La Provence revient sur le cas du père Sighieri, curé d’Auriol dans le diocèse de Marseille, condamné en mai 2023 pour plusieurs agressions sur des jeunes majeurs quand il était en poste à Auriol (2003-2016); les faits avaient été révélés en 2019 par Mgr Aveline, depuis créé cardinal. La procédure canonique, qui suivait son cours, s’est achevée le 6 juin dernier par un jugement du TPCN et une assignation à résidence au presbytère de la Barasse à Marseille; or, six mois plus tard, elle n’a toujours pas été exécutée.
« Dans ce jugement paraphé par les abbés Joseph Domingo, juge délégué, Guillaume Paris et Stéphane Sciortino-Bayart, assesseurs, et que nous avons pu consulter, le Père Sighieri se voyait interdire « toute activité ou charge en contact avec des mineurs » pour une durée de dix ans, ainsi que pour cinq ans, l’exercice de « tout ministère public, de l’accompagnement spirituel ou des confessions ». Il se trouvait aussi assigné « à la résidence désignée par son ordinaire », c’est-à-dire son évêque.
« En l’occurrence, un presbytère situé dans le quartier de la Barasse, à Marseille (11e). Or, il n’en a rien été : « Sa présence à Auriol, comme si de rien n’était, sème le trouble », déplorent des habitants du village. La communication du diocèse le reconnaît : « Il a refusé l’appartement qui lui avait été assigné. »
Suspendu en janvier 2020 officiellement pour « raisons de santé » peu après la révélation des faits, l’abbé Sighieri qui officiait alors à la Capelette et Saint-Loup n’est plus censé célébrer. Mais on peut se demander, dans cet exemple type d’insoumission à l’autorité épiscopale et canonique, quel est le pouvoir d’un évêque, fusse-t-il cardinal, sur ses prêtres.
Mgr Pontier au courant
Il s’est aussi avéré que le prédécesseur de Mgr Aveline, Mgr Pontier, était au courant – mais il s’était borné, comme l’a reconnu l’actuel évêque de Marseille, à une « convocation et une admonestation » de l’abbé Sighieri, sans transmettre les faits à la justice civile ou canonique.
Une autre enquête canonique dans le diocèse d’Aix et Arles
La Provence indique par ailleurs que le TPCN enquête dans le diocèse voisin d’Aix : « au moins une autre importante enquête canonique est en cours, dans le diocèse d’Aix et Arles, cette fois. « Le TCPN est absolument débordé, des affaires lui remontent de partout en France ». Il s’agit probablement des faits évoqués au séminaire d’Aix par l’enquête de Paris-Match.
