Paix Liturgique reproduit le sermon de Mgr Schneider à l’église Saint-Celse de Rome, face au château Saint-Ange, le 29 octobre dernier lors de la clôture du pélérinage Summorum Pontificum :
“Jésus-Christ, est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs ! Telle est la vérité de notre foi : Jésus-Christ, Dieu incarné et sauveur du monde, est véritablement Roi. Il a lui-même avoué cette vérité face à sa mort salvatrice sur la Croix, il l’a proclamée devant Pilate, c’est-à-dire devant les représentants du pouvoir mondial païen et incrédule de cette époque-là : « Oui, je suis Roi » (Jn 18, 37). Et avant de monter au ciel, le Christ réitéra solennellement : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18).
La Royauté de Jésus est une Royauté de vérité, de paix, d’amour, de justice. C’est le seul Royaume qui rend véritablement libre l’être humain, qui libère les hommes des diverses formes d’esclavage. Et la pire forme d’esclavage est l’esclavage du péché. Cet esclavage est le plus cruel et le plus dangereux car il enchaîne la raison des hommes à l’erreur, et la volonté des hommes au mal et, finalement, à la haine.
Chaque être humain et chaque société humaine a été créé dans le but d’accepter le Christ comme son roi. En revanche, l’homme pécheur et la société humaine et politique non croyante proclament, comme les prêtres juifs et les pharisiens devant Pilate : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jn 19, 15). Chaque personne humaine et chaque société humaine et politique devrait dire le contraire : « En définitive, nous n’avons pas d’autre roi que le Christ. » Lors de la cruelle persécution des chrétiens au Mexique par le gouvernement maçonnique dans les années 1920 et par les communistes en Espagne dans les années 1930, des milliers de catholiques et parmi eux de beaucoup d’enfants et adolescents ont accepté le martyre au cri de : « Vive le Christ Roi !
Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que : « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là « la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ » (Concile Vatican II, Dignitatis humanae, 1). […] Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaître le culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique. Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde. L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines » (CEC 2105).
Un véritable apôtre moderne de la royauté sociale et universelle du Christ fut le cardinal Louis Pie, évêque de Poitiers en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. Son magistère épiscopal a préparé le Syllabus du pape Pie IX et les enseignements papaux sur la royauté sociale du Christ au XXe siècle. Nous pouvons donc admirer les déclarations suivantes du Cardinal Pie, qui révèlent le véritable esprit des Apôtres et de l’Église de tous les temps et qui sont donc également actuelles pour notre époque : « Jésus – Christ est la pierre angulaire de tout l’édifice social. Lui de moins, tout s’ébranle, tout se divise, tout périt » (Cardinal Pie, Oeuvres, V, 333). « Mettez donc au cœur de nos contemporains, au cœur de nos hommes publics, cette conviction profonde qu’ils ne pourront rien pour le raffermissement de la patrie et de ses libertés, tant qu’ils ne lui donneront pas pour base la pierre qui a été posée par la main divine », le Christ ( ibid., VIII, 54). « Jésus-Christ, c’est la pierre angulaire de notre pays, la récapitulation de notre pays, le sommaire de notre histoire […] Jésus-Christ, c’est tout notre avenir » (ibid., X, 493). Le Cardinal Pie disait encore : « Mon frère, vous avez la conscience en paix, me dites-vous, et, tout en acceptant le programme du catholicisme libéral, vous entendez demeurer orthodoxe, attendu que vous croyez fermement à la divinité et à l’humanité de Jésus-Christ, ce qui suffit à constituer un christianisme inattaquable. Détrompez-vous. Dès le temps de saint Grégoire, il y avait « d’aucuns hérétiques » […] qui croyaient ces deux points comme vous; et leur « hérésie » consistait à ne vouloir point reconnaître au Dieu fait homme une royauté qui s’étendît à tout […]. Non, vous n’êtes point irréprochable dans votre foi; et le pape saint Grégoire, plus énergique que le Syllabus, vous inflige la note d’hérésie si vous êtes de ceux qui, se faisant un devoir d’offrir à Jésus l’encens, ne veulent point y ajouter l’or » de sa royauté publique (op. cit., VIII, p. 62 et 63).
Le cardinal Pie déclarait enfin : « La détrônation de Dieu sur terre est un crime auquel nous ne devons jamais nous résigner. Nous ne cessons de protester contre cela. » « Nous nous souvenons des dernières paroles adressées par Notre Seigneur à ses Apôtres avant de monter au Ciel » : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre, allez donc, et enseignez toutes les nations. » « Vous l’entendez, M. F., Jésus-Christ ne dit pas tous les hommes, tous les individus, mais toutes les nations. Il ne dit pas seulement: baptisez les enfants, catéchisez les adultes, mariez les époux, administrez les sacrements, enterrez les morts. Sans doute la mission qu’il leur donne comprend tout cela, mais elle comprend plus que cela; elle a un caractère public, un caractère social. »
« Jésus-Christ est Roi des peuples et des nations » (op. cit.. X, p. 258).
Alors que de nos jours des individus et des sociétés civiles entières rejettent et diffament le Christ en tant que Roi, nous sommes appelés à le confesser et à lui offrir expiation et réparation. Alors que de nos jours la vérité du Christ est niée et pervertie en son contraire, et même par certains clercs au sein de l’Église, nous sommes appelés à confesser courageusement l’ immuable vérité divine et libératrice du Christ. Déjà en 1888, le pape Léon XIII nous passa cet enseignement lucide et valide : « il est absolument illégitime de demander, de défendre ou d’accorder liberté inconditionnelle de la pensée, de la parole, de texte, ou de culte, comme s’il s’agissait d’autant de droits que la nature eût conférés à l’homme. Si vraiment la nature les eût conférés, on aurait le droit de se soustraire à la souveraineté de Dieu, et nulle loi ne pourrait modérer la liberté humaine » (Encyclique Libertas, 42).
Les paroles de Pie XII restent toujours valables et actuelles, elles sont un pur miroir des paroles des Apôtres et des Pères de l’Église : « La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut. […] Car seul le Christ est la « pierre angulaire » (Eph 2, 20), sur laquelle l’homme et la société peuvent trouver stabilité et salut. C’est sur cette pierre angulaire que l’Église est fondée, et c’est pourquoi les puissances adverses ne pourront jamais prévaloir contre elle : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas » (Mt 16, 18), ni lui ôter sa vigueur, bien au contraire, les luttes tant intérieures qu’extérieures contribuent à accroître sa force et à augmenter les couronnes de ses glorieuses victoires » (Encyclique Summi Pontificatus, 103-104).
« L’Église catholique, cité de Dieu, dont le Roi est la vérité, dont la loi est la charité, dont la mesure est l’éternité (S. Aug. Ep. 138 ad Marcellinum, c. 3, n. 17), annonçant sans erreurs ni diminutions toutes les vérités du Christ, travaillant selon l’amour du Christ avec un élan maternel, se tient comme une bienheureuse vision de paix, au-dessus du tourbillon des erreurs et des passions, attendant le moment où la main toute-puissante du Christ-Roi apaisera la tempête et bannira les esprits de dissension, qui l’ont provoquée » (Pie XII, Encyclique Summi Pontificatus, 110).
Que tous les catholiques de notre temps, commençant par le Pape jusqu’au membre le plus humble et le plus faible de l’Église, puissent travailler vigoureusement par leurs paroles, leurs œuvres, leurs prières et leurs souffrances pour l’instauration de la royauté sociale et universelle du Christ : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. Amen.
Prototype de l’évêque d’aéroport : ca lui arrive d’être dans son diocèse ?