Le dernier numéro de la revue Catholica vient de paraître. On y trouve notamment 3 contributions intéressantes : “A l’école de l’Esprit, ou du monde ?” par le RP Pocquet du Haut-Jussé ; “Eglise en sortie, sortie de l’Eglise ?” par Dom Meiattini ; “Le sacerdoce dans la tourmente” par le chanoine Jestin.
Le RP Pocquet du Haut-Jussé évoque le synode et sa suite qui s’annonce en 2024 dans son article “A l’école de l’Esprit, ou du monde ?”(extrait ci dessous) :
La question est désormais de savoir quel chemin il nous faut emprunter. Certains peuvent chercher à participer “loyalement” à la consultation et à la réflexion en cherchant à l’influencer, la corriger dans un sens plus traditionnel et surtout plus conforme à ce qu’ils perçoivent des exigences doctrinales, missionnaires et apostoliques du moment. C’est dans cette ligne que s’inscrit le P. Benoît-Dominique de la Soujeole, dominicain de la Province de Toulouse, qui a enseigné à l’Université de Fribourg. Il cherche à dégager ce que pourrait être le synode comme démarche de discernement communautaire, recherche du consensus et valorisation de la participation du plus grand nombre. Il souligne le danger d’une pensée “informatique”, c’est-à-dire binaire (même si on peut penser que l’immense majorité des catholiques échappe totalement à la technique de la codification et de la programmation informatique, la civilisation de l’information de masse et de l’Internet présentant des dangers bien différents), mais cherche à dégager les enjeux. Quant à savoir ce que Dieu veut pour son Eglise, il suffit de s’en rapporter au mandat donné par le Christ d’enseigner les nations et de les baptiser. La discussion ne porte que sur les moyens à mettre en oeuvre, à condition bien entendu de ne pas soumette tout le monde à un seul plan pastoral ou à une seule méthode apostolique. C’est ici qu’il faudrait laisser aux fidèles laïcs une liberté beaucoup plus grande d’organisation et d’initiatives, la hiérarchie se limitant à sa mission pérenne : célébrer les sacrements, enseigner la doctrice de la foi et les principes d’action, réprimer les abus moraux et doctrinaux. Si le P. de la Soujeole manifeste un bel esprit synthétique et résume assez bien ce que devrait être le synode, sa réflexion apparaît douloureusement déconnectée de la réalité ecclésiale contemporaine, au moins en Occident.
L’édition française de la revue Communio consacre aussi toute une livraison à la question de la synodalité. Mais on y trouve les mêmes écueils déjà soulignés ici et ailleurs : si l’on montre la synodalité dans la continuité de la collégialité définie par Vatican II (ce qui est déjà très discutable puisque le concile et à sa suite le Code de droit canonique définissent précisément les conditions d’un authentique acte collégial, conditions que ne remplit pas l’institution synodale), on n’en fait jamais le bilan, alors que les différentes tentatives synodales, jusqu’à l’actuel synode allemand, contribuent plutôt à détruire la doctrine catholique et donc l’Eglise locale. de plus, en se limitant à l’enseignement du concile et de l’actuel pontificat comme aux contributions de la Commission théologique internationale (qui n’est pas un organe du Magistère), voire des différentes commissions de dialogue oecuménique, à quelques hypothèses patristiques ou au constat qu’il y a toujours eu dans l’Eglise un mouvement de partage des biens spirituels et de communication, les contributeurs n’emportent pas vraiment la conviction, surtout au regard des actuelles dérives ecclésiologiques.
Il apparait donc clairement que la théologie doit retrouver sa dimension critique et pastorale pour proposer enfin au peuple de Dieu, en puisant dans les ressources et les richesses de la Tradition, les clefs d’un authentique renouveau à la fois disciplinaire, ascétique, doctrinal et spirituel.