D’Aurelio Porfiri, , éditeur et écrivain catholique italien, pour Riposte catholique:
Une annonce publiée dans le National Catholic Register le 2 mars et reprise par 1P5 nous informe que la plateforme catholique américaine appelée Church Militant cessera ses activités en avril 2024. Cela serait principalement dû à la perte d’un procès contre un prêtre, qui était été dénoncé par la plateforme comme hérétique.
J’avais déjà traité de cette plateforme dans un article pour commenter la nouvelle de la démission de son fondateur, Michael Voris, qui avait fondé cet apostolat en 2006.
Comme beaucoup le savent, la démission de Michael Voris était justifiée par des raisons morales. Voris lui-même a avoué dans une vidéo avoir fait “des choses horribles et laides” et il semblerait que certains employés de la plateforme aient rapporté avoir reçu des photos torse nu de Voris, comme le rapporte le Washington Post.
De plus, Voris lui-même avait révélé son passé homosexuel dans une vidéo d’il y a quelques années, vidéo dans laquelle il faisait également référence au fait qu’il avait abandonné ce style de vie après sa conversion. Évidemment, ce n’était pas vrai.
Church Militant a certainement fait du bien à beaucoup de gens, même si sa ligne éditoriale a certainement suscité des objections. Il s’est consacré à dénoncer le lobby gay au sein de l’Église avec son ton “noir et blanc”, ayant comme principal fléau Michael Voris qui s’est révélé plus tard encore en proie à ce comportement. Il faut certes prier pour Michael Voris et espérer qu’il puisse bientôt surmonter ses luttes intérieures, mais c’est un avertissement pour tous ceux qui s’érigent en censeurs des autres sans regarder en eux-mêmes. Vous ne pouvez donc pas signaler les mauvaises choses ? Ils peuvent et doivent être signalés, cela ne fait aucun doute. Mais cela doit être fait dans le respect des personnes qui sont en proie à des comportements erronés et sans rechercher le sensationnalisme à tout prix. Fermeté dans les principes et miséricorde pour ceux qui tombent. Certes, l’échec de Church Militant ne doit pas réjouir ceux qui ont été dénoncés pour des comportements horribles envers des mineurs : si Church Militant ne mentionne plus leurs noms, Dieu les connaît encore bien et les punira comme ils le méritent, s’ils ne décident pas d’arrêter ces comportements et de demander de l’aide pour ne pas retomber dans les pechés. Ce qui est arrivé à la plateforme n’a pas à voir avec la dénonciation de comportements illicites, mais avec un style d’apostolat qui privilégie le marketing et flirte avec les théories du complot plutôt que de rechercher le bien de tous.
Je comprends que le journalisme a ses lois mais il faut se garder de donner une image de chevalier sans tache et sans peur à moins d’être absolument sûr de ne pas avoir de zones d’ombre. Malheureusement, nous avons tous des zones d’ombre, alors essayez de formuler les bonnes plaintes mais sans vouloir exploiter le péché à des fins commerciales.
L’autre visage historique de Church Militant, Christine Niles, a démissionné en novembre, dénonçant également le comportement non professionnel de Michael Voris. Bref, ce problème était très clair pour beaucoup de gens, mais malheureusement il n’a pas empêché l’effondrement de cette plateforme.
Je crois qu’à ce stade, même parmi ceux qui n’apprécient pas un certain style de Church Militant, il faut éviter de commettre une erreur : celle de s’ériger en juges de frères en difficulté. La doctrine catholique est très claire sur certaines choses, ceux qui ont commis des erreurs savent très bien qu’ils ont commis des erreurs. En effet, je crois que nous devons beaucoup prier pour Michael Voris afin qu’il puisse résoudre ses douloureux conflits internes et retrouver la paix. Il faut également comprendre que Church Militant est composé de nombreuses bonnes personnes qui cherchent à rendre un service sincère et altruiste à l’Église.
Je crois que tout cela est un avertissement pour ceux qui sont impliqués dans le monde de l’information catholique, pour qu’ils réalisent que le but ultime est le bien des âmes et non l’excitation du public.
Cette histoire de Michael Voris est typiquement américaine contemporaine. On en trouve l’équivalent raconté par le film de Charles Laughton intitulé “la nuit du chasseur”. C’est l’histoire d’un prêcheur de là-bas, moralisateur et donneur de leçons inspirées de la Bible, qui se révèle être un voleur doublé d’un assassin. Tout le monde l’écoute avec soumission, au moins au début. Je dis américain mais nous avons eu l’équivalent dans la littérature française avec le Tartuffe de Molière qui dénonçait les faux dévots de son époque. Il suffisait d’aller sur internet pour comprendre qui était réellement ce Voris. Intrigué par la nature de ses cibles, toujours les mêmes, ce qui ne dédouane pas ces dernières de leurs responsabilités qu’elles ont d’ailleurs assumées, j’avais enquêté, trouvé, et signalé la chose à un site chrétien qui citait pieusement les dénonciations venant de Church Militant ainsi que d’un personnage français qui s’est révélé être également un imposteur. Le site en question a honnêtement mis le hola à tous ces déballages pervers. Conclusion : la prudence dans ces domaines s’impose.