La Croix dresse un portrait de l’archevêque de Kinshasa, en République démocratique du Congo, le cardinal Fridolin Ambongo, 64 ans.
Créé cardinal en 2019, il intègre un an plus tard le C9, le Conseil des cardinaux qui entourent le pape François. Puis, en 2023, il est élu président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), l’organe unifiant les évêques africains.
Souvent présenté comme un papabile conservateur, l’ancien capucin pèse sur les orientations de l’Église.
Ce cardinal a pris la tête de la fronde contre la déclaration Fiducia supplicans, sur la possibilité de bénir les couples « en situation irrégulière », dont les homosexuels. Le cardinal Ambongo a lancé une consultation de l’Église africaine pour convenir d’une position commune. Trois semaines plus tard, le couperet tombait, d’un « non » ferme et presque unanime. Et l’archevêque de Kinshasa de signer : ces bénédictions « ne pourront pas se faire en Afrique sans s’exposer à des scandales ». Il a obtenu une dérogation du pape.
Sa démarche a été saluée par l’épiscopat africain. « Il a su rassembler, loue son homologue centrafricain, le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui. Il aurait pu, du haut de son poste, agir seul. Mais il a recherché l’intérêt de l’Église, pris le temps d’analyser la situation. »
Le cardinal Ambongo indique :
« L’Afrique a joué son rôle prophétique qui était d’alerter le pape François du danger. L’enjeu n’était pas seulement culturel mais se situait d’abord sur les plans biblique, doctrinal, magistériel et moral, car il y avait un danger de rupture avec l’enseignement de l’Église. Je suis heureux de le dire aujourd’hui parce que je crois que Fiducia supplicans est enterrée, on n’en parlera plus ».
« Le catholicisme décline en Occident, alors qu’elle est vivante et dynamique ailleurs. Nous ne pouvons pas nous en contenter. Nous devons aider l’Europe à redécouvrir Jésus-Christ, dans une solidarité du personnel. Nous avons des prêtres, que nous envoyons dans les diocèses européens. Nous pouvons encore améliorer cette collaboration. »
« Comment continuer à enseigner la foi catholique dans un environnement qui perd ses références ? L’évangélisation doit être notre mission première. »
« Nous prêchons l’Évangile à un peuple misérable. La foi doit aller de pair avec le relèvement de l’homme. »
« Nous avons, dans notre pays, tout ce qu’il faut pour le transformer en paradis mais nous en avons fait l’enfer sur terre. Ne pas parler, pour moi, c’est manquer à notre mission comme Église. Se taire, c’est être complice. L’Église, partout où elle se trouve, devrait avoir le courage d’indiquer le chemin ».
Il regrette en creux que certains de ses pairs européens n’élèvent pas davantage le ton face aux évolutions sociétales.