Dans la dernière lettre aux Amis de l’Abbaye Sainte Marie de la Garde (Novembre 2024, n°48), Dom Marc Guyot, père abbé, évoque le dernier Congrès des abbés bénédictins qui a eu lieu en septembre 2024.
Bien chers amis,
En septembre dernier se tenait à Rome le Congrès des abbés bénédictins. Il réunissait cette année près de 215 supérieurs de monastères situés sur les cinq continents. J’ai eu la grâce et la joie de vivre pour la première fois ce bel événement tant monastique qu’ecclésial. Mais avant d’en révéler davantage, il sera utile de vous dire quelques mots de ladite Confédération. Qu’est-elle ? Comment décrire sa finalité ?
Répondant au désir du pape Léon XIII, les diverses congrégations bénédictines répandues à travers le monde – tout en gardant leur autonomie respective – s’associèrent en 1893 en une Confédération à la tête de laquelle se trouve un abbé primat. Celui-ci est chargé de représenter les Bénédictins auprès du Saint-Siège, d’intensifier les liens fraternels entre eux tous, de gouverner l’abbaye de Saint-Anselme – sise à Rome – et de diriger le collège universitaire bénédictin se trouvant en son sein. Pour revenir à l’intuition première du pape, disons que la Confédération a toujours eu vocation à être une véritable « alliance fraternelle » et par-là, une source de bénédictions. D’autant que l’Ordre fondé par saint Benoît compte encore aujourd’hui environ 6 000 moines, sans oublier les 12 000 moniales !
Pour ce qui est du Congrès 2024 – soit dix jours de prière et d’intenses travaux –, il a été marqué par deux événements plus particuliers.Le premier en importance, c’est l’élection le 14 septembre du nouveau primat, Dom Jeremias Schröder. Jusqu’à présent abbé président de la Congrégation de Saint-Ottilien, en Bavière, il succède à Dom Gregory Polan qui aura assuré la charge durant huit ans. En guise d’adieux, le Père Grégory nous a offert une conférence spirituelle d’excellence. S’appuyant sur la longue et passionnante tradition monastique des pères du désert, il a su développer avec profondeur et enthousiasme des thématiques aussi essentielles que l’importance de la connaissance de soi et de la patience, la connaissance approfondie des psaumes, la paternité spirituelle et l’amour fraternel. Autant de considérations qui nourrissent l’intelligence de la foi et incitent vraiment le cœur à chercher Dieu et à servir les frères avec toujours plus de zèle et de charité au quotidien.
Le second événement, plus modeste, touche de près Sainte-Marie de la Garde. L’érection en abbaye ayant eu lieu en 2021, il s’agissait maintenant de présenter une demande d’intégration à la Confédération bénédictine. Notre communauté était fort désireuse de cela, pour deux raisons faciles à deviner. D’abord, pleinement Bénédictins, il nous semblait logique d’intégrer les structures normales de l’Église catholique et, donc, la Confédération bénédictine, selon le souhait de Léon XIII. Ensuite, le lien spirituel et fraternel avec tous les Bénédictins du monde s’en verrait renforcé ; une perspective d’aide mutuelle qui compte évidemment beaucoup pour nous.
Après les discussions d’usage et le vote final, le Congrès nous a volontiers accordé cette faveur. C’est une grâce et une grande joie dont je voulais vous faire part. À travers cette bonne nouvelle, il me semble que le Seigneur a quelque chose de bien précis à nous dire. La Confédération bénédictine a été constituée pour que, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint et la conduite de l’Église, en suivant au plus près l’Évangile, la vie monastique – à l’école de saint Benoît et conformément à nos héritages propres – puisse être stimulée, encouragée, fortifiée. Si cet aspect est fondamental, c’est parce que la Règle bénédictine a toujours été un puissant facteur d’évangélisation et de civilisation à travers les siècles. En nos temps troublés, toute abbaye peut travailler à sa façon et selon son charisme à l’œuvre de christianisation des peuples. Sur la base de la prière et de la vie intérieure, de la charité effective et de l’accueil, la communauté monastique prend part à l’effort missionnaire de l’Église. Sainte-Marie de la Garde, humblement, à sa mesure mais avec audace, entend y prendre part. C’est du moins la demande confiante qu’avec vous nous adressons au Seigneur.
Fr. Marc, abbé