Paix Liturgique publie une lettre sur la messe traditionnelle de Gap, dans les Hautes-Alpes, actuellement assurée par un prêtre diocésain, et qui aurait du être reprise par la FSSP… sauf que l’évêque, Mgr Malle, qui avait pourtant annoncé cette solution aux fidèles, aurait repris sa parole, plongeant toute une communauté dans l’incertitude – et des fidèles à plus de cinquante kilomètres à la ronde, jusqu’aux confins de l’Isère et de la Drôme.
“À ce jour, les fidèles traditionnels de Gap, dans les Hautes-Alpes, disposent d’une messe selon l’usus antiquior, le dimanche à 10h dans une église, Saint-André des Cordeliers, qui jouxte la maison diocésaine et une école privée, et se trouve près d’un carrefour important et de la gare, à l’est de la ville historique.
Mais cette messe va-t-elle disparaître ? Le desservant depuis quinze ans va prendre sa retraite, sans que cela ait été anticipé par l’évêque, Mgr Malle. En fait, la FSSP devait prendre la suite du desservant actuel et assurait déjà l’intérim tous les étés, le tout avec l’accord de l’évêque. Mais voilà que, faisant volte-face, vraisemblablement sur ans pressions extérieures, l’évêque a proposé d’appliquer le classique programme de « retour » progressif des traditionnels vers la nouvelle liturgie. Devant la réaction des fidèles, il a reculé, mais veut maintenant nommer un prêtre bi-ritualiste. Dont il ne dispose pas.
Nous avons posé quelques questions à Nazaire Celse, un traditionnel gapençais parmi d’autres qui s’inquiète vivement au sujet de l’avenir.
Paix Liturgique : De quand date l’établissement de la communauté traditionnelle des fidèles à Gap ?
Nazaire Celse : De mémoire, elle était desservie depuis de nombreuses années, d’abord par les Chanoines de la Mère de Dieu installés par Mgr Lagrange. Mgr Di Falco a confirmé leur service jusqu’à leur départ pour l’Abbaye de Lagrasse. Puis le Père Pecha, ancien moine attaché au rite traditionnel, mais intégré au diocèse, a pris leur succession jusqu’à ce jour.
Paix Liturgique : Est-ce une communauté vivante ?
Nazaire Celse : Dans le diocèse de Gap, un diocèse, qui n’est pas loin de la mort clinique, elle est bien vivante, riche de familles avec des enfants, avec une moyenne de 50 fidèles en hiver et souvent plus d’une centaine durant les périodes de vacances.
Paix Liturgique : quel est aujourd’hui le problème ?
Nazaire Celse : Le Père Pecha, qui dessert la communauté depuis 15 ans, prend sa retraite en ce mois de septembre, car il a des soucis de santé et a besoin de repos.
Paix Liturgique : sa succession était pourtant assurée, la paix liturgique devait continuer de régner à Gap ?
Nazaire Celse : Pour préparer sa succession, depuis trois ans, des prêtres de la Fraternité Saint Pierre, avec l’accord de Mgr Xavier Malle et très bien accueillis par lui, ont assuré les services religieux pendant les congés d’été. Cette solution convenait à tous et se déroulait paisiblement.
Paix Liturgique : Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu…
Nazaire Celse : Exact. Au printemps 2023, Mgr Malle a décidé d’abandonner cette succession bien préparée, pour la remplacer par un programme classique de « retour » progressif des traditionnels vers la nouvelle liturgie : messes dominicales (à 18h00 !), desservies par trois prêtres diocésains, se relayant sur trois dimanches, deux de ces messes étant en forme extraordinaire, la troisième selon le Novus Ordo en latin. Rien de prévu le quatrième dimanche.
Un programme clairement destiné à enterrer la messe traditionnelle à Gap !
Paix Liturgique : il semble en effet que c’est un recul majeur par rapport à l’horaire (10h) et la régularité dont bénéficient les fidèles aujourd’hui, mise au pain sec du nouvel ordo une fois par mois, et le dernier dimanche au jeûne intégral.
Nazaire Celse : Effectivement !
Paix Liturgique : quelle a été la réaction des fidèles ?
Nazaire Celse : Ils étaient très, très fâchés. Mi-juin, lors d’une rencontre avec la Communauté, Mgr Malle a abandonné ce projet sur l’avis unanime des fidèles, qui, s’estimant floués, ont demandé la pérennisation de la situation actuelle.
Paix Liturgique : qu’a fait Mgr Malle ?
Nazaire Celse : Notre demande de respecter les engagements prévus a été ignorée par lui. Début juillet, à l’issue d’un rencontre difficile, il a rejeté une nouvelle fois cette demande, lui préférant, pour l’avenir, la recherche d’un prêtre diocésain bi-ritualiste. Un projet en forme de perle rare qui reste à trouver.
Paix Liturgique : l’évêché de Gap a pourtant bien d’autres soucis à régler, notamment sur le plan financier, non ?
Nazaire Celse : avant Mgr Malle, le diocèse a vécu plusieurs années très au-dessus de ses moyens et cette situation pèse toujours sur les budgets du diocèse. Riposte Catholique avait abordé en avril dernier le sujet de la vente de la résidence épiscopale, en ville, pour 1.6 millions d’euros afin de continuer à assainir les comptes : « le diocèse avait un déficit de 208.135 euros en 2019 et un excédent de 225.000 euros en 2020. Il y avait 7.8 millions d’euros de dettes en 2019 et 8 millions d’euros en 2020, dont près de 3.9 millions d’autres dettes. En 2021 l’exercice est à nouveau déficitaire (-237.021 euros). Il y a 9.6 millions d’euros de dettes, dont 2.1 auprès d’établissements de crédit, en légère baisse, et 5.3 millions d’euros en “emprunts et dettes financières diverses ».
Paix Liturgique : problèmes financiers qui perdurent mais n’empêchent pas certaines dépenses qui peuvent paraître somptuaires.
Nazaire Celse : C’est vrai. Le diocèse a communiqué fin juin sur sa trajectoire financière et confirmé que malgré le redressement des comptes, le déficit sera toujours de mise en 2023. Riposte Catholique a commenté en août cette publication en pointant quelques dépenses certainement évitables, comme la « lettre pastorale Mission Altitudes, [qui] a coûté au bas mot 7700 euros, avec des dépenses qui auraient certainement pu être évitées – d’autant que le diocèse dispose de locaux, “location de salles, frais de déplacement, graphistes, impression de lettres, synthèses, signets de prière, affiches” pour un texte de 54 pages que voici. Soit 143 euros par page ».
Paix Liturgique : une lettre pastorale à 143 euros la page dans un diocèse déficitaire depuis des années qui se serre la ceinture, sans blague ?
Nazaire Celse : Certes, mais elle a été préfacée par l’évêque de Marseille Mgr Aveline, aujourd’hui cardinal. La visibilité, ça n’a pas de prix…
Paix Liturgique : quelle est la réaction parmi les fidèles quant à l’attitude de Mgr Malle sur le sujet ?
Nazaire Celse : Pour la communauté, toutes ces décisions compromettent l’espoir d’une vie spirituelle stable, accompagnée d’un pasteur dévoué à ses brebis, comme cela avait été accordé.
La nouvelle orientation de Mgr Malle a jeté le désarroi parmi les fidèles. Les fidèles comprennent qu’il voudrait procéder à une « normalisation liturgique » de leur pratique rituelle, et/ou de les contraindre à s’habituer à rejoindre des paroisses, par ailleurs vieillissantes et mourantes.
Paix Liturgique : cette attitude semble d’autant plus incompréhensible que, comme la montre la liberté laissée par Mgr Malle pour remplacer actuellement l’abbé Pêcha qui est au repos, il n’a aucune autre solution ?
Nazaire Celse : En effet. Pour l’heure, pour permettre à l’Abbé Pêcha de prendre du repos, du 4 septembre au 14 octobre, la communauté doit passer cinq dimanches sans messe. Saisie de cette vacance, Mgr Malle, faute de remplaçant comme les années précédentes a autorisé la Communauté à recherche des officiants.
Paix Liturgique : et vous avez trouvé ?
Nazaire Celse : Le père abbé du Baroux dès le premier dimanche de cette période de vacance – il nous a fait une homélie magnifique, puis l’abbé Benoît Paul Joseph, supérieur du district français de la FSSP mais aussi le chanoine Amadieu de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ; une aide qui pourrait donner à notre évêque l’idée de solliciter chacune à son tour l’ensemble des communautés traditionnelles ou tout simplement de nous permettre de continuer à rechercher nous-même les futurs célébrants
Paix Liturgique : la situation actuelle suscite beaucoup de questions chez les fidèles ?
Nazaire Celse : Changer d’avis, après trois années de préparation, une solution cohérente et paisible, précipite dans l’incertitude une communauté qui vivait paisiblement dans l’Eglise. Une fois de plus se posent pour des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle les même terribles questions : Nos pasteurs nous aiment-ils ? Veulent-ils notre mort ? Un choix apparement impossible au moment ou le pape François affirme devant des centaines de milliers de jeunes que l’Eglise est ouverte à TOUS … JE L’ENTENDS LEUR FAIRE REPETER “TODOS” “TODOS” “TODOS” “TODOS” …
Ne pas oublier que sur la paroisse de Gap centre est desservie par la communauté St Martin qui doit voir d’un mauvais œil la concurrence d’une messe tridentine dominicale.
“l’Eglise est ouverte à TOUS”
Mais pas à sa liturgie traditionnelle.
Ce qui signifie incontestablement qu’il y aurait deux Eglises.
Cela s’appelle un schisme et c’est très grave. car c’est une infidélité à Jésus Christ.
Et par définition les schismatiques sont ceux qui s’éloignent de ce qui existait.
“L’Eglise est ouverte à tous”… sauf aux catholiques traditionnalistes.
C’est un constat que le « tous tous tous » de Bergoglio est une trompette qui sonne faux !
La personne que vous avez interviewée, a sans doute oublié de dire qu’au départ des chanoines de la Mère de Dieu et de l’arrivée du Père Pechat l’évêque de l’époque avait décidé que le traitement du prêtre desservant la communauté serait pris en charge par le diocèse, ce qui n’était pas le cas auparavant, et avait accordé l’autorisation pour que la messe soit célébrée dans une église du centre ville.
Une vérification sur le site du diocèse et de la paroisse de la cathédrale de Gap permet de préciser les choses suivantes :
1° la messe selon l’usus antiquior était quotidienne à Gap, pas seulement hebdomadaire.
2° Le père PECHA était le chancelier du diocèse et donc au service de tous les prêtres du diocèse y compris ceux de la communauté St Martin. Ne créez pas une difficulté là où il n’y en avait pas. Egalement au service de tous les laïcs (archives, orientation des demandes de nullité, …etc.)
3° Les photos montrent que le père PECHA concélébrait avec l’Evêque au moins lors de la messe chrismale, des fêtes de la Vierge à ND du Laus, aux ordinations…etc. C’est très probablement là le point qui pose problème pour son remplacement par un membre de la FSSP.