Le journal La Vie met en ligne les résultats d’un sondage commandé par la Fédération protestante de France (FPF) auprès de l’IFOP et réalisé auprès d’un échantillon de 700 protestants et « évangéliques ou chrétiens évangéliques ». Il fait suite à une enquête similaire de 2010 et tire plusieurs conclusions, dont la hausse du nombre des évangéliques, la baisse de la pratique religieuse et de la lecture de la Bible… sauf chez les évangéliques.
Toujours autant de protestants, mais bien plus d’évangéliques
Les effectifs restent stables – les protestants, héritiers des enclaves protestantes historiques (Cévennes, Drôme des collines, Montbéliard, sud-Alsace – aussi le terroir d’origine des Amish aujourd’hui fermement associés aux Etats-Unis, Aunis, Montauban, Gironde…), des missions du XIXe principalement aux Antilles, en Bretagne ou sur les côtes, ou évangéliques, issus ou non des diasporas et des populations itinérantes, sont toujours 2% de la population. En revanche il y a de plus en plus d’évangéliques : “désormais, 33 % des répondants se définissent comme évangéliques ou chrétiens évangéliques alors qu’ils n’étaient que 20 % en 2010. Ainsi se confirme une dynamique de croissance en provenance des milieux évangéliques“.
Néanmoins ce chiffrage est contesté puisqu’il sépare des évangéliques des tendances protestantes qui en font partie, comme l’explique la Vie : “les réponses proviennent de questionnaires auto-administrés, chacun s’autodéfinit comme évangélique (33 %), réformé (25 %), luthérien (13 %), pentecôtiste (11 %), libéral (8 %), etc. Selon cette typologie, un baptiste (7 %) ou un charismatique (5 %), comme un pentecôtiste, n’appartient pas aux effectifs évangéliques”.
Un quart des protestants ne vont jamais au culte
L’autre grande leçon du sondage est la baisse de la pratique religieuse individuelle et collective : “ainsi, les sondés étaient 34 % à lire la Bible au moins une fois par semaine en 2010, ils ne sont désormais plus que 20 %. Ils sont 33 % à déclarer ne jamais la lire contre 24 % en 2010. Concernant la pratique dominicale, ils étaient 26 % à aller au culte chaque semaine en 2010, ils ne sont plus que 21 %. Surtout, le pourcentage de ceux qui affirment ne jamais s’y rendre bondit de 10 points, passant de 16 % en 2010 à 26 % en 2024“.
… Sauf chez les évangéliques
Les évangéliques en revanche ont une pratique religieuse individuelle et collective plus importante : “les évangéliques continuent cependant de se démarquer au sein du protestantisme par leur plus forte pratique. Ils sont 39 % à lire la Bible au moins une fois par semaine contre 11 % des autres protestants, et 15 % à répondre qu’ils ne la lisent jamais contre 42 % des autres protestants. Concernant la fréquentation du culte, ils sont 36 % à s’y rendre chaque semaine quand c’est le cas de seulement 14 % des protestants non-évangéliques, et 15 % à ne jamais pousser la porte du temple contre 31 %“.
Les évangéliques refusent (un peu plus) la culture de mort
De même le divorce est patent entre protestants et évangéliques sur les valeurs sociétales, même si la majeure partie d’entre eux soutient la culture de mort : “concernant les questions sociétales, Jérôme Fourquet a souligné que 67 % de l’ensemble des protestants (76 % des protestants, 50 % des évangéliques) se déclarent favorables à une aide active à mourir. Tout en exprimant un taux d’adhésion assez élevé, les protestants sont en retrait par rapport à l’ensemble des Français, qui sont favorables à l’euthanasie à 85 %. Par ailleurs, ils sont 74 % à se montrer favorables à l’inscription de l’IVG dans la constitution (82 % des protestants, 57 % des évangéliques), ce qui est proche de la moyenne nationale de 81 %“.
72% des convertis au protestantisme viennent du catholicisme, aucun du judaïsme
Toujours d’après les réponses reçues, une part majeure des nouveaux protestants provient des déçus du catholicisme, tandis que les parts de ceux issus d’une autre religion que les trois monothéismes principaux et ceux qui n’en avaient aucune décroissent : “selon ce sondage, 72 % des nouveaux entrants dans le protestantisme sont issus du monde catholique. Ils étaient 59 % en 2010. Ils sont 2 % à venir de l’islam, comme lors de l’étude précédente, tandis qu’aucun juif n’a rejoint le protestantisme. En revanche, ils sont 4 % à déclarer qu’ils appartenaient à une « autre religion » auparavant (c’était 11 % en 2010) et 22 % à avoir été sans religion avant de se convertir, contre 28 % en 2010″.