La 8ème rencontre de Pax Liturgica a été ouverte ce vendredi matin à l’Institut Augustinianum de Rome en présence de 180 personnes inscrites. Rubén Peretó Rivas, directeur du Centre Internatinal d’Études Liturgqiues (CIEL), a prononcé le mot d’ouverture. Il a rappelé ce combat pour la messe traditionnelle et fait un éloge de plusieurs figures, comme Cristina Campo, qui s’est illustrée dans les années 60 et 70. Elle a ainsi connu l’Abbaye de Saint Anselme et les premières expérimentations liturgiques. Elle était également proche du cardinal Paul Mayer. Ces moments de confusion ont cependant été à l’origine d’une saine réaction dans l’Église, notamment de la part des fidèles. Dans ce contexte troublé pour la foi, l’abbé Barthe a parlé de l’extension de l’usus antiquior. Malgré l’impossibilité de célébrer une messe à la basilique Saint-Pierre de Rome, il sera possible de prier sur la tombe de saint Pierre. « Nous sommes persuadés que la liturgie traditionnelle sera le moteur du redressement de l’Église », a ainsi affirmé l’abbé.
La nécessaire transmission de la liturgie
Mgr Athanasius Schneider a parlé de la Tradition dans l’Église romaine qui a primauté dans l’Église. Depuis le début, l’Église romaine a été engagée pour garder sa fidélité doctrinale et liturgique à la Tradition. Comme disait le Pape Saint Étienne Ier, il ne peut y avoir d’innovation qui n’ait été transmise. Plusieurs Pères se l’Église se sont exprimés sur cette nécessaire transmission de la foi et de la liturgie. Le Pape Saint Clément Ier a parlé de la structure hiérarchique de l’Eglise: ce n’est pas nouveau et cela a été annoncé par le prophète Isaïe. Le principe de la Tradition est d’origine divine. Même à Jérusalem, l’offrande était offerte au Temple. Le Pape saint Clément Ier considère que si les chrétiens transgressent l’ordre ecclésiastique et liturgique ils peuvent y subir un jugement plus dur que celui des Juifs de l’Ancien Testament. L’Église des premiers siècles a considéré sa liturgie comme une continuité de la liturgie de l’Ancien. testament. Il a souligné l’importance de la Tradition orale, comme l’onction de l’huile ou le baptême. D’où vient la renonciation à Satan et à ses anges dans le baptême, si ce n’est de de cet enseignement ? Les premiers chrétiens savaient qu’en se taisant on gardait le caractère sacré des mystères. C’est en dehors de l’enceinte sacrée que Moïse plaça les profanes. Le kerygma se fait en public à la différence de la doctrine.
Pour saint Basile, la tradition des Apôtres est transmise par la liturgie. Pour Saint Irénée, la doctrine catholique est conforme à l’Eucharistie et l’Eucharistie établit la doctrine. Saint Vincent de Lérins estime que la règle de la piété n’admet qu’une règle: que les fils acceptent les règles de foi de leurs pères. Pour Dom Guéranger, la liturgie est la Tradition dans sa forme la plus solennelle. Pie XI rappelait que les gens sont instruits dans la foi par la liturgie. La célébration touche tout le monde. Pie XI avait même déclaré que la liturgie est un organe du magistère de l’Église. Plusieurs auteurs sont revenus sur cet aspect qui limite les innovations. Rien ne doit être changé à moins que cela ne soit un cas de nécessité. Rien ne doit être changé à moins que l’on n’en tire un grand avantage. Tel était la position de Dom Capelle, qui avait répondu au Vatican en 1949 dans un mémoire sur la réforme de la liturgie. Il avait cité Platon pour qui, à la vue de la beauté, des ailes poussent sur nos âmes.
Le refus de la corruption liturgique
Des spécialistes de la liturgie ont parlé du concept de corruption pour créer de nouveaux rites. En 1956, pourquoi fait-on des coupes et estimer que les ajouts médiévaux valent décadenc, mais pas ceux d’aujourd’hui ? Dom Gueranger remarquait que n’importe quel courant sectaire qui veut introduire des nouveautés est confronté à la liturgie. Pour Louis Bouyer, tous les progrès sains ne peuvent être effectués que par un processus organique. Un des spécialistes de la liturgie au concile Vatican II, Joannes Wagner, considérait qu’il n’y a rien de plus dangereux pour une religion que l’interférence pour la liturgie. Vatican II n’a jamais affirmé que l’autorité du Pape était absolue: il doit respecter la tradition de la foi. Même le Pape y est soumis. L’autorité de la liturgie dépend de son absence de spontanéité. Le Concile de Constance de 1414 à 1418 avait affirmé que le Pape doit conserver la Tradition de la foi et celle de la liturgie. Ce même concile avait même demandé que tout Pape nouvellement élu prononce un serment. Dans ce serment, le Pape s’engage à suivre les rites.
Dans le rite traditionnel, les affirmations de la foi ne sont pas masquées. La liturgie est la plus forte affirmation de la foi traditionnelle. Mgr Schneider a été fortement applaudi. Les papes des premiers siècles ont été prudents et ne voulaient pas modifier la liturgie. Interrogé sur le rapport à la liturgie dans les pays de l’Est et orientaux, Mgr Schneider a cité l’exemple des Vieux-croyants qui ont préféré être expulsés en Sibérie et même mourir plutôt qu’accepter l’innovation du nouveau signe de croix imposé par le patriarche Tikhon.
Un rite traditionnel défendu par des esprits divers: l’exemple de la pétition de 1971
Président de Latin Mass Society (LMS), Joseph Shaw a rappelé les antifascistes ou pacifistes qui ont signé la pétition pour la défense du patrimoine liturgique de l’Église. Mais aussi des courants artistiques, poétique ou littéraires. On peut citer Cristina Campo, Bernard Wall, etc. La messe traditionnelle a ce pouvoir de raviver les braises. Il y eut aussi des signataires non-catholiques ou non-chrétiens. Il y a des intérêts culturels ou mystiques, mais aussi une protestation contre les changements dans les cadres de vie. Certains l’ont comparé à la pollution des villes où des espaces. Ils protestaient surtout contre l’interdiction de l’ancienne messe, mais pas contre la promulgation des nouvelles. C’est dire l’influence du rite traditionnel au-delà même de la sphère catholique romaine.
À suivre…