L’abbé Jean-Michel Gleize, FSSPX, analyse Fiducia Supplicans :
« L’Église doit éviter de faire reposer sa pratique pastorale sur la fixité de certains schémas doctrinaux ou disciplinaires ».
1. Ce passage du numéro 25 de la toute récente Déclaration Fiducia supplicans n’est que la reprise du principe fondamental déjà énoncé par le Pape François dans l’Exhortation postsynodale Amoris laetitia. Ce principe trouve lui-même sa justification au numéro 8 de la dite Déclaration, qui fait lui-même référence au numéro 12 du Nouveau rituel, promulgué par Jean-Paul II en 1985. « Les bénédictions », est-il dit, « peuvent être considérées comme l’un des sacramentaux les plus répandus et en constante évolution. Elles conduisent en effet à saisir la présence de Dieu dans tous les événements de la vie et nous rappellent que, même dans l’usage des choses créées, l’être humain est invité à chercher Dieu, à l’aimer et à le servir fidèlement ». Les bénédictions sont « en constante évolution ». Pourquoi ? Parce qu’elles ont pour but de « faire saisir » et de « rappeler » … Faire saisir et rappeler : les bénédictions ne seraient donc qu’un langage, de purs signes, opérant ni plus ni moins qu’une prise de conscience ? Si tel est bien le cas, il est logique qu’elles s’adaptent, comme tout langage, à la mentalité de ceux auxquels elles s’adressent. Car l’essentiel, en toute pastorale, est de se faire comprendre. De là découle tout le reste.
2. Et tout d’abord, pour bénir il suffit de se mettre à l’écoute des différentes personnes « qui viennent spontanément demander une bénédiction » (n° 21). Cette demande exprime par elle-même le besoin « de la présence salvifique de Dieu dans son histoire » (n° 20). Demander une bénédiction c’est reconnaître l’Eglise « comme sacrement de salut » (ibidem), « admettre que la vie de l’Église jaillit du sein de la miséricorde de Dieu et nous aide à avancer, à mieux vivre, à répondre à la volonté du Seigneur » (ibidem). Bref, la demande traduit des convictions, mais encore ? Traduit-elle une volonté de guérison, une résolution efficace ? Exprime-t-elle le désir d’une conversion ? Le numéro 21 se contente d’évoquer, de la part de ceux qui demandent la bénédiction, « l’ouverture sincère à la transcendance, la confiance de leur cœur qui ne s’appuie pas uniquement sur leurs propres forces, leur besoin de Dieu et leur désir de sortir de l’étroitesse de ce monde refermé sur lui-même ». Et sortir du péché ? Apparemment, il n’en est pas question ici. Ce qui n’a rien de surprenant, dès lors que la bénédiction est une écoute, car, comme toute écoute, elle n’a pas à se préoccuper des résolutions efficaces. Elle survient à l’heure de l’espérance et de l’attente.
Ce teste admirable de l’Abbé Gleize est bien la preuve que les prêtres qui ont rejoint la tendance Williamson en hurlant sur tous les tons que la Fraternité St Pie X s’est ralliée à la Rome moderniste se trompent.