La rencontre de Pax Liturgica s’est poursuivie ce vendredi après-midi. Jean Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique, a parlé des différentes résistances à la crise de l’Église: il y eut le rôle de Mgr Castro Mayer au Brésil, mais aussi de Mgr Lefebvre en France et en Europe ou même les 6000 prêtres pétitionnaires de saint Antoine Marie Claret. Mais cette pétition sacerdotale n’eut pas de suite. Les difficultés étaient beaucoup plus fortes malgré les bonnes volontés. Et en un sens, la situation de crise est différente de celle des années 1970.
Pour autant, cette contestation au nom de la foi n’a pas été révolutionnaire et irrespectueuse. Athanase est excommunié par Libère mais il reste un fils de l’Église. Dans ces années de crise, il faut noter la volonté délibérée des autorités ecclésiales de mettre fin à la messe traditionnelle. L’indult de 1971 est en fait dû aux bonnes relations personnelles entre Paul VI et le cardinal Heenan; le Pape appréciait l’archevêque de Westminster avec lequel il avait de forts liens. Il n’est pas exagéré de dire que Paul VI a voulu la disparition de l’ancien rite : ainsi, d’autres évêques n’ont pas eu la même chance que les évêques anglais.
Effondrement général de la foi dans les sociétés et dans l’Église
Jean-Pierre Maugendre a abordé le rôle des nouveaux médias dans le combat traditionnel. Il est d’abord revenu sur l’effondrement de la foi, de la pratique et de la morale dans les pays européens. Même chez les pratiquants qui ne sont que 3% à pratiquer en France, on est 43% à ne pas croire en la résurrection. Mais cette faible adhésion au principes de constatent aussi chez des peuples ou la crise de l’Église a été moindre. On le voit dans la faible natalité de pays comme la Pologne, pourtant plus pratiquante que la France. Mais malgré l’effondrement de la foi, on veut continuer. Un aspect doit être noté par rapport à il y a cinquante ans: les interrogations et les résistances sont publiques et cette fois-ci, on ne se range plus comme un seul homme derrière la décision de l’autorité. Il y a 50 ans, quasiment tout le monde obéissait. « Peut-être avons nous lentement fait fausse route », écrivait dans les années 1970 l’historien Paul Vigneron. Mais l’interrogation ne déboucha que pas sur une contestation générale et ne se limita qu’à des cénacles trop restreints.
On constate ainsi une aspiration à la beauté et à la transcendance que l’on retrouve chez ceux qui ont découvert la messe traditionnelle. Les choses valent ce qu’elles coûtent: une religion sans exigence ne vaut pas l’intérêt. Enfin, il y a aussi un besoin de cohérence constaté chez les fidèles qui découvrent le rite traditionnel.
Un univers traditionnel qui répond exigeante
Jean-Pierre Maugendre a fait un parallèle avec les médias classiques. Pour que les médias jouent un rôle, il faut un public, des moyens et des talents. Or justement, les nouveaux médias au service de la foi et de la Traditon répondent à ces critères.
Un public. On l’a vu pour le pèlerinage avec 15 000 inscrits au dernier pèlerinage de Chartres mais aussi dans les écoles hors contrat. En décembre 1980, une enquête américaine rappelait que plus de 75% de fidèles veulent la messe traditionnelle: ils ne sont représentés par personne. Mais il y a un moment où l’offre et la demande se croisent et le réel s’impose.
Les moyens matériels. Il y a essentiellement deux éléments : les pouvoirs publics, qui détiennent un grand nombre de médias, mais aussi les groupes privés. Patrick Le Lay disait que sa chaîne appuie Coca Cola. Mais le fait nouveau est Internet qui a fait baiser les coûts. Il a permis à l’offre traditionnelle de mieux se faire connaître et de se diffuser. C’est bien cet espace qui a joué une file, surtout ces dernières années.
Les talents, enfin. Rappelons que l’Église a le talent d’utiliser les médias depuis longtemps: saint François de Sales qui évangélisa le Chablais ou saint Maximilien Koble avec les Niepokalanów. Des plumes traditionnelles ont écrit dans Aurore, Carrefour ou même dans Le Monde. Cépendant, le système a même fait sortir des noms traditionnels. Ces dernières décennies, il s’est opéré un retour au réel avec différents titres. Comme dans Valeurs actuelles avec une rubrique religieuse animée par le Père Danziec, où dans les tribunes du Figaro avec Jean-Marie Guénois ou Rémi Brague. Le groupe Bolloré a permis à des talents de se développer avec différents médias et supports : JDD, mais aussi les émissions de type « En quête d’esprit » au sein de Cnews, etc. Même Paris Match a permis au cardinal Sarah de s’exprimer. Le numéro a été un succès avec 110 000 ventes, alors qu’il avait soulevé la fronde de la rédaction.
Le développement des blogs et des sites catholiques traditionnels
Il existe un foisonnement de blogs et de sites. On peut citer la chaîne EWTN avec 230 millions de téléspectateurs. Il a cité des sites comme The Pillar, le site de Sandro Magister, le Salon Beige, le site de Renaissance catholique ou même TV Liberté. Le combat est plus favorable qu’il y a 50 ans. « Nous défendons la vérité, mais la vérité finit toujours par sortir. » Pour reprendre Esope, Internet est comme la langue: il y a la pire et la meilleure des choses.
Sur ces médias catholiques, il y a un amour ardent de la vérité et des âmes. Une auditrice a certes rappelé que les meilleurs des blogs ne permettait pas l’approfondissement de la foi : il faut renvoyer les gens vers les livres et même les sites les plus classiques n’ont pas cette faculté. Jean-Pierre Maugendre a rappelé que la lecture est une nécessité. Le savoir est un fruit dont la racine est amère. Il a rappelé la responsabilité des parents: si les parents ne lisent pas, les enfants ont encore moins de chance de lire.
Le témoignage du Père João Silveira
Le Père João Silveira, jeune prêtre ordonné par Mgr Schneider, a parlé de son expérience missionnaire de prêtre en Afrique. Il a relevé le défi d’aller en Angola. Cette mission a été un succès avec la réceptivité de l’évêque pour la messe traditionnelle. Peu importe que la messe dure deux ou trois heures, car là-bas, les gens ne sont pas accaparés par autre chose. Il a parlé de l’attrait pour le rite traditionnel, lequel ne rebute pas les fidèles et qui n’apparaît pas comme la messe des européens. Le père Silveira a sillonné le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie. Ainsi, au Rwanda, il n’y a pas de messe traditionnelle, mais l’accueil a été bienveillant. En janvier 2023, João Silveira est revenu en Angola pour constater les fruits.
À suivre…