A Paris, les veilleurs continuent de manifester en semaine le midi devant l’archevêché pour le rétablissement des messes traditionnelles supprimées (Notre dame du Travail, saint Georges de la Villette, etc) et la défense de la messe de toujours. Ils commentent la démission du cardinal Ouellet :
“La nouvelle de la semaine a été l’acceptation par le pape de la démission du cardinal Marc Ouellet, Préfet du Dicastère pour les Évêques pour raison d’âge, 78 ans (et peut-être aussi pour raison de casseroles).
La nouvelle nous intéresse parce que le cardinal Ouellet, qui passait pour un ratzinguérien sous Benoît XVI, s’est montré violemment hostile à la liturgie traditionnelle sous François. Il a pris une part très active dans les réunions inter-dicastères au cours desquelles a été discuté et mis en forme ce qui est devenu le motu proprio Traditionis custodes, faisant notamment des interventions très dures contre la Commission Ecclesia Dei.
Cela s’explique peut-être par l’intérêt extrême qu’il porte à une congrégation enseignante jusqu’ici traditionnelle, celles de dominicaines du Saint-Esprit, dont la maison mère se trouve à Pontcallec, dans le diocèse de Vannes, en Bretagne. Il faut savoir que le cardinal Ouellet est lié à l’une des religieuses de la communauté, la Mère Marie de l’Assomption d’Arvieu, animatrice des « libérales » de la communauté, et qu’il s’en est fait désigner par le pape François comme visiteur canonique.
Son inspection partiale a balayé les résultats d’une visite canonique précédente diligentée sous le pape Benoît XVI par la Commission Ecclesia Dei et jugée par Marc Ouellet trop favorable à la part la plus traditionnelle de la communauté : le cardinal a chassé définitivement de l’état religieux la Mère Marie-Ferréol, poussé d’autres religieuses au départ, réduit au silence leur compagnes de même tendance, et fait nommer comme assistant de la communauté le P. Henry Donneaud dominicain de la province de Toulouse, traditioniscustodien militant.
Il faut rappeler aussi la pression à la démission que Marc Ouellet a exercée sur l’évêque de Fréjus-Toulon, Dominique Rey, coupable au fond de n’être pas dans le consensus de l’épiscopat national (le seul évêque de France, on le rappelle, qui appliquait à la lettre Summorum Pontificum, c’est-à-dire qui laissait ses curés libres de répondre aux demandes de messes traditionnelles) ?
Du successeur que le pape a donné au cardinal Ouellet pour le mois d’avril, Mgr Robert Francis Prevost, religieux de l’Ordre de Saint-Augustin, évêque de Chiclayo au Pérou, a 67 ans, polyglotte, de nationalité nord-américaine et péruvienne, on ne connaît pas les positions liturgiques. En revanche, sa carrière très rapide a été poussée par le pape François lui-même, dont il sera un bon soldat pour la nomination des évêques.
Si nous fixons ainsi les yeux sur ce qui se passe au Dicastère pour les Évêques, c’est que la fabrique du corps épiscopal est une des principales raisons pour lesquelles l’Église ne peut sortir de la crise dans laquelle elle s’enfonce toujours plus. Aujourd’hui, plus que jamais, la majorité des évêques sont idéologiquement conciliaires et humainement insipides. Quant à la minorité des autres, ils sont maladivement timides. Dès lors, le décalage entre les derniers catholiques pratiquants, en majorité d’esprit classique, et les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, d’une part, et leurs pasteurs, d’autre part, se creuse de plus en plus. À preuve le désintérêt massif du peuple chrétien pour la synodalité, pour le synode sur la synodalité, et, pourquoi pas demain, pour le synode sur le synode sur la synodalité ? À preuve aussi, en sens inverse, le désintérêt total des pasteurs pour la demande instante de liturgie traditionnelle par un public de fidèles jeunes, fervents, missionnaires.
Inéluctablement, cette situation aberrante va finir par exploser. C’est pourquoi notre protestation de « gilets jaunes liturgiques » continue plus que jamais.
À Paris, à Saint-Georges de La Villette, les fidèles dépossédés de messes récitent un chapelet, dans leur église, sous les yeux de leur curé, le mercredi à 17h.
Devant Notre-Dame du Travail, les fidèles du collectif Paris Tradition 14, récitent le chapelet tous les dimanches à 18h 15.
Et 10 rue du Cloître-Notre-Dame, devant les bureaux de l’archevêché, du lundi au vendredi, de 13h à 13h 30, des veilleurs récitent le chapelet.
Quand on voit l’attitude des deux évêques de l’Emmanuel , Yves Le Saux, maintenant évêque d’Annecy venant du Mans et Guy de Kérimel, archevêque de Toulouse , venant de Grenoble, qui ont chassé de façon odieuse les catholiques pratiquants avec la Messe Usus Antiquior, on se dit qu’on est pas près de sortir de la crise! Qu’en disent les membres de l’Emmanuel?
On va vers un schisme très grave … Quelles déceptions des deux là!
Mais où trouver des évêques dans la nouvelle génération de prêtres quand on sait que beaucoup refusent la charge épiscopale? Les meilleurs sont chez St Martin et St Pierre mais ils souffrent d’être trop bien formés et catholiques .Il y a par -ci par -là quelques beaux profils mais ils ne seront pas choisis car il ne font par parti des noms de la terna et de la cooptation . Il n’y a aucune volonté actuelle de les nommer;
Jean Paul avait été cherché parmi eux des évêques de valeur en son temps.
Faut-il attendre un effondrement complet pour pouvoir nommer des profils de ce type?
Quand on constate la situation de Mgr Rey , lui aussi de l’Emmanuel, persécuté car ayant trop bien agi, on est scandalisé par les décisions du cardinal canadien émérite.
Dans leur très grande majorité, ces clercs sont les continuateurs de leurs prédécesseurs, qui ont eux-mêmes été les continuateurs de leurs propres prédécesseurs, les évêques des années 1960-1970 puis ceux des années 1980-1990, qui ont été trompés, par les experts et par les pères les plus influents, au Concile, et qui se sont trompés, au moment du Concile, puis qui ont trompé les autres clercs et les laïcs, en aval du Concile, sous Paul VI puis sous Jean-Paul II.
Ces clercs sont donc, dans leur très grande majorité, les continuateurs de l’imposition aux catholiques de la tromperie d’après laquelle moins on est culturellement, dogmatiquement, explicitement, formellement, linguistiquement et liturgiquement catholique, dans l’acception ante-conciliaire de cet adjectif, et plus on est (respectivement) spirituellement, pastoralement, authentiquement, vitalement, créativement et ecclésialement chrétien, dans l’acception humaniste et panchristique post-conciliaire de cet autre adjectif.
Donc, non seulement nous sommes en présence de pérennisateurs d’une idéologie, l’idéologie de l’adaptation et de l’évolution, du changement et du mouvement, de la communion et du consensus, du dialogue et de l’inclusion, de l’innovation et de l’ouverture, du renouveau et de l’unité, mais en outre nous sommes en présence d’une “logique d’appareil” souvent implacable, sinon toujours impeccable.
A partir de là, on est en droit de se demander si les clérocrates dont il est question ici ont toujours bien conscience du fait qu’ils sont les pérennisateurs de cette idéologie EN TANT QU’IDEOLOGIE, puisque certains d’entre eux n’ont jamais connu autre chose, compte tenu du fait que la même idéologie, ou la même phraséologie, qui fonctionne au dialogue interconfessionnel, interreligieux et interconvictionnel ad extra, et au renouveau doctrinal, liturgique et pastoral ad intra, se manifeste, au sein et à la tête de l’Eglise catholique, depuis à présent plus de soixante ans.
Enfin, ces clercs sont les pérennisateurs des composantes et des conséquences d’une dynamique de décatholicisation ou, en tout cas, de détridentinisation, dont les origines ont commencé à se concrétiser, en philosophie et en théologie, dès la fin des années 1920, et ils sont présents et actifs, là où ils sont en fonctions, pour faire obstacle, le plus longtemps et souvent possible, à toute perspective ou tentative de recatholicisation ou, pour le moins, de retridentinisation, qui monterait en puissance en direction des structures paroissiales puis des structures diocésaines.
En ce sens et sous cet angle, les mêmes clercs fonctionnent à l’obstruction, face à des catholiques qui aimeraient bien pouvoir commencer ou continuer davantage à être, à redevenir, ou à rester catholiques en plénitude, et, dans cet ordre d’idées, vous avez absolument raison de pointer du doigt un risque de guerre civile culturelle intra-ecclésiale, puisque nous sommes en présence de deux ensembles d’acteurs qui prennent appui sur des référentiels doctrinaux, liturgiques, pastoraux et spirituels probablement antagonistes et incompatibles.
Un dernier mot sur une dimension du problème rarement évoquée : la baisse du niveau et la crise du contenu, dans le domaine de la culture générale, notamment dans ces trois disciplines : l’histoire, la philosophie et la théologie, cette baisse du niveau et cette crise du contenu aboutissant assez souvent à ce que nous soyons en présence de clercs porteurs d’une ignorance abyssale de l’histoire de l’Eglise catholique et du contenu de la foi catholique, ce qui est quand même quelque peu embêtant, pour des clercs officiellement catholiques…
Or, ne leur en déplaise, l’histoire de l’Eglise catholique n’a pas commencé en janvier 1959 ni en octobre 1962, et le contenu de la foi catholique n’a pas attendu le Concile Vatican II pour commencer à se déployer à l’intérieur de documents officiels du Magistère…
On ne souscrit pas impunément et innocemment à un Concile porteur de chimères, et l’on n’impose pas impunément ni innocemment aux fidèles la mise en oeuvre de ce Concile iréniste, non porteur d’une hérésie, au sens strict de ce terme, mais porteur d’une utopie, de l’utopie de la conciliation, assez imprécise et surtout imprudente,
– avec la conception protestante libérale de l’unité des chrétiens, cf. Unitatis redintegratio,
– avec la conception humaniste agnostique des religions non chrétiennes, cf. la première partie de Nostra aetate,
– avec la conception humaniste libérale de la liberté religieuse, cf. la première partie de Dignitatis humanae,
– avec la conception humaniste onusienne des aspirations de l’homme et de l’orientation du monde de ce temps, cf. Gaudium et spes.
Or, on a beau chercher, on ne voit pas en quoi la pérennisation de l’imposition aux fidèles de ces quatre chimères contribue, indirectement, d’une part à un optimum de fidélité doctrinale, d’autre part à un optimum de fécondité spirituelle, dans l’esprit et la vie des fidèles…
Le jour où les clercs reconnaîtront tout cela, en tireront les conclusions qui s’imposent, et se réconcilieront avec les fondamentaux du christianisme catholique, sur le plan dogmatique comme sur le plan liturgique, mais aussi avec certains éclairages et avec certaines exigences, dissidentes et dissonantes face aux erreurs sur Dieu, aux erreurs sur l’Eglise, aux erreurs sur l’homme et face à l’esprit du monde, alors, ce jour-là, il fera beau…