Reprise en 2022 par des laïcs après le départ des religieuses des Filles de Saint-Paul qui l’avaient fondé en 1949 et l’avaient tenu à trois endroits différents – le dernier déménagement date de 2014, la librairie saint Paul, dernière librairie religieuse catholique de Marseille, est en difficulté, et a lancé une collecte de fonds pour se renflouer. Le diocèse de Marseille, auquel les associés ont proposé de céder des parts, refuse quant à lui de relayer cet appel au fonds car “n’ayant pas été associé à la réflexion en amont de l’appel aux dons, le diocèse de Marseille n’est pas en capacité de garantir aux fidèles la destination et la bonne utilisation des fonds collectés“.
Les libraires s’expriment sur Actualitté : « La fréquentation, le succès et la reconnaissance sont là. Pourtant, malgré une fréquentation encourageante, notre situation n’a jamais été aussi délicate. Ces derniers mois, nous avons en effet traversé de nombreuses crises (dettes héritées, émeutes, canicule, mouvements sociaux…) et nous avons aussi accumulé un passif qui pèse lourd sur notre trésorerie et menace notre existence. » Malgré les défis posés par « les tensions économiques actuelles (électricité, transports, crise du papier, inflation…) », leur désir de compenser ce déficit grâce uniquement à leurs activités est entravé, même face à une augmentation de la fréquentation vers la fin de l’année 2023, explique-t-elle. Un paradoxe « qui nous conduit à solliciter votre soutien pour continuer cette belle aventure que nous avons commencée ensemble il y a 2 ans ».
La Provence indique que les libraires – qui à l’origine, n’étaient pas issus du secteur, ce qui leur a causé des difficultés – “contactent d’abord le diocèse de Marseille à qui ils proposent de vendre une part. Mais le refus ne se fait pas attendre : “Le diocèse n’a pas un statut de libraire”, détaille François Leroy, économe du diocèse. Pierre Bredeau, bien qu’il n’exprime aucune rancune envers le diocèse, ne cache pas son incompréhension. “On ne va pas voler les donateurs, répond le propriétaire de la librairie. C’est dommage de saper la volonté des Marseillais qui voudraient sauver leur patrimoine.” Pour lui, la cagnotte n’est qu’une petite partie de l’aide qu’il cherche à mobiliser, nécessaire au vu de l’urgence de la situation. “On n’a pas le temps d’attendre, il y a des gens dont il faut sauver le salaire”, insiste le gérant, en référence aux deux libraires qui tiennent la boutique. Pierre Bredeau espère trouver un terrain d’entente avec le diocèse de Marseille car “il n’y a pas de match, au contraire, c’est l’opposé que l’on recherche”, insiste-t-il“.
La cagnotte en ligne a permis de récolter un peu plus de 4500 euros.
Communiqué du diocèse de Marseille :
Message du père Pierre Brunet, vicaire général, et François Leroy, économe, du diocèse de Marseille
Chers frères et sœurs,
Depuis quelques jours, circule un appel à la générosité invitant à faire un don en ligne pour soutenir la librairie Saint Paul, en grande difficulté financière. Cet appel a été lancé par les entrepreneurs qui ont repris la librairie lors du départ des sœurs, en juillet 2022. Dans leur message, ils tendent aussi la main à d’éventuels futurs associés, pour leur proposer d’entrer au capital de la librairie.
Malheureusement, cet appel, lancé sans concertation préalable avec le diocèse par les propriétaires actuels de la librairie, est la triste conséquence des mauvaises conditions dans lesquelles la reprise et la gestion de la librairie ont été menées depuis deux ans et qui la conduisent aujourd’hui à être menacée de fermeture.
N’ayant pas été associé à la réflexion en amont de l’appel aux dons, le diocèse de Marseille n’est pas en capacité de garantir aux fidèles la destination et la bonne utilisation des fonds collectés. C’est pourquoi il ne peut relayer l’appel aux dons en cours.
S’il regrette de ne pouvoir soutenir l’initiative actuelle, le diocèse, profondément attaché à l’existence d’une librairie catholique dans notre ville, s’engage cependant à tout faire pour qu’un tel lieu demeure ou renaisse, dans le cadre d’un projet entrepreneurial assaini, solidifié et construit en concertation avec les acteurs ecclésiaux de notre ville.
Pierre Brunet, vicaire général
François Leroy, économe diocésain
Les librairies catholiques sont des lieux indispensables d’éveil de l’âme, d’ouverture intellectuelle et de sociabilité catholique.
Un diocèse où il y a une librairie, est un diocèse où, à mon sens, il fait bon vivre.
Il évidemment éviter toute acte illégal ou mauvaise gestion financière, mais aider sa librairie devrait être une priorité.
Ne versez plus le denier du culte. Il n’y a plus que les questions de pognon que nos évêques comprennent !!!