Paix Liturgique revient sur la messe traditionnelle à Saint-Pierre de Rome, lors du pélérinage Summorum Pontificum, et à sa couverture par les principaux médias européens :
« Samedi 25 octobre, le journal télévisé de 20 h. de RAI1, la première chaîne italienne, a consacré une place notable à la procession dans les rues de Rome et à la messe célébrée à Saint-Pierre par le cardinal Burke pour le pèlerinage Summorum Pontificum. Avant et après l’événement, les grands journaux dans le monde entier (Le Monde, Le Figaro, en France, Il Tempo et tous les principaux journaux italiens, ABC en Espagne, etc.) ont relaté l’évènement jugé suffisamment important pour une telle couverture : le pape permettait qu’à nouveau la messe soit célébrée à la Basilique Vaticane.
Soyons précis : des messes basses n’ont jamais cessé d’être dites chaque jour dans les « grottes » (dans la crypte) de Saint-Pierre. Une discrète messe solennelle, sous condition d’absence de publicité, a continué à être célébrée tous les ans pour la Saint Michel. Mais la messe du pèlerinage traditionnel international Summorum Pontificum n’était plus permise depuis deux ans, ni aucune autre messe traditionnelle dans la Basilique elle-même. C’est donc un grand retour qui vient de se produire.
Le cardinal Gambetti, archiprêtre de la Basilique et les employés ont dû déployer de gros efforts pour recevoir une assistance qu’on ne prévoyait pas telle (plus de deux cents clercs, 3000 fidèles, selon le chiffre de la police), pour tenter de faire asseoir tout le monde, sans y parvenir, pour accompagner les prêtres fendant la foule pour donner la communion (imaginez à Chartres, des gendarmes escortant le Saint-Sacrement pour le protéger…) Le tout en réglant au plus juste entre d’autres messes et cérémonies jubilaires.
Léon XIV, élu par ses pairs pour faire la paix sur tous les fronts, a ainsi voulu poser un beau geste en ce sens, d’autant plus notable qu’il bénéficie en l’espèce à une cause qu’il ne connaît pas bien, mais dont il sait qu’elle soulève des réactions particulièrement vives. Le pape a été aidé par le geste non moins notable du cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, président de la Conférence des Évêques d’Italie, prélat de premier plan situable, pour le dire simplement, à la gauche ecclésiale. Matteo Zuppi a volontiers accepté d’ouvrir le pèlerinage en présidant des vêpres pontificales, le 24 octobre, à San Lorenzo in Lucina. L’église était archi-comble et le cardinal a dû sortir de l’édifice à la fin de l’office pour bénir et saluer la foule de fidèles qui n’avaient pu entrer. Et à trois reprises, au début et en fin de cérémonie, le cardinal Matteo Zuppi s’est avancé vers le cardinal Raymond Burke, accompagnateur du pèlerinage qui assistait aux vêpres, pour lui donner l’accolade.
Car de bout en bout, la participation des fidèles a été étonnamment importante. Ce fut encore le cas lors de la messe de clôture du pèlerinage, le dimanche 26 octobre, dimanche du Christ-Roi, l’église de la Trinité-des-Pèlerins n’a pu contenir les fidèles venus assister à la messe solennelle célébrée par le curé, l’abbé Brice Meissonnier, de la Fraternité Saint-Pierre. Et l’église de sainte Anne du Latran noire de monde malgré l’horaire tardif de la célébration comme ce fut le cas à Saint Jean-Baptiste des florentins le matin. Nico Spuntoni remarquant dans La Nuova Bussola Quotidiana du 27 octobre que le plus frappant pour tous les observateurs était « le très jeune âge non seulement des prêtres, mais aussi de tous les fidèles présents. »
On en fera assurément de l’événement maintes analyses. Je retiens pour ma part cette impression, j’ose le dire, de Pentecôte : ces catholiques venus du monde entier, parlant toutes les langues, anglais, italien, français, espagnol, croate, langues asiatiques, et comprenant tous, au moins spirituellement, l’unique langue latine de la liturgie immémoriale. Comme une « fusion des langues » de Pentecôte réalisée par l’usus antiquior, tout à l’inverse de la confusion des langues de Babel.
Je cite un passage du sermon du cardinal Burke : « L’Église célèbre cette année le 18e anniversaire de la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum, par lequel le pape Benoît XVI a rendu possible la célébration régulière de la messe selon cette forme utilisée depuis l’époque du pape saint Grégoire le Grand. Ayant le privilège de participer aujourd’hui au Saint Sacrifice de la messe, nous ne pouvons-nous empêcher de penser aux fidèles qui, tout au long des siècles chrétiens, ont rencontré Notre Seigneur et approfondi leur vie en Lui grâce à cette forme vénérable du rite romain. Beaucoup ont été inspirés à pratiquer une sainteté héroïque, y compris jusqu’au martyre. […] Nous remercions Dieu de ce que, par le moyen de Summorum Pontificum, toute l’Église en vient à une compréhension et à un amour toujours plus grands du grand don de la liturgie sacrée telle qu’elle nous a été transmise, dans une lignée ininterrompue, par la Tradition sacrée, par les apôtres et leurs successeurs. »
