Le 15 juillet, le pape a entériné la nomination unilatérale par Pékin de Mgr Shen Bin comme nouvel évêque de Shanghai, « pour le bien du diocèse et l’exercice du ministère pastoral ». Le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a expliqué dans un entretien la décision du pape, qui souhaite ainsi « préserver l’esprit de dialogue ». Bien que conscient des « obstacles » qui « déstabilisent la confiance », il maintient que « le dialogue doit rester ouvert ».
Mgr Joseph Shen Bin a été nommé évêque de Shanghai par le pouvoir communiste chinois le 5 avril, plus de trois mois. François reconnaît donc que c’est le pouvoir chinois qui nomme les évêques.
Selon le cardinal Parolin, en nommant Mgr Shen Bin comme évêque de Shanghai, « le pape François a décidé de rectifier l’irrégularité canonique pour le bien commun du diocèse et l’exercice fructueux du ministère pastoral de l’évêque ».
Il a ajouté que le Vatican demande maintenant à Mgr Shen Bin de travailler avec les autorités chinoises « en faveur d’une solution juste et sage à plusieurs problèmes qui demeurent dans le diocèse, comme la situation de deux évêques auxiliaires, Mgr Thaddeus Ma Daqin et Mgr Joseph Xing Wenzhi ».
Mgr Thaddeus Ma Daqin a été confiné au séminaire de Sheshan depuis 2012 après avoir refusé publiquement de rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois, l’organe utilisé par le Parti communiste chinois pour contrôler l’Église officielle en Chine. Mgr Joseph Xing Wenzhi, un autre évêque auxiliaire de Shanghai, nommé en accord avec le Saint-Siège, a quant à lui disparu en 2011 pour des raisons inconnues.
Depuis le 8 septembre 2021, aucun évêque n’a été nommé avec l’accord des deux parties, alors qu’un tiers des diocèses chinois sont sans évêque. Le secrétaire d’État du Vatican ajoute que l’accord entre Rome et Pékin « est centré sur le principe fondamental de l’accord mutuel sur les décisions concernant les évêques ». Il est
« indispensable que toutes les nominations épiscopales en Chine, y compris les transferts, soient faites par consensus, comme il a été convenu, afin de préserver l’esprit de dialogue entre les parties ».
Sic. Un dialogue avec une seule partie qui parle ?
« Ensemble, nous devons éviter les situations qui causent des désaccords et des malentendus même au sein des communautés catholiques, et l’application juste de l’accord est l’un des moyens pour y parvenir, ensemble dans un dialogue sincère ».
Il évoque explicitement « trois questions ouvertes dans l’Église en Chine : la Conférence des évêques, la communication entre les évêques chinois et le pape, et l’évangélisation ».
Le Saint-Siège souligne notamment que « la communication régulière entre les évêques chinois et l’évêque de Rome est indispensable pour une réelle communion ». Pour le cardinal Parolin, Pékin dépasser « la méfiance vis-à-vis du catholicisme, qui ne doit pas être considéré comme une religion étrangère, ni opposée à la grande culture de la Chine ». Bien qu’il soit conscient des « obstacles » qui « déstabilisent la confiance », il maintient que « le dialogue entre le Vatican et la Chine doit rester ouvert ».
Afin de faciliter les choses, il appelle à ouvrir « un bureau de liaison permanent du Saint-Siège en Chine ».
« Cela favoriserait non seulement le dialogue avec les autorités civiles, mais aussi à la pleine réconciliation au sein de l’Église chinoise ». « Aujourd’hui, nous avons besoin de bonne volonté, de consensus et de collaboration. Le Saint-Siège est déterminé à remplir son rôle afin d’assurer que ce processus continue. »
Mgr Joseph Shen Bin est vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois (l’Eglise officielle) et président du Conseil des évêques catholiques chinois, deux organisations non reconnues par Rome. Nul doute qu’après cet aveu de faiblesse, Pékin va se faire un malin plaisir à nommer les évêques qu’il veut où il veut.