Un peu plus de trente ans après le Catéchisme de l’Église catholique de 1992, voici un ouvrage que l’on pourrait qualifier de Catéchisme pour l’Église catholique. Les éditions Contretemps, de Renaissance catholique, viennent de publier du livre de Mgr Athanasius Schneider, Credo, Compendium de la foi catholique, dont l’édition originale a paru aux Etats-Unis (Sophia Institute Press, 2013). Nous publions ci-après :
1. 1°/ La présentation particulièrement pertinente qu’a rédigée Karen Drantière la traductrice de l’ouvrage.
2. 2°/ Et l’entretien du 25 avril 2024, réalisé par Jean-Pierre Maugendre avec Mgr Schneider pour le site de Renaissance catholique (Mgr Schneider répond aux questions de Jean-Pierre Maugendre à propos de son livre Credo, compendium de la foi catholique – Renaissance Catholique).
En tête de l’ouvrage sont reportées les approbations chaleureuses du cardinal Sarah, de Mgr Strickland, etc. Elles louent la forme classique, par questions et réponses, sa prose claire et directe, compréhensible par tous. « La valeur particulière de ce Compendium réside avant tout dans le fait que de nombreux questions et problèmes actuels (tels que le transhumanisme, le pentecôtisme, l’interdiction des rites catholiques traditionnels, le culte de la Terre Mère, les méthodes asiatiques de méditation, le sacerdoce ou le diaconat des femmes) sont clarifiés à la lumière de l’enseignement traditionnel de l’Église, offrant aux fidèles une orientation utile en ces temps de confusion » (Mgr Strickland).
En effet, non seulement c’est un catéchisme accessible à tous, mais en outre, comme Mgr Strickland le pointe justement, c’est un jalon pour la rectification d’erreurs répandues dans l’Église depuis Vatican II.
Dans l’entretien qu’il donne à Jean-Pierre Maugendre, Mgr Schneider dit à propos du Catéchisme de l’Église catholique publié par Jean-Paul II : « Le nouveau Catéchisme de l’Église catholique contient certaines formulations doctrinales ambiguës qui devraient être clarifiées à la lumière de la Tradition pérenne de l’Église. » Bref, ce Compendium peut être un jalon pour d’indispensables précisons futures.
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Credo de Mgr Athanasius Schneider : une manne du Ciel pour notre temps
Par Karen Darantière, traductrice de l’édition française de Credo.
Une réponse à un besoin urgent
Credo, Compendium de la foi catholique, de Mgr Athanasius Schneider répond à un besoin urgent de clarté dans la transmission de la foi catholique. Le Cardinal Sarah l’a déclaré avec force en octobre dernier, lors du lancement de ce livre à Rome :
« En cette période de grave crise dans l’Église, … [on entend] trop souvent des voix discordantes sortir de la bouche de beaucoup de prélats de haut rang sur des questions doctrinales et morales ; … une véritable cacophonie règne dans les enseignements des pasteurs, évêques et prêtres ; … il en résulte confusion, ambiguïté, apostasie ; … un profond désarroi et des incertitudes dévastatrices ont été inoculés dans l’âme de nombreux fidèles. »
Voilà le problème auquel le catéchisme de Mgr Schneider fournit la solution. Là où il y a confusion, il met la clarté. Au lieu de cacophonie, il fait entendre l’harmonie. On y retrouve la pureté de la foi, exempte de souillure, et l’unité de la foi, dans sa simplicité, l’unique garante de l’unité de l’Église en Dieu.
Une clarté qui dissipe les ténèbres actuelles
Cet ouvrage remarquable transmet l’enseignement traditionnel catholique en même temps qu’il répond clairement aux erreurs de notre temps, dissipant ainsi les ténèbres des dernières décennies. Voici quelques exemples de cette belle clarté :
1. sur la messe traditionnelle : à la question : « Pourquoi ce lien avec l’antiquité est-il si essentiel à la sainteté du culte juste ? » il répond : « Dieu a révélé comment Il désire être adoré : par conséquent, cette sainteté ne peut être fabriquée ou décrétée ; elle ne peut qu’être reçue humblement, protégée diligemment et transmise révérencieusement. »
2. sur l’authentique renouveau de l’Église : à la question : « Qu’ont prescrit les papes pour un authentique renouveau de l’Église ? » il répond en citant saint Pie X : « “Les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs, mais traditionalistes.” »
3. sur la communion à genoux et sur la langue (sujet qui lui tient à cœur), il écrit : «… nous croyons, adorons et nous soumettons à l’ineffable Majesté divine cachée dans la petite hostie, nous laissant nourrir par le bon Dieu comme de petits enfants, puisque c’est à Lui seul à nous donner cette nourriture surnaturelle, et nous ne pouvons ni la mériter ni nous élever à sa hauteur. »
La doctrine et la morale pérennes de l’Église, immuables en tout temps et lieu, s’accompagnent donc de réponses aux problèmes actuels, dont l’énumération complète serait fort longue, mais entre autres, on peut citer : le sacerdoce ou le diaconat féminin, l’œcuménisme, la peine de mort, l’idéologie du « genre », la diversité des religions, la liberté religieuse, la dignité humaine, l’infaillibilité pontificale, le mouvement charismatique, la Franc-maçonnerie, la pornographie et l’éducation sexuelle. Ce livre a le grand mérite de clarifier les affirmations ambiguës des documents conciliaires, comme aussi celles du Catéchisme de Jean-Paul II. Par exemple, à la question : « Le Saint-Esprit utilise-t-Il de fausses religions pour donner la grâce et le salut à l’homme ? » il répond :
« Non. Bien que Dieu puisse donner des grâces à un homme qui pratique une fausse religion compte tenu de son ignorance innocente et de sa bonne volonté sincère, de telles grâces ne seraient d’aucune façon dues à la fausse religion elle-même ou à sa médiation. Au contraire, la grâce peut être donnée à l’homme malgré son erreur, et afin de le conduire de cette erreur à la vérité de la juste foi. » (Cela clarifie Unitatis Redintegratio, 3 et le Catéchisme de l’Église catholique, 819.)
Ce que l’on trouve dans ce livre, c’est la pureté doctrinale, sans compromis avec l’esprit du monde. Nous souffrons tant de l’ambiguïté régnante, instrument diabolique pour subvertir l’Église ! La clarté que nous trouvons dans Credo est donc un don inestimable fait à notre Sainte Mère l’Église.
Comme une splendide cathédrale
Ce compendium contient un exposé clair, complet et concis de chaque article de la foi, de la morale, et du culte catholiques, sous la forme traditionnelle de questions et réponses, et compte plus de 600 citations du Magistère, des Pères et des Docteurs de l’Église. Il suit un plan classique en trois parties : la première expose ce que nous croyons, en suivant le Symbole des Apôtres (lex credendi) ; la deuxième explique les principes de l’agir moral, en suivant l’ordre des commandements (lex vivendi) ; la troisième traite de la grâce et des moyens de sanctification, surtout la prière et les sacrements (lex orandi).
L’ordre et l’harmonie de la structure font penser à une splendide cathédrale, soutenue par les piliers de la foi, de la morale, de la prière et des sacrements, et éclairée par la vérité divine qui, grâce aux questions et réponses limpides, comme la lumière traversant les rosaces, brille dans toute sa beauté.
Un catéchisme qui s’adresse à tous
Credo s’adresse à tous les catholiques universellement : à la jeunesse qui a soif de la vérité, aux parents et aux grands-parents qui veulent transmettre la foi à leurs enfants et petits-enfants, aux catéchistes qui préparent les catéchumènes à recevoir les sacrements, aux prêtres de paroisse qui veulent recommander un catéchisme solide à leurs ouailles. Ce livre est écrit dans une langue compréhensible pour ceux qui ne sont pas versés dans les questions théologiques, tout en étant précise et exacte. En effet, Mgr Schneider fait parler les Conciles, les Pères, les Docteurs, avec notamment beaucoup de citations de la Somme Théologique de saint Thomas d’Aquin, de façon que les simples fidèles puissent aisément comprendre. Les seuls prérequis sont l’amour de la saine doctrine, la volonté de mieux la connaître pour mieux l’aimer, et le désir de se prémunir, par un enseignement clair et concis, contre le déluge d’erreurs de notre temps.
Avec un cœur de pasteur qui aime ses brebis, Mgr Schneider transmet de manière simple et profonde les vérités de notre sainte foi. Lui-même, dans sa préface, dit pour qui il a composé cet ouvrage :
« Je suis obligé de répondre aux demandes de nombreux fils et filles de l’Église qui sont perplexes face à la confusion doctrinale régnant dans l’Église de notre époque. Je propose cet ouvrage, Credo: Compendium de la foi catholique, pour les fortifier dans leur foi et pour les guider vers l’enseignement immuable de l’Église. Conscient du devoir épiscopal d’être un “nourricier de la foi catholique et apostolique” … j’ai composé cet ouvrage … principalement [pour les] “petits” de Dieu … qui ont faim du pain de la droite doctrine. »
La marque de sollicitude maternelle
Ce qui me touche personnellement dans son livre, c’est qu’il l’a « dédié aux mères de tous les temps, et spécialement de notre époque, qui, même parmi les persécutions, ont transmis à leurs enfants la Foi catholique pure et immuable avec le lait et l’amour maternels. » Je pense que ces paroles s’appliquent aussi à Mgr Schneider en tant qu’évêque puisqu’il nous transmet la vérité avec amour paternel.
Touchante de même est sa dévotion envers Notre-Dame, que Mgr Schneider invoque ainsi dans sa préface : «que la Vierge Marie, Mère de Dieu et notre tendre Mère, dignement invoquée dans l’Église comme Destructrice de toutes les hérésies et Siège de la Sagesse, nous protège de son manteau maternel. » Il l’honore aussi par les titres traditionnels qui expriment ses soins maternels à notre égard :
« Marie est à la fois notre Corédemptrice, notre Médiatrice, notre Avocate et notre Mère, … parce qu’elle a coopéré à notre salut en acceptant d’être Mère du Rédempteur, en consentant à tous Ses actes rédempteurs et en offrant conjointement Sa vie à Dieu lorsqu’Il était sur la Croix, … [et] que Dieu, en nous donnant Jésus par elle, nous a donné toutes les grâces par elle. »
Clairement, la Pleine de Grâce a répondu à sa prière en l’accomplissement de cette œuvre si nécessaire.
La reconnaissance d’hommes d’Église et des fidèles
Cette œuvre accomplie pour le bien de l’Église bénéficie du soutien majeur du Cardinal Sarah, qui déclare : « la publication du livre Credo, Compendium de la foi catholique, est une initiative d’une grande importance, qui arrive à point nommé » ; et de Mgr Strickland, évêque valeureux du Texas, qui affirme : « ce m’est un honneur de m’unir aux fils et filles fidèles de l’Église qui ont déjà exprimé leur reconnaissance pour le Compendium de Mgr Schneider. » Il faut espérer que d’autres éminents prélats exprimeront également leur gratitude pour cette œuvre.
La reconnaissance la plus vive vient, cependant, de la part d’innombrables fidèles à travers le monde qui, comme des brebis bêlant, ont touché le cœur de ce bon pasteur qui par cet ouvrage répond à leur appel, en les conduisant vers les pâturages célestes. Cette reconnaissance est bien exprimée par le Dr Caterina Lorenzo-Molo, épouse et mère, qui dit :
« J’ai donné à mes enfants du lait et de l’amour, mais je n’ai pas toujours transmis tout ce qu’une mère catholique devrait transmettre. J’ai maintenant une meilleure chance pour mon dernier, ayant découvert la Tradition et ayant maintenant ce Compendium. La façon dont le livre est organisé (croire, vivre et prier) est un service rendu à nous, les “petits”, que l’auteur déclare être son public principal. On se retrouve avec un sentiment de paix (malgré la crise actuelle), et un grand désir d’être meilleur. »
En bref, Credo de Mgr Athanasius Schneider est une véritable manne du ciel pour notre temps.
Pour le commander “Credo” : https://renaissancecatholique.
Par ailleurs Mgr Schneider a répondu à une interview de Jean-Pierre Maugendre sur Renaissance Catholique.
Qu’apporte ce catéchisme par rapport au catéchisme de saint Pie X ou à celui de l’Église catholique ?
“Le nouveau Catéchisme de l’Église catholique a été publié il y a plus de trente ans et le Catéchisme de saint Pie X il y a plus de cent ans. Le nouveau Catéchisme de l’Église catholique est rédigé sous la forme d’un traité théologique et, par endroits, dans une sorte de style académique. Entre-temps, plusieurs nouveaux thèmes d’actualité sont apparus qui ne sont pas pris en compte dans ce nouveau Catéchisme de l’Église catholique, comme l’idéologie du genre, le transhumanisme, le culte rénové d’anciennes divinités païennes, comme celui de la Pachamama, etc. Certains thèmes sont également absents du catéchisme évoqué, comme la franc-maçonnerie, le phénomène du pentecôtisme et des sectes, etc.
En outre, le nouveau Catéchisme de l’Église catholique contient certaines formulations doctrinales ambiguës qui devraient être clarifiées à la lumière de la Tradition pérenne de l’Église. Il fallait également mentionner que les papes peuvent faire des déclarations ambiguës et erronées en dehors de leurs déclarations doctrinales définitives et en dehors des décisions ex-cathedra, comme cela s’est déjà produit dans l’histoire et comme c’est également, et malheureusement, le cas dans certaines déclarations et actes du pape François. Il convient également de mentionner le problème de la réforme du rite de la messe, qui contient certains éléments d’ambiguïté doctrinale au sujet du caractère sacrificiel de la messe“.
Il devient en effet urgent et vital de remédier en plénitude à l’erreur d’appréciation extravagante, impressionnante et oblitérante qui a été commise par les hommes d’Eglise présents et actifs au Concile, et qui, pour ainsi dire, y ont commis l’erreur gravement optimiste de légitimer la conception d’après laquelle il n’y a presque plus que des différences de degré ou de niveau
– entre l’Eglise catholique et les communautés chrétiennes non catholiques, d’où Unitatis redintegratio,
– entre la religion chrétienne et les religions non chrétiennes, d’où au moins la première partie de Nostra aetate,
– entre la conception catholique et la conception libérale de la liberté religieuse, d’où au moins la première partie de Dignitatis humanae,
– entre la conception catholique et la conception onusienne des aspirations de l’homme et de l’orientation du monde de ce temps, d’où Gaudium et spes.
“Enfin un Concile sans condamnations”, a-t-on scandé, avec fierté, à cette époque, mais on a oublié assez vite que le Concile Vatican II est non seulement sans condamnations, mais aussi sans définitions, et que la “décennie Vatican” (1959-1968) a débouché sur la condamnation ad intra la plus ahurissante, invraisemblable et vertigineuse de toute l’histoire de l’Eglise, dans le domaine de la liturgie.
Autre remarque : plusieurs documents importants, du Catéchisme de l’Eglise catholique à Verbum domini, en passant notamment par Veritatis splendor, Evangelium vitae, Fides et ratio, Dominus Iesus, le Compendium du Catéchisme, ont été des documents de remédiation aux erreurs d’appréciation doctrinale et d’orientation pastorale du Concile et de l’après-Concile, mais ces documents ont été assez peu promus par leurs auteurs et vraiment peu reçus par les autres clercs, d’où le caractère nécessaire du Compendium de Mgr Schneider.
Une véritable herméneutique du renouveau dans la continuité consisterait non seulement à “dédogmatiser” Dignitatis humanae, Gaudium et spes, Nostra aetate, Unitatis redintegratio, mais aussi à réhabiliter Ad gentes, Dei verbum, Lumen gentium, Sacrosancto concilium, MAIS à la lumière du Magistère pontifical de Pie XI et de Pie XII sur les questions traitées dans ces quatre autres textes du Concile, OR il est à noter que cette approche “en partie double” n’a jamais été intéressé outre mesure les clercs rénovateurs, dont Jean-Paul II et Benoît XVI.
Enfin, si ce Compendium de Mgr Schneider contient ne serait-ce qu’un paragraphe qui rappelle que, depuis le début des années 1960 et du Concile, nous sommes en présence d’une véritable idéologie, l’idéologie du dialogue, de l’inclusion, du renouveau et de l’unité, cette idéologie étant l’idéologie quasiment officielle du nouveau régime ecclésial et ayant pleinement pour effet de dénaturer ou de fragiliser la conception catholique de l’annonce, de la conversion, de la Tradition et de la vérité, merci beaucoup à Mgr Schneider et à son Compendium.