L’abbé Beauvais dans le bulletin d’été du prieuré de la FSSPX de Marseille – qui dessert deux lieux de culte à Marseille même, et des chapelles à Aix, Carnoux, Alleins et les deux lieux de messe en Corse – s’intéresse au dévoiement de la notion d’obéissance. Il s’appuie dans son exposé sur des positions de l’abbé Sulmont.
“Dans l’obéissance aveugle, on demande à la volonté ce qui est du rôle de l’intelligence. On demande à la volonté dès que l’autorité a ordonné d’imposer un diktat « Tu dois obéir » sans que l’intelligence ait pu élever un jugement sur l’honnêteté, la légitimité du commandement, de sa conformité avec la foi de toujours.
On ne se préoccupe pas de savoir si ce qui est ordonné est juste, bon, honnête, catholique. L’intelligence doit se taire, c’est la volonté qui prend le pas et dit : « l’ordre étant donné, tu dois ». Et cela est dramatique, car l’intelligence dans notre nature est ce qu’il y a de plus élevé. Quand la volonté prend cette place, cela cause des drames, et dans le domaine de l’obéissance, c’est ce qu’on appelle l’obéissance aveugle.
C’est vrai que parfois l’obéissance est obscure, mais si l’on comprend les choses dans leur sens strict, l’obéissance qui ne vient que de la volonté sans la détermination antérieure de l’intelligence, est une obéissance irréfléchie et donc inconditionnelle. Or n’oublions pas que l’obéissance n’est pas une vertu théologale mais morale. L’obéissance doit donc être toujours soumise au jugement intérieur de l’intelligence, sinon elle n’est plus un acte humain, car un acte, pour être humain doit être raisonnable, c’est-à-dire faisant intervenir intelligence et volonté.
Le cardinal Journet dans une de ses œuvres écrivait : « L’obéissance ne doit jamais être aveugle, elle peut être très souvent obscure, on ne comprend pas toujours, on n’a pas envie d’obéir. L’obéissance demande d’être toujours sage, prudente donc éclairée ».
En d’autres termes, cette obéissance réclame toujours le préalable de l’intelligence. Il faut savoir par exemple au moins si le supérieur est légitime, s’il agit dans la ligne de son autorité, s’il n’y a pas hic et nunc interférence d’un ordre supérieur. « Ce n’est pas une question de vocabulaire, poursuit le cardinal Journet, c’est à nos yeux une question de vie ou de mort spirituelle, c’est une question de vie ou de mort pour le catholicisme ».
Que fait l’Église conciliaire aujourd’hui ? Elle fait de l’obéissance une vertu théologale, qui est un absolu, et qui est alors la dégénérescence de l’esprit catholique“.
L’abbé Sulmont écrivait en son temps : “quand un chrétien a la conviction qu’un ordre est injuste et que cet ordre aura pour victimes non pas seulement sa propre personne mais, une multitude d’autres chrétiens atteints dans leur foi, dans l’esprit et blessés par un grave manquement à la charité, le devoir de ce chrétien n’est pas de se plier lâchement à cet ordre mais d’y résister avec courage. Quelques soient les dommages que lui-même pourra subir : les affronts, les incompréhensions, les calomnies dont il sera l’objet »
La façade de l’ église est belle. Les orgues ont été retapées grâce aux bons soins de la FSSPX. Au dessus de l’ autel veillent deux grands anges gardiens offerts par la reine Marie Antoinette, celle que les nouveaux révolutionnaires macroniens continuent à insulter. Cet édifice construit sous Louis XlV a servi d’entrepôt jusqu’à ce que Mme Defferre le rende au culte. Le dallage malheureusement a beaucoup souffert.
Je signerais à deux mais ce bon commentaire de l’obéissance. Ce qui m’étonne le plus, c’est que cela vienne d’un courant qui a pour ennemi la liberté religieuse, et donc justement la capacité pour l’intelligence de l’homme, quitte à se tromper, de changer de religion.
Ensuite, il dit qu’il serait possible de pas obéir si ma conscience me dit « ce n’est pas catholique » mais qui dit ce qui est catholique ? Mgr Lefebvre ?Voici le point. Mais que, de part et d’autre, il faille progresser dans la maturité de l’obéissance, j’en suis convaincu.
Même “Veritatis Splendor” le dit : la Vérité c’est le Christ. Et la Vérité vous rend libres. Si vous vous séparez du Christ vous perdez votre liberté. C’est ce que signifie le refus de la liberté religieuse, Mgr Lefebvre ou pas. Maintenant, vous pouvez obéir à Tucho, Roche, Parolin et Cie, si cela vous chante …
à Reflex : je m’excuse, mais je crois que votre réflexion (ce n’est pas un jeu den mots) sur la liberté religieuse n’est pas complète. Il semble que Mgr Lefebvre avait de bonnes raisons de critiquer cette Déclaration conciliaire passablement ambigüe sur ce thème (sur d’autres aussi, on le sait). Pour comprendre la position qu’il a suivie (au moins sur le fond), on peut lire utilement ce que disent d’excellents experts, surtout depuis la mort de ce prélat (j’excepte M. Madiran à raison de son rattachement à la pensée maurassienne : cela pose quelques problèmes : je parle des idées de Maurras, pas du comportement public et privé de l’écrivain dont Madiran fut, si je me rappelle, le secrétaire particulier : ne pas confondre ce qui relève de la littérature et des comportements publics et privés dans l’époque concernée).
Ces experts se sont exprimés dans RC ou leurs articles ont été cités. Et d’ailleurs, comme pour toute réflexion (bis repetita) de cette nature, il est bon d’argumenter à charge et à décharge. Pas seulement à décharge comme vous semblez le faire ici. J’aimerais bien me tromper en vous disant “vous semblez”..