La 9ème rencontre de Pax Liturgica s’est donc ouverte ce matin, comme Riposte catholique l’a signalé.
Un témoignage sur le développement du catholicisme traditionnel au Nigéria
Uchenna Okezie a présenté les communautés traditionnelles au Nigéria (on peut avoir un aspect sur ce développement dans Gregorius Magnus, le bulletin trimestriel de l’association The Latin Mass Society). La messe traditionnelle a été introduite en 2004. Le père Shaw en était même tombé amoureux. Il y a plus ou moins 5 lieux de culte dans ce pays africain. Presque la moitié des fidèles font partie de l’association Una Voce Nigeria. Il a rappelé aussi le travail de la Fraternité Saint-Pie X. La Fraternité Saint-Pierre a développé un centre à Umuaka, situé dans l’État d’Imo. La paroisse est non seulement un centre cultuel, mais aussi un lieu qui fait aussi du textile, qui permet d’aider les habitants. Mais l’intervenant n’a pas caché les difficultés ecclésiales : dans ce pays, on reste sensible au matérialisme et à l’argent. « Les scandales au sein de l’Église ne nous aident pas ». Il espère également bâtir un hôpital dans le village. Enfin, au nord, il y a des attaques de musulmans contre les chrétiens. Mais le pays est aussi traversé par des croyances païennes.
Jean-Pierre Maugendre souligne le maintien de la messe traditionnelle
Président de Renaissance catholique, et bien connu de nos lecteurs, Jean-Pierre Maugendre a parlé des réactions à Traditionis Custodes. Il a d’abord procédé en liminaire à la comparaison entre les deux Motu Proprio relatifs à la messe traditionnelle, Summorum Pontificum et Traditionis Custodes. Il récuse l’expression de “messe tridentine” : c’est en réalité la messe traditionnelle faite par les sédimentations successives. En 1969, l’article 7 de l’Institutio Generalis définissait notamment la messe comme une « synaxe sacrée ». Cette définition trop limitée fut critiquée. Ainsi, le Bref examen critique des cardinaux Bacci et Ottaviani, rappela la définition de la 20ème session du concile de Trente. Le pape Paul VI modifia l’article 7, mais pas le missel, qui devint donc obligatoire, mais avec une exception pour les prêtres âgés ou malades. Mais l’erreur est de faire une comparaison avec l’attitude de saint Pie V qui admit le maintien de rites ayant au moins deux siècles d’existence. Il n’y a pas eu vraiment cela dans le cadre de la réforme liturgique de 1969. Il rappelle les différentes exceptions sous Paul VI : l’indult “Agatha Christie” de 1971, motivé par une pétition signée par différents auteurs et artistes, comme la romancière anglaise, Graham Greene ou le violoniste Yehudi Menuhin. Il y eut aussi des livres, comme celui de Louis Salleron, qui énonça le caractère équivoque de la nouvelle messe. Elle pouvait être comprise dans un sens traditionnel, mais aussi, en raison de son équivocité, d’une autre manière. La revue Itinéraires publia également un numéro spécial sur le saint-sacrifice de la messe, qui rassembla les contributions du père Calmel, OP, l’abbé Dulac, etc. Il y eut aussi des prêtres à maintenir la messe traditionnelle, mais aussi la création de la Fraternité Saint-Pie X. À Campos (Brésil), avec Mgr de Castro Mayer, un diocèse maintint la messe, une exception dans l’univers catholique (NOTA de Riposte catholique: il faut aussi souligner la situation des diocèses chinois, où la messe traditionnelle fut maintenue jusque dans les années 1990).
Une résistance épiscopale à Traditionis Custodes
Certes, ces défenses ne furent pas grand-chose à l’échelle du monde catholique, mais en 1984, Rome publia un décret qui commence par observer que le problème de la célébration de la messe traditionnelle était presque résolu, mais qui accordait, sous l’autorité des évêques, la possibilité que la messe traditionnelle soit célébrée mais sous conditions fort strictes. Mais il eut tout de même peu de succès. En France, ce fut par exemple à Brest, dans le diocèse de Quimper. Il faut attendre 1988 pour attendre une libéralisation plus généreuse, certainement due aux contexte climatérique de cette année…
Enfin, le Motu Proprio de 2007 fut une vraie libération. Un évêque comme Mgr Schneider se sentit autorisé à célébrer la messe traditionnelle, ce qu’il n’osait pas vraiment faire avant. L’actuel Motu Proprio présente le missel réformé comme la seule expression de la Lex orandi de la messe romaine. Les prêtres ne peuvent donc plus célébrer la messe traditionnelle, mais doivent en demander l’autorisation à Rome. Les réactions ont été très différentes contrairement à 1969. Il y eut des déclarations. Mgr Schneider avait anticipé dès le 25 juin ce texte où il y voit un abus de pouvoir. Le 22 juillet 2021, le cardinal Burke rappelle que la plenitudo potestatis n’est pas un pouvoir absolu. Le pape est dépositaire au nom du Christ. Mgr Mutsaerts, des Pays-Bas, a rappelé que “la liturgie n’est pas un jouet des papes, mais un héritage de l’Église. L’Ancienne Messe n’est pas une question de nostalgie ou de goût. Le Pape devrait être le gardien de la Tradition ; le Pape est le jardinier, pas le fabricant.” Dans les paroisses, Mgr Ginoux a souligné que Traditionis Custodes a scandalisé les fidèles qui n’étaient pas fixes. Le cardinal Sandoval, archevêque de Guadaljara au Mexique, a récemment demandé au pape de ne pas interdire la messe traditionnelle. Il a rappelé les récentes célébrations, comme celle de Mgr Dominique Rey qui a célébré la messe traditionnelle le 6 octobre au sanctuaire de la Sainte-Baume.
Un certain nombre d’actes rappellent donc que cette volonté de réduction drastique du missel traditionnel ne se passe pas dans le silence à la différence de ce qui a eu lieu en 1969 : elle rencontre une vive opposition malgré certaines difficultés. En effet, dans les diocèses et les mariages, les baptêmes et les mariages ne sont plus célébrés selon les rites traditionnels. On est tenu de baptiser selon les lieux autorités. Enfin, la confirmation selon le rite traditionnel est également interdite dans certains diocèses. On assiste aussi à l’expulsion de la FSSP : en septembre 2022 de Grenoble, en septembre 2024 de Quimper, non sans commencer par faire l’éloge de la Fraternité Saint-Pierre… Mais on constate aussi le remplacement par des prêtres itinérants et au renvoi à la pastorale locale.
Des réflexions sur la comparaison entre la situation actuelle et celle de 1969
Enfin, Jean-Pierre Maugendre livre quelques réflexions. Les réformes de 1969 ont été lancées dans l’euphorie du concile. « Le printemps annoncé n’est jamais arrivé », pour reprendre l’expression du titre d’un ouvrage de Mgr Schneider qui sera bientôt publié. Or les fruits sont amers : baisse de la foi, des vocations, etc. La situation, psychologiquement, est pourtant bien différente aujourd’hui. Ce que l’on présentait comme une réserve de vieillards est démenti: c’est la jeunesse que l’on voit dans les pèlerinages où l’on retrouve beaucoup de convertis. On voit une jeunesse motivée : exigence, cohérence, transcendance. Ce qui a été présente comme une motivation pastorale touche à la foi. Or ce n’est pas tout à fait cela : ainsi, le cardinal Roche dit que c’est une autre foi. Enfin, les perspectives ne sont plus les mêmes. On était pessimistes dans les années 1970. Or ce n’est plus le cas aujourd’hui. La question n’est plus de savoir si elle restaurée : il s’agit de savoir quand elle sera restaurée. Il conclut en soulignant que notre résistance n’est pas une révolte qui est un appel au père commun.
En France, il y aurait 100 000 fidèles qui assisteraient à la célébration de messes traditionnelles avec des situations contrastées. Dans le diocèse de Versailles (Yvelines), on pense que 10 à 15% des fidèles vont à la messe traditionnelle. En revanche, il n’y pas eu de nouveaux lieux de messe, mais juste la sortie publique de lieux plus ou moins discrets. Christian Marquant a même rappelé qu’il existe des diocèses où il n’y même aucun prêtres à célébrer la messe traditionnelle. Il y a des diocèses où il n’y qu’un seul lieu dédié à la messe traditionnelle. Mais le peuple hostile à la messe traditionnelle est en réalité faible. «Même dans les paroisses modernes, il n’y pas de fidèles à s’opposer à la messe traditionnelle », comme l’a souligné Christian Marquant, président de Paix Liturgique.
Témoignage du cardinal Müller sur le Christ et l’Église
Le cardinal Müller a rappelé l’origine divine de l’Église, qui commence avec la confession de Pierre au Christ. Il a rappelé les fondements de notre foi. Au 16ème siècle, Pascal mettait en cause les Jésuites pour leur laxisme. La plénitude de la grâce n’est donnée que dans le Christ. Les évêques devraient se souvenir de l’apôtre Paul. L’Évangile annoncé par moi n’est pas celui de l’homme (Mea doctrina non est mea). Les évêques, avec le pape à leur tête, ne reçoivent aucune révélation nouvelle. Le cardinal a parlé du danger d’une doctrine d’un Dieu panthéiste que Marx a ensuite réinterprétée avec ce matérialisme absolu, où l’homme ne trouve pas son but en Dieu, mais dans le paradis terrestre qui est en fait l’enfer. La nouveauté est venue en Christ et personne d’autre que Lui ne peut apporter la nouveauté. Le pape ne peut déléguer sa juridiction aux laïcs. L’autre idée serait celle selon laquelle le pape peut transmettre un enseignement nouveau. Ainsi, l’actuel préfet du Dicastère pour la foi avait récemment souligné que le pape n’a rien décidé sur le sacrement de l’ordre. Or l’enseignement de l’Église est clair. On ne peut séparer le diaconat des autres éléments du sacrement de l’ordre. C’est un sacrement inséparable dans ses trois degrés. Le cardinal a également abordé les controverses sur l’Église synodale. L’Église n’est pas un parlement où une assemblée pourrait décider de choses sur lesquelles elle n’a pas le pouvoir.
L’évêque n’est pas seulement nommé : il est ordonné. Le pape a la primauté, mais l’évêque doit être ordonné. Ainsi, si un pape élu n’est pas évêque, il doit être immédiatement ordonné. Le christ n’annonce pas que la vérité : il est la vérité. Annonçons-le aussi en actes. Le cardinal a cité saint Paul qui rappelle, dans sa première lettre aux Corinthiens, que le Christ est scandale pour les Juifs et folie pour les païens.
À suivre…