Les réactions indignées et les témoignages de fidèles du diocèse de Tarbes continuent de nous parvenir au sujet de ce qui s’est passé à Bordères-sur-l’Echez dans le diocèse de Tarbes le 24 avril dernier – un curé fidei donum du Bénin (il a été ordonné en 1985), le père Dorothée Hamaouzo, aurait, selon les témoignages que nous avons reçu, délibérément fait tomber une hostie devant un fidèle.
Même si le diocèse de Tarbes est manifestement en vacances et qu’il n’y a pas eu de réaction officielle, il est question, en haut lieu, de mettre fin à la mission de ce prêtre, accueilli par le prédécesseur de Mgr Micas – Mgr Brouwet actuellement évêque de Nîmes, et de le renvoyer dans son diocèse d’origine.
Cependant, les béninois seront-ils prévenus de la raison exacte, ou il s’agit de renvoyer dans son diocèse d’origine à l’autre bout du monde un curé qui pose problème, comme jadis on mutait à l’autre bout du diocèse, voire dans un diocèse voisin pour les plus compromis, les curés coupables d’actes graves plutôt que de les sanctionner ?
En effet, l’acte du curé de Bordères – dont de nombreux fidèles ont hélas été témoins – relève du canon 1367, qui s’est peut-être perdu dans un bureau mal rangé : ” Qui jette les espèces consacrées, ou bien les emporte, ou bien les recèle à une fin sacrilège, encourt une excommunication latae sententiae réservée au Siège Apostolique; le clerc peut de plus être puni d’une autre peine, y compris le renvoi de l’état clérical“.
Depuis le 1er juin 2021 et la promulgation de Pascite Gregem Dei, il s’agit du canon 1382 – mais il n’a pas été modifié dans ses termes.
Il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un délit pénal, mais le mépris intentionnel de l’eucharistie est un délit canonique très grave, qui entraîne l’excommunication, comme l’a rappelé Rome en 1999 – à l’époque, Jean-Marc Micas, actuel évêque de Tarbes, devient directeur du séminaire de Toulouse, dont il est supérieur entre 2007 et 2013.
“Une note du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, sur l’eucharistie”, rappelle en juillet 1999 qu’est “automatiquement excommunié non seulement celui qui «jette» ou «recèle» des hosties consacrées, mais aussi celui qui «s’en sert pour un acte extérieur, de mépris volontaire et grave, sans les retirer du tabernacle, de l’ostensoir ou de l’autel».
Dans ce cas, l’excommunication n’a pas besoin d’être prononcée de manière spécifique par l’évêque ou le tribunal ecclésiastique, précise en la déclaration du Conseil Pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, à qui on avait demandé d’expliquer le canon 1367 du Code de droit canonique.
Certains ont demandé au Conseil pontifical de préciser si l’excommunication était due au fait de «jeter» (»abicere», en latin), au sens littéral, ou si elle s’appliquait à l’acte de mépris de l’eucharistie. La réponse de Mgr Julián Herranz, président du Conseil, a été très claire. Cette expression recouvre «tout acte volontaire et gravement offensif».
Le verbe «jeter», a précisé Mgr Herranz, «ne doit pas seulement être compris au sens strict de jeter, ni même au sens général de profaner, mais dans le plus large de mépris, d’offense et d’humiliation. Ceci dit, qui déplace et retient les Saintes Espèces à des fins sacrilèges commet le grave délit de sacrilège (obscène, superstitieux ou impie) contre le Corps et le Sang du Christ. Qui s’en sert pour un acte extérieur, de mépris volontaire et grave, sans les retirer du tabernacle, de l’ostensoir ou de l’autel, commet le même crime. A qui se rend coupable de ce délit, l’Eglise latine applique l’excommunication ’latae sententiae (automatique), dont l’absolution est réservée au Saint- Siège».
Le motu proprio Sacramentorum Sanctitatis Tutela, promulgué par Jean-Paul II le 30 avril 2001, réserve expressément ce type de délit à la Congrégation pour la doctrine de la Foi.
Ancien professeur dans un séminaire diocésain au Bénin
D’après sa présentation lors de son arrivée comme curé à Argelès dans le diocèse de Tarbes du temps de Mgr Brouwet, le père Dorothée était de 2007 à 2014 “professeur formateur de futurs prêtres au Grand Séminaire de Ouidah”, le séminaire Saint Gall. Auparavant, il a été “formateur au petit séminaire“, toujours d’après sa présentation. Il semble impossible qu’il ait pu ignorer la gravité de l’atteinte aux hosties consacrées.
Le canon ne dit pas “peut être excommunié” mais “est excommunié latae sententiae”, c’est-à-dire automatiquement comme le dit l’article lui-même en citant la réponse autorisée du président Conseil Pontifical pour l’interprétation des textes législatifs, Mgr Julián Herranz.
Le célèbre “Code annoté” (Université de Navarre – Wilson et Lafleur) de 1999 commente ainsi le canon 1367 : “1) jeter avec haine, colère ou mépris les…” : noter le AVEC. Le législateur ne demande pas que ce soit fait PAR mépris ou colère, mais avec mépris. Cette nuance me semble importante.
Si on est fidèle à la messe traditionnelle la présence réelle est respectée et les sacrilèges n’ont pas lieu..
Je ne pense pas que le père Dorothé ait fait tomber l’hostie par haine ou mépris de celle-ci mais par mépris d’une tradition catholique ….. ce qui est grave aussi !