Le magazine Politico a publié son classement 2025 des 28 personnalités les plus influentes en Europe en 2025. Le pape François y figure, en queue de peloton des “rêveurs” (7e), et avec un titre sans équivoque sur sa perte d’influence : “le chant du cygne“.
La personnalité la plus influente du continent est le premier ministre italien Giorgia Meloni, tandis que le président français Macron ou le chancelier allemand sont absents du classement, “mis à l’écart” sous la double influence de “l’inclinaison du centre de gravité de l’Europe vers l’est” et de la “montée en puissance des populistes de droite et des ultra-nationalistes“.
L’article qui concerne le Pape est presque une sommation de proclamer son “programme progressiste” en 2025 – il s’agit évidemment du synode sur la synodalité, dont la méthode même interroge et paraît bien peu catholique et encore moins traditionnelle. Il mérite d’être cité en entier :
“A partir de janvier, le pape de 87 ans accueillera le 32e Jubilé de l’Eglise catholique , une célébration annuelle qui a lieu tous les quarts de siècle depuis 1300, année où elle a été instituée pour générer des recettes. Rome est devenue un vaste chantier à l’approche de cet événement, qui devrait attirer plus de 30 millions de touristes qui seront absous de leurs péchés s’ils visitent une série de basiliques papales situées dans la Ville éternelle.
La question majeure qui plane sur ce jubilé est de savoir si le pontife entend l’utiliser pour faire avancer son programme progressiste très controversé – ou décevoir une fois de plus ses plus ardents défenseurs.
Élu en 2013, l’ancien cardinal Jorge Bergoglio avait annoncé qu’il allait rompre avec ses prédécesseurs et pousser l’Église dans une direction progressiste . Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il fasse la une des journaux, prêchant la tolérance envers la communauté LGBTQ+ et permettant même aux athées d’ accéder au paradis . Mais le mandat du pontife a plutôt été marqué par des retours en arrière.
L’année dernière, le pape François avait provoqué une tempête en annonçant que les prêtres pourraient offrir des bénédictions aux couples de même sexe [Fiducia Supplicans], mais il avait ensuite discrètement dilué cette déclaration sous la pression des évêques africains conservateurs. En octobre, une consultation très médiatisée à l’échelle de l’Église a supprimé les thèmes progressistes de l’ordre du jour et s’est conclue non pas par un bouleversement radical mais par un engagement peu encourageant à organiser d’autres consultations [il s’agit de la conclusion des travaux de la seconde session du synode sur la synodalité]
La santé déclinante du pape exerce une pression supplémentaire sur lui pour consolider ses avancées relativement limitées. On s’attend généralement à ce que son successeur soit un modéré ou un conservateur qui cherchera activement à effacer son héritage. Les progressistes catholiques espèrent que François profitera de ce que beaucoup considèrent comme la dernière année de son pontificat pour annoncer de manière inattendue un changement radical. Certains évoquent des groupes d’étude mis en place pour examiner les droits des femmes et l’ordination sacerdotale. Les résultats sont attendus en juin 2025 ; une grande déclaration papale finale et historique pourrait bien être en vue.
Mais François pourrait bien profiter de cette date pour abandonner définitivement son programme progressiste. Les millions de pèlerins qui se rendent à Rome pour chercher le salut – et apercevoir une dernière fois le pape – pourraient bien assister à un spectacle grandiose“.