La marche de 1400 séminaristes polonais au sanctuaire de Jasna Gora, à Czestochova, pélérinage qui est effectué tous les cinq ans, peut paraître impressionnante. Néanmoins, elle cache un malaise profond, puisqu’en 2021 les entrées dans les séminaires polonais ont chuté de 20%, la Pologne accusant le double choc après Amoris Laetitia et la fermeture des églises diocésaines pendant la semaine sainte 2020, sous prétexte de Covid et les restrictions dites “sanitaires” par la suite – ce qui n’était jamais arrivé, même sous le régime communiste. La mise en place au forceps de la communion à la main et de diverses innovations impulsées par Rome n’ont rien arrangé.
“Le Père Piotr Kot, président de la Conférence des recteurs des grands séminaires de Pologne, a indiqué à l’agence de presse catholique KAI que 356 séminaristes avaient commencé leurs études en 2021. Ils étaient encore 441 en 2020, ce qui signifie une baisse d’environ 20%. Les chiffres étaient de 498 en 2019 et 828 en 2012“. Soit une baisse de moitié (57%) depuis 2012.
Fortement influencés par un paysage médiatique et politique gorgé de fonds par les lobbys libéraux – mais aussi par les révélations de grandes affaires d’abus sexuels du clergé, couvertes au plus haut niveau – même si le rôle de Jean-Paul II, mis en cause par certains, fait l’objet d’une bataille politique et médiatique qui suit les clivages géopolitiques dans et autour du pays, les plus jeunes se détournent de l’Eglise et les apostasies progressent.
S’ajoutent aussi des données démographiques et économiques – les Polonais émigrent, et forment d’ailleurs des diasporas dans leurs pays d’accueil qui ralentissent la chute du catholicisme (Irlande, Angleterre) ou lui donnent de l’élan (Islande). Le mouvement des chutes des vocations ne date pas d’aujourd’hui – en 2007 les entrées au séminaire ont chuté d’un quart, et de 10% encore en 2008, après un premier ralentissement dans les années 1990.
Le développement de la FSSPX en Pologne : beaucoup de communication pour…quoi au juste ?
Cette fuite croissante des fidèles n’est que très peu compensée par la FSSPX, il est vrai en fort développement depuis quelques années – après avoir vivoté depuis le début des années 1990. Ses fidèles sont passés de 1500 en 2018 à un peu plus de 5000 aujourd’hui, après un décollage lié à l’effet Pape François et à la crise sanitaire; 13 prêtres diocésains ont rejoint la FSSPX de 2019 à 2022.
Mais à l’échelle de l’effondrement du catholicisme polonais tout entier et de sa fragilisation croissante, il s’agit d’une goutte d’eau, essentiellement connue grâce aux efforts de communication de l’abbé Stéhlin – qui passe en revanche sous un silence relatif l’effondrement des fidèles de la Fraternité Saint-Josaphat en Ukraine de l’ouest depuis début 2022, l’impression d’abandon que ressentent les fidèles russes (qui ont pourtant donné un prêtre et un diacre à la FSSPX, et un autre prêtre issu de Saint-Josaphat qui a rejoint la FSSPX à Moscou et appris le rite latin), ainsi que le succès très relatif des apostolats dans les pays Baltes en plein effondrement démographique – ces pays ont perdu entre un tiers et la moitié de leur population depuis la chute de l’URSS, et la natalité y est très faible.
“Beaucoup de communication pour…quoi au juste ?”
N’oubliez pas que la crise démographique touchant l’Europe centrale et de l’Est est telle que cela touche évidemment par ricochet la FSSPX.Or; la FSSPX n’a jamais cherché à passer sous silence cette réalité qu’elle connaît trop bien. Cependant, elle continue d’attirer et de grossir là où tout s’effondre.
Enfin, pour répondre à votre question, la communication est fondamentale pour se faire connaître, particulièrement en matière d’apostolats.