Dans le diocèse de Belfort, Christian Gras, économe du diocèse, revient dans la lettre diocésaine du mois d’avril sur la collecte du denier, qui s’établit à 966.000 euros en 2023 :
“Le Denier devrait couvrir le traitement des prêtres (actifs et aînés), l’indemnité des religieuses en mission et les salaires des laïcs du diocèse, avec toutes les charges afférentes : ce n’est plus le cas dans notre diocèse depuis de nombreuses années. À titre d’exemple, en 2022, les « frais de personnel » s’élevaient à 1 327 000 € et le Denier ne couvrait qu’à peine 72 % de ces charges. Avec la chute du Denier 2023, l’écart va se creuser davantage.
Avant la COVID, le diocèse disposait de ressources exceptionnelles tels que des legs et des dons pour combler le déficit. Depuis 2020, ce n’est plus le cas. En 2022 il manquait 361 000 € pour financer les « frais de personnel ». En analysant les résultats de la collecte 2023, nous remarquons une baisse de plus de 8% (-80 406 €) par rapport au montant collecté en 2022 et une perte de 11 % du nombre de donateurs. On observe également une forte chute du Denier traité en paroisse qui n’est que légèrement compensée par une hausse du Denier en ligne et du don
adressé directement à l’économat.”
Ces frais de personnel, de 1.3 millions d’euros, se répartissent ainsi :
- 615.000 euros (46%) pour le traitement des prêtres
- 576.000 euros (43%) pour les salaires des laïcs
- 136.000 euros (10%) pour les traitements des religieuses
Culpabiliser les catholiques, ou réduire la voilure ?
Bien que l’économe appelle à se “poser des questions fondamentales”, il préfère culpabiliser les catholiques du diocèse : “regardons, au cœur de nos vies, ce pourquoi nous sommes reconnaissants à notre Église. Qui m’a transmis la foi et qui continue à me la faire découvrir ? Qui m’accompagne aujourd’hui ? Qui m’offre, à moi et à la communauté à laquelle je me sens appartenir, la possibilité de célébrer, de recevoir les sacrements, de partager la Parole ? Que ferai-je demain, s’il n’y a plus de vie sacramentelle à proximité ? Nous avons encore la chance d’avoir, près de chez nous, les prêtres qui célèbrent, les communautés qui accueillent de plus en plus de nouveaux baptisés… En y réfléchissant, notre don au Denier, loin d’être une triste « obligation », sera une expression joyeuse d’une reconnaissance et une mise en œuvre des promesses de notre baptême”.
La présentation officielle du diocèse indique qu’il y a 65 prêtres, 15 diacres permanents, 22 laïcs en mission ecclésiale…pour 317.000 habitants, mais dans un contexte de très forte chute de la pratique; en réalité, il y a 27 prêtres actifs et 4 vicaires, dont une bonne moitié vient de l’étranger (fidei donum), indique le diocèse à la presse locale en février dernier.
En 2021 la vie diocésaine indique “60 prêtres, 15 religieuses, 12 laïcs en mission ecclésiale et 10 salariés laïcs qui oeuvrent dans notre diocèse à la transmission de la Bonne Nouvelle“. En 2017 dans ce diocèse neuf qui n’a connu que quatre évêques, et où beaucoup de lieux de culte ont été construits pour s’adapter à une très forte hausse de population liée à l’emploi industriel de masse, dans les années 1950-1970, le diocèse avait en propre 18 églises, 21 chapelles et 26 presbytères. En 2022 lorsque le diocèse recherchait son économe, il était indiqué qu’il disposait d’une équipe de cinq salariés et six bénévoles…
Pendant longtemps, la solution a été de vendre des chapelles qui n’étaient plus utilisées, comme à Sainte-Suzanne en 2013 – même si Mgr Blanchet en arrivant en 2015 avait gelé ces ventes pendant un an. L’église de Bethencourt avait ainsi été désacralisée en 2018 et transformée en logements sociaux, et combien d’autres – sur les 71 écoles confessionnelles et lieux de culte érigés entre 1945 et 1978 entre Belfort, Montbéliard et Lure (dont 2 oecuméniques, désaffectés, 1 orthodoxe et 11 protestant), 12 lieux de culte catholiques au moins étaient comptés comme désaffectés, détruits ou vendus en 2006.
Voici les résultats détaillés de la collecte du denier par paroisses et doyennés, depuis 2021 :
Combien de séminaristes pour ce diocèse ?zéro ?
Constat déjà fait en 2015 : deux prêtres ordonnés en vingt ans. Le diocèse pâtit lui même d’un problème d’origine : il a été créé au début du déclin du bassin de Belfort-Montbéliard (tant en terme d’emploi que de pratique), et depuis cela n’a jamais cessé. Aujourd’hui, la pratique est revenue quasiment au statu quo ante 1950 (pas grand chose, surtout à Montbéliard où depuis la Réforme les protestants ont toujours été majoritaires; cela dit ils ont décliné aussi).