La synodalité a été abondamment commentée et même declineee à tous les niveaux de l’Église. Elle semble même être devenue un leitmotiv, comme on le voit avec cette promotion de webinaires organisés par l’Institut catholique de Paris qui décline le thème à plusieurs sauces:
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Synodalité et place des femmes dans l’Église
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Comment vivre la co-responsabilité en paroisse ?
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L’accueil des pauvretés
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Synodalité et liturgie où comment la liturgie manifeste-t-elle le visage synodal de l’Église ?
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Articuler synodalité et mission
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Diaconat permanent et synodalité
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La place des jeunes dans le processus synodal
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Conversation dans l’Esprit (et prises de décision)
Il y a aussi cet conférence dédiée à la liturgie synodale:
Qu’est-ce qui en soi manifeste le visage synodal de l’Église ? Les manières de prier ? Ou telle prière ? Ce à quoi on pourrait ironiquement rétorquer que l’usage traditionnel ad orientem traduit mieux cet aspect synodal puisque tout le monde prie dans la même direction…
L’intégralisme synodal ?
Il ne manque plus que la cuisine synodale, l’art synodal, la finance synodale ou, pour rester un peu plus sérieux, la mystique synodale, la dévotion syndicale… Il existe une spiritualité bénédictine ou une liturgie carmélitaine. Mais est-on sérieux en voulant tout embarquer sous le prisme synodal ? Naguère, dans les années 1930, au temps de l’Action catholique triomphante, on proposait de tout voir sous un mode catholique militant. Mauriac dénonçait ce travers qui voyait tout sous cet angle comme le roman… Mais cette fois-ci, c’est la synodalité qui se décline sous plusieurs moules. Faudra-t-il craindre une certaine lassitude à l’écart d’un concept qui fait figure de prurit ?
Voilà le dernier hochet à la mode ; de la nov’langue et surtout beaucoup de servilité à l’égard du gouvernement du pape “heureusement régnant”.
On pourra dire que les évêques en France n’accomplissent plus leur mission et ne font plus de l’Eglise en ce monde un signe de contradiction, surtout à une époque (le marqueur important de cette évolution est la crise sanitaire de 2920-20222) où dans nos pays la démocratie prend de plus en plus l’allure de dictature insidieuse et de plus en plus militante.
Que feront les fidèles pour éviter que l’enfer ne s’installe sur la terre ?
Il est possible que plusieurs objectifs soient poursuivis “en même temps” par les synodalistes :
– faire diversion, pour pouvoir faire en sorte que les fidèles pensent et parlent le moins possible de l’échec du Concile et de la faillite de l’après-Concile, ou pour pouvoir faire en sorte qu’ils “remontent” le moins possible des conséquences aux origines du Concile,
– actualiser la poursuite de la prise d’appui sur le Concile en tant que référentiel fondamental, mais en faisant le moins possible allusion, d’une manière affichée, assumée, explicite, manifeste, à Vatican II, c’est-à-dire à un Concile des Trente glorieuses qui est associé à une tout autre époque de l’histoire de l’Eglise et du monde,
– institutionnaliser la dynamique d’auto-dépassement du christianisme catholique contemporain, de moins en moins identitairement et théologalement catholique, et de plus en plus fraternitairement et partenarialement contemporain, pour rendre cette dynamique encore plus définitive et dominatrice qu’auparavant.
Pendant que l’on passe du temps et que l’on prend du temps pour prioriser et faire prioriser la synodalisation ou la postmodernisation de l’Eglise de François, petite-fille de l’Eglise du Concile, on risque de manquer de temps pour redécouvrir et faire redécouvrir l’Écriture, la Tradition et le Magistère pontifical antérieur, en tant que porteurs d’aliments doctrinaux et spirituels foncièrement contrariants ad extra et exigeants ad intra.
Par ailleurs, on est en droit de s’interroger sur la finalité du vocabulaire et des argumentaires à caractère synodal : s’agit-il une fois de plus, comme dans les années 1960-1970, de provoquer, quoi qu’il en coûte, une transformation des structures mentales des clercs et des laïcs ?
La contribution à la transformation des structures mentales des membres de l’Eglise du Christ ou du Peuple de Dieu fait-elle bien partie des attributions officielles des évêques ?
Mais après tout pourquoi s’étonner, au contact de cette stratégie de remodelage des consciences et des personnes, qui rappelle ce livre ?
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/18407/lexique-du-pape-francois