Le dernier numéro de la revue Catholica (Hiver-Printemps 2025, n°160) vient de paraître.
Dans ce numéro, le chanoine Laurent Jestin, ICRSP, signe un article intitulé “Réflexions autour de la nécessité d’une forme” évoquant une proposition théologique du RP Serafino Lanzetta. Il y consacre quelques lignes à la question liturgique.
Les défenseurs d’une forme traditionnelle dans la liturgie et dans la raison théologique insistent – c’est la deuxième caractéristique – sur sa dimension justement traditionnelle, c’est-à-dire sur le fait qu’elle est le fruit d’un développement organique et non d’une décision et d’un phénomène assez subits d’adaptation, faisant dès lors peser la suspicion d’une rupture, d’une nouveauté. Ce qui est connu dans ces deux champs, le père Lanzetta le manifeste clairement par le nombre de citations patristiques, témoins les plus autorisés de la Tradition. On pourrait discuter de cette dimension mariale qui, à certains – dont nous sommes, nous en parlons plus loin -, paraîtra maximaliste, emphatique ; mais les prédécesseurs sont prestigieux : Bernard de Clairvaux, Louis- Marie Grignion de Monfort, Maximilien Kolbe, et nul ne saurait nier que, dans l’explicitation de la vie chrétienne, et singulièrement de la vie consacrée, la Vierge Marie a pu prendre, selon un lent développement, l’importance que le père Lanzetta lui confère”.
De même, c’est assez lentement que s’est affirmé le concept d’« état de perfection» pour qualifier la vie consacrée. Et c’est la disparition de ce concept qui, pour le père Lanzetta, condense en elle la crise des états de vie, de chacun (vie consacrée, sacerdoce, mariage) et de leurs relations, de leur synergie vivifiante du Corps mystique. Apparaît alors une troisième caractéristique de la forme : elle est un principe d’ordre et de hiérarchie.
La question continue d’agiter le domaine liturgique, notamment par le double débat, d’un côté entre vetus et novus ordo, et, de l’autre, dans le cadre du missel de Paul VI, entre ses usages divergents.
Et si certains ont une nostalgie de la situation du motu proprio Summorum pontificum où l’on escomptait un apaisement pratique, tout en espérant l’émergence d’un nouvel ordre liturgique dont il apparaissait que le principe hiérarchique regarderait plutôt du côté de l’usus antiquior, d’autres savent gré au temps présent, celui de Traditionis custodes, en dépit des tensions et des restrictions pratiques, de manifester l’incapacité du missel de Paul VI à être une forme au sens plénier du terme : il ne peut l’être vis-à-vis du missel tridentin” et, ne s’adossant plus d’une manière ou d’une autre à ce missel, il se montre incapable de résoudre les tensions et les conflits entre ses usages. Car il peine à ordonner les cérémonies autour et par les deux sources et critères que nous avons rappelés : la transsubstantiation et le sacrifice. C’est, nous dit-on, en ajoutant un troisième pôle, celui de la communauté, qu’on reformera un ordo ; mais c’est justement à propos de ce troisième soit-disant pôle que se cristallisent les tensions internes aux usages du novus ordo.