Engagé dans la lutte contre les abus cléricaux sur mineurs, le cardinal Seán O’Malley, qui était l’archevêque de l’un des plus grands sièges de l’Église catholique américaine, est remplacé par Mgr Richard G. Henning. Depuis plusieurs années, le cardinal avait atteint l’âge de 75 ans qui l’âge en vertu duquel tout évêque doit présenter au pape la renonciation à l’exercice de sa charge, selon le canon 401 du Code de droit canonique. Cette renonciation a été acceptée le 5 août dernier par le pape François qui a simultanément nommé son successeur, comme l’indique le communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège.
Un prélat qui a connu trois papes
La situation du cardinal O’Malley est assez complexe: devenu évêque en 1984, archevêque de Boston en 2003, sous le pape Jean-Paul II, il a aussi été créé cardinal par Benoît XVI en 2006. Mais le cardinal O’Malley a aussi été impliqué dans la politique de réforme du pape François. Outre , il a aussi été membre du conseil des cardinaux, le C9, chargé d’aider le pape François dans la mise en place des réformes relatives à la gouvernance de l’Église.
Un proche du pape ? Dans le système complexe du pape François, il est assez difficile de dire qui est vraiment proche, dans la mesure où les allégeances peuvent évoluer et que le pape n’a manifestement pas l’envie de s’enfermer dans un cercle aussi étroit qu’étouffant. Si le cardinal O’Malley a pu passer pour un réformateur acquis aux réformes du pape, il est resté ferme sur les “points non négociables”, comme le refus de l’avortement dans un pays où le sujet est sensible. Si le cardinal O’Malley a défendu les droits des migrants (une prise de position que l’on retrouve aussi aux Etats-Unis chez des évêques conservateurs), on ne saurait oublier son refus de la dénaturation du mariage.
Le cardinal O’Malley a pris une certaine distance
Récemment, le cardinal O’Malley avait demandé que les œuvres de Marko Rupnik ne soient plus diffusées au nom de la “prudence pastorale”: une position qui contrastait avec celle du préfet du Dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini, qui avait estimé, quelques jours plus tôt, le 21 juin 2024, que ce retrait n’était pas “une manière de se faire proche des victimes” et, surtout, que ce n’était pas une “réponse chrétienne”.
Le remplacement du cardinal O’Malley marque-t-il une distance de la part du pape ? Ce serait exagéré. Si on lit entre les lignes les positions du cardinal, on comprend qu’à l’unisson d’une partie du corps épiscopal, la démarche du pape suscite plus de circonspection – et pas seulement à cause de l’affaire Rupnik -, ce qui est inévitable, surtout dans une période qui s’apparente à une fin de pontificat (le Conseil des cardinaux fonctionne lui-même au ralenti). Il est difficile d’affirmer que les évêques “bergogliens” lâchent le pape car il resterait encore à prouver qu’ils le seraient vraiment devenus… La continuité dans les nominations épiscopales américaines le démontre: même le pape François n’a pas été en mesure d’inverser le profil “classique” de l’épiscopat américain, fruit des deux pontificats précédents. Le remplaçant du cardinal O’Malley, Mgr Henning, apparaît même comme “modéré” et peu versé dans un progressisme épiscopal qui ne caractérise que quelques figures – isolées – de l’épiscopat des États-Unis. À travers le cas du cardinal O’Malley, faut-il voir une illustration de la situation ecclésiale américaine, voire une prémonition de la future configuration ecclésiale post-François ?
On peut conclure comme cela et ce ne serait pas compromettant de l’écrire :
“De toute façon, rien ne change dan le gouvernement suprême de l’Église catholique,. C’est la corruption qui domine ; on ne peut espérer aucun changement significatif tant que le pape François 1er s’,” accroche” à maintenir en place la camarilla jésuite avec Rupnik et Martin en tête.