Parolin semble avoir fait sienne cette stratégie.
Artisan du rétablissement des relations diplomatiques en 2005 entre la Chine toujours communiste et le Vatican, le cardinal Parolin ne s’en est pas tenu là et a été l’un des principaux négociateurs de l’accord avec la Chine – secret, puisqu’il n’a pas été publié et même les cardinaux chinois ne sont pas au courant de son contenu – sur les nominations d’évêques, défini comme provisoire à sa promulgation en septembre 2018. Il a été renouvelé en 2020, 2022 et 2024« .
Avant : deux églises, une officielle et une fidèle à Rome, pour 10 millions de fidèles
Avant les accords, deux Églises existaient en parallèle, mais avec des interpénétrations nombreuses, pour 10 millions de fidèles sur 1.4 milliards d’habitants. Une Église « clandestine », dirigée par une trentaine d’évêques reconnus par Rome et composée de catholiques refusant de soumettre leur pratique religieuse à l’approbation de l’État communiste. Et une Église catholique « officielle » gérée par l’État, l’Association catholique patriotique chinoise (ACPC), dirigée par soixante-dix évêques, dont plusieurs n’étaient pas, jusqu’à fin 2018, reconnus par Rome et dont quelques-uns ont été publiquement excommuniés par le pape Benoît XVI en 2011 pour avoir reçu l’ordination épiscopale sans mandat pontifical. En théorie l’accord légalise les évêques nommés par l’état chinois, qui désormais propose les noms, Rome étant censée avoir le dernier mot.
L’accord, qui laissait de côté les fidèles les plus fidèles et surtout les évêques de l’Église clandestine, a suscité de nombreuses critiques, non seulement de la part du cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, et de simples catholiques chinois affichant fidélité à Rome, mais aussi de la part d’éminents catholiques d’Europe et des États-Unis, qui ont accusé l’Église de s’être vendue à la Chine communiste au mauvais moment. Mais le cardinal Parolin le justifiait notamment par l’intérêt des fidèles, et le grand nombre, une quarantaine alors, de diocèses sans évêques.
Pendant : Rome prête à tout pour signer, même à ignorer les fidèles et l’Eglise des catacombes
Mais le cardinal Parolin et ses proches n’ont pas ménagé les gestes en faveur de la Chine. Ainsi, en 2018 Mgr Sorondo, chancelier de l’Académie Pontificale des Sciences, de retour d’un voyage à Pékin, a déclaré que « la Chine est le pays qui met le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Église » (Vatican Insider, 2 février 2018). Rien de moins. « C’est un pays, ajoutait-il, où le « bien commun » est la valeur première ; tout y est secondaire par rapport au bien commun ! ». Propos hénaurmes qui ont suscité à l’époque un certain remous dans les opinions occidentales, mais n’ont pas dévié le cardinal Parolin de son objectif : signer à tout prix.
Les conséquences de cet accord – et notamment la relation déséquilibrée entre la Chine et le Vatican, qui conduit ce dernier à accepter des nominations d’évêques faites par la Chine sans son accord, ainsi que d’avoir légalisé plusieurs évêques nommés par le régime dont deux se sont avérés mariés, a nourri les critiques contre l’efficacité et la réalité de l’action diplomatique du cardinal Parolin. Comme le relève College of Cardinals, « pour ses détracteurs, le cardinal Parolin est un progressiste moderniste, doté d’une vision mondialiste, un pragmatique qui place l’idéologie et les solutions diplomatiques au-dessus des vérités religieuses ».
Bilan : la Chine nomme les évêques, remanie la géographie des diocèses, et Rome a reconnu l’Eglise officielle communiste
En 2024, l’accord a été prolongé pour quatre ans ; comme le relève Riposte Catholique qui en fait le bilan en octobre, « si l’objectif du Saint Siège est l’unité de l’Église chinoise et sa liberté, il faut reconnaître que six années d’accords secrets ont éloigné l’objectif plutôt que de l’en approcher. Les résultats concernant les nominations d’évêques (qui ont d’ailleurs eu lieu même sans accords secrets) ont été misérables : seuls neuf évêques ont été nommés en six ans, alors que plus de 30 diocèses restent non couverts (un tiers du total). En outre ces nominations ont donné l’impression de suivre le scénario selon lequel Pékin décide et le Vatican approuve ».
Par ailleurs, deux évêques ont été nommés par la Chine sans l’accord de Rome, qui s’est ensuite soumise. Résultat de l’accord en septembre 2024 : « 11 évêques avaient été nommés en Chine depuis la signature de l’accord provisoire en 2018 : six au cours des deux premières années, trois en janvier 2023, un en juin 2024 et un en août 2024 ».
Par ailleurs Pékin, comme jadis Bonaparte, a imposé sa géographie ecclésiastique au Saint-Siège : 104 diocèses contre 147, créant en novembre 2022 un diocèse à Jianxi et en janvier 2024 un diocèse à Weifang – le Vatican a dû se soumettre à chaque fois. De tels actes de soumissions ne peuvent avoir qu’un prix qui est tout sauf spirituel.
« A ces maigres résultats, tous déséquilibrés en faveur de Pékin, il convient d’ajouter que les accords ont abouti à la reconnaissance de facto de l’Association patriotique des catholiques chinois, qui est l’organe créé et contrôlé par le Parti Communiste et auquel appartiennent évidemment les deux évêques chinois présents ay synode sur la synodalité […] La reconnaissance de l’Association Patriotique et l’invitation à y adhérer ont eu pour effet collatéral et évident d’accroître la persécution de ceux qui refusent de se soumettre au Parti […] qui risque de s’intensifier grâce au silence du Saint-Siège, plus soucieux de maintenir de bonnes relations avec Pékin que de défendre les catholiques chinois ». Pie XII a été piétiné dans sa tombe.
En 2022 EWTN revenait dans un long article sur les accords et leur application, citant un prêtre de Hong Kong plutôt critique : « À quoi bon nommer des évêques dans chaque diocèse si ces évêques agissent contre la loi divine et le droit canon ? » a déclaré un prêtre de Hong Kong, faisant référence à l’évêque An Shuxin du diocèse de Baoding, qui aurait appelé tout le clergé à s’inscrire auprès de l’Église « patriotique » et ordonné le refus des sacrements aux catholiques locaux refusant d’accepter les membres du clergé inscrits. Pendant ce temps, a souligné le prêtre de Hong Kong, l’évêque clandestin du même diocèse, l’évêque James Su, est emprisonné depuis plus de 25 ans et le Vatican est resté totalement silencieux au sujet de son arrestation ».
Le cardinal Parolin n’écoute pas les catholiques chinois
Le cardinal Parolin n’écoute d’ailleurs que ceux qui l’arrangent – pas les catholiques chinois. EWTN cite amplement le père Bernardo Cervellera, prêtre de l’Institut pontifical pour les missions étrangères et rédacteur en chef d’ AsiaNews pendant 18 ans, qui y déclare que « les propos du cardinal Parolin sur la « bonne foi » n’étaient qu’une « manœuvre politique visant à inciter la Chine à s’engager davantage dans le dialogue avec le Saint-Siège », à l’époque au point mort après deux refus successifs de Xi Jinping de rencontrer le pape François lors d’événements internationaux ou lorsqu’il est venu à Rome en 2019.
« Le véritable problème, c’est que le Secrétaire d’État n’écoute pas les Chinois », a déclaré le père Cervellera. Un point de vue partagé par le prêtre de Hong Kong, qui a souligné que, sous le pontificat de Benoît XVI, il existait au Vatican une commission chinoise, composée d’un cardinal, d’évêques et de prêtres chinois, chargée de conseiller le pape, mais que cette commission « a cessé de se réunir sous ce pontificat ». Des personnalités comme le cardinal Zen et l’archevêque Savio Hon, ancien secrétaire de Propaganda Fidei, « ne sont plus écoutées », a-t-il ajouté ».
Israël : la situation des chrétiens (et des catholiques) ne cesse de se dégrader
La méthode Parolin a d’autres limites. La question de l’efficacité de sa diplomatie – et des progrès réels pour les catholiques – peut aussi se poser, et pas seulement en Chine. Investi dans des discussions avec Israël depuis le milieu des années 2000, il n’a abouti à rien puisque les questions centrales de la propriété et des droits fiscaux des biens du saint Siège en Israël, que le gouvernement ultra-orthodoxe conteste de plus en plus fort, restent aujourd’hui sans solution.
Quant à la situation des chrétiens, catholiques ou non, en Israël, elle ne cesse de se dégrader – 111 agressions christianophobes en Israël en 2024 contre 89 en 2023, avec de nombreux crachats et agressions physiques contre des clercs par des militants ultra-orthodoxes ; la police et la justice israéliennes, elles, regardent ailleurs – l’appui des ultra-orthodoxes à la Knesset reste indispensable au maintien de l’actuel gouvernement, engagé dans des conflits et des tensions diplomatiques avec la quasi-totalité de ses voisins, et violemment contesté à l’intérieur sur le sort des otages ou l’indépendance de la Justice.
Echecs à répétition au Venezuela; en 2021 le président Maduro critique une lettre de Parolin, « recueil de haine, de poison, de rancoeur et de cynisme »
Très investi au Venezuela lors du vivant d’Ugo Chavez, il a été invité en 2014 par son successeur, le président Nicolás Maduro, en tant que médiateur dans les pourparlers entre son gouvernement et l’opposition, alors que les violences avaient fait des dizaines de morts dans les pires troubles que le pays ait connus depuis des décennies. Les pourparlers soutenus par le Vatican en 2017 ont échoué après le retrait de l’opposition vénézuélienne.
[Visiblement, le cardinal Parolin a laissé un mauvais souvenir à Maduro, qui a qualifié en direct à la télévision en 2021 une lettre où le cardinal Parolin l’appelait au dialogue avec l’opposition de « recueil de haine, de poison, de rancoeur et de cynisme« . Il avait affirmé que cette lettre était une « foutaise« , un « désastre national« , et affirmé qu’elle arrivait comme un cheveu sur la soupe dans une réunion entre le gouvernement et des chefs d’entreprises : » alors que nous parlions tous de production, d’union pour le Venezuela, de surmonter la crise économique, un prêtre arrive, un parfait inconnu, je ne sais pas si c’est un monseigneur ou un évêque, et il lit une lettre attribuée à Pietro Parolin. »]
Au Nicaragua le président dictateur général Ortega persécute les catholiques et le cardinal Parolin se tait
Autre échec du Vatican sur la scène internationale, le Nicaragua, où la situation des catholiques ne cesse de se dégrader avec le retour du président des années 1979 à 1990, Daniel Ortega, de plus en plus opposé à l’Église catholique, bien que la moitié de la population du pays soit catholique. Évêques et prêtres arrêtés et expulsés du pays après avoir été déchus de leur nationalité, représentation diplomatique vaticane fermée en 2023, ordres religieux et universités chassés, biens de l’Église confisqués, religieuses expulsées en janvier 2025, églises attaquées, processions de la semaine Sainte interdites… la situation ne cesse de se dégrader, mais le Vatican reste étrangement silencieux, se contentant d’accueillir les religieux nicaraguais expulsés.
Comme en Chine, le cardinal Parolin paraît plus soucieux de maintenir ses accords et les gages donnés aux globalistes, plutôt que de défendre les catholiques persécutés. Il n’est pourtant pas avare de long discours creux pour défendre sa diplomatie et sa méthode. Mais comme devise, trois mots auraient suffi au cardinal Parolin : soumis au monde.
Les fidèles catholiques attendent un Pape qui ait la Foi, qu’il soit digne et respectueux du Christ et de son Eglise.
Un peu utopique votre raisonnement …. voir enfantin . @Kevin a parfaitement résumé la situation.