Le diocèse de Marseille rend public des faits d’abus commis par l’abbé Raymond Mélizan, figure de l’enseignement diocésain Marseillais, décédé en 2016, que plusieurs anciens élèves accusent. Quatre victimes au moins se sont fait connaître et le diocèse – au courant depuis 2018 lorsque deux victimes se sont fait connaître, voire avant, selon nos informations – rend public les faits depuis le 12 novembre dernier en diffusant aussi un appel à témoignages.
C’est le vicaire général Pierre Brunet qui précise le contexte sur le site du diocèse :
L’abbé Raymond Mélizan a enseigné dans l’institution Paul Mélizan, fondée par son père, de 1951 à 1965 ; il en fut le directeur de 1965 à 1997, lorsque l’établissement était situé rue Jean Fiolle. Il est resté présent dans le lycée jusqu’en juin 2001, date à partir de laquelle il a cessé toutes activités pastorales ou pédagogiques auprès des élèves. Il est décédé en 2016.
Je précise que les faits qui vont être exposés ici ne concernent pas les lycéens ayant étudié dans l’établissement après 2001. Néanmoins, nous avons bien conscience que cette information va provoquer de la sidération et choquer de nombreuses personnes car beaucoup de jeunes, aujourd’hui adultes, ont été accompagnés, soutenus et aidés dans leur parcours scolaire, humain et spirituel par l’abbé Raymond Mélizan et ont une grande gratitude vis-à-vis de lui.
Il rappelle les faits connus :
En 2018, j’ai reçu plusieurs témoignages crédibles d’anciens élèves qui attestaient avoir été victimes d’abus sexuels de la part de l’abbé Raymond Mélizan dans les années cinquante. Ils n’ont pas exprimé le désir que cela soit rendu public, mais seulement d’être écoutés par une autorité ecclésiale. Nous avons pris en considération leur parole, qui nous a rendus attentifs à de potentiels autres témoignages qui nous parviendraient. Dans les archives du diocèse, de l’enseignement catholique diocésain et de l’établissement, nous n’avons pas trouvé d’éléments qui auraient pu nous alerter.
Aucun autre signalement n’est parvenu à nos oreilles, jusqu’à la fin de l’année 2023, où deux nouvelles situations nous ont été rapportées.
Pour l’une d’elles, c’est l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation, mise en place par les évêques de France) qui nous a contactés : une personne s’était présentée auprès de l’Inirr comme victime d’abus sexuels de la part de l’abbé Raymond Mélizan, dans les années quatre-vingt cette fois. L’Inirr a reçu cette personne, l’a accompagnée, et, après vérifications diverses et discernement, considérant que l’abus était avéré, l’a reconnue comme victime. Cette personne, qui a depuis reçu une réparation financière, n’était pas entrée en relation avec la cellule diocésaine « Agir contre les abus » et n’avait pas non plus cherché à contacter l’archevêque : nous n’avions donc pas connaissance de cette situation.
Le 2 septembre 2024, l’Inirr nous en a informés et nous a fait savoir que, parvenue à la fin de son parcours d’accompagnement, la victime demandait à nous rencontrer. Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, et moi-même, l’avons donc reçue à la fin du mois le 28 septembre 2024 et, dans la foulée, un signalement a été fait auprès du Procureur de la République mi-octobre”, en vertu de la convention entre le diocèse et le procureur de la République.
La directrice du lycée Mélizan, Caroline Amenc, communique aussi sur le site du diocèse :
nous sommes peinés et choqués par cette nouvelle. Nous collaborons avec le diocèse et l’enseignement catholique sur cette affaire, en toute transparence, pour que la vérité puisse être dite et que les victimes, avérées ou présumées, puissent s’exprimer et se reconstruire. Après une rencontre au sein de l’établissement, un communiqué a été envoyé aux anciens élèves, aux familles actuelles, aux enseignants et aux personnels, pour les informer de la situation. Il est aussi important de souligner que tous les portraits et les noms des salles qui rendaient hommage à l’abbé Raymond Mélizan ont été retirés.
Enfin, en tant que nouveau chef d’établissement, ma mission est de faire perdurer les valeurs véhiculées par le fondateur de notre lycée, Monsieur Paul Mélizan.
Pour rappel, le quotidien la Provence avait fait en septembre 2016 l’éloge funèbre de l’abbé Raymond Mélizan :
Raymond Mélizan, fait chevalier de la Légion d’honneur par René Monory, alors président du Sénat, fut un chef d’établissement particulièrement estimé. Ordonné prêtre en 1950, après des études de lettres, Raymond Mélizan enseigna aux côtés de son père avant de prendre les rênes de l’institution. Ancrant sa vocation et son action, tout au long de sa vie, dans la tradition du catholicisme social si cher à son père, Raymond Mélizan “a fait honneur à l’église, qu’il a servie, et à l’Éducation nationale à Marseille”, souligne le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin
Mgr Pontier avait même célébré ses obsèques.
Appel à témoignages diffusé par le diocèse de Marseille
signalement au procureur de la République pour une personne décédée?
…!
Visiblement c’est dans le cadre des procédures de la CEF post CIASE
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/abus-sexuels-dans-l-eglise-un-protocole-entre-les-eveques-bretons-et-la-justice-2557524.html
En l’occurrence ce sera probablement un classement suite au décès de l’auteur.