Dans une tribune publiée dans La Vie, Mgr Hervé Giraud, évêque de Sens-Auxerre, évoque les moult difficultés que rencontrent les évêques d’aujourd’hui dans leur ministère. Il revient sur les changements de sièges diocésains :
Mais un autre élément est à prendre en compte : celui de la durée d’un épiscopat. Celle-ci varie entre 15 et 30 années selon l’âge de la nomination de l’évêque (souvent entre 45 et 60 ans). D’aucuns jugent la charge trop longue ; d’autres en appellent à des changements plus fréquents pour relancer leur épiscopat. Personnellement, ayant été nommé à 46 ans, j’ai connu 4 nominations en 12 ans (Lyon, Soissons, Sens, Mission de France) de trois papes différents.
Il me reste encore 10 ans avant de remettre, si Dieu me prête vie et santé, mon office au pape. L’usage veut que le Saint-Père propose des diocèses plus peuplés à des évêques expérimentés, et donc plus vieux. Ce qui semblait aller de soi, il y a encore quelques années, ne l’est plus aujourd’hui. Certains préféreraient redevenir de simples prêtres ! Autre constat personnel : face à la multitude des demandes, il devient difficile de se former, de se renouveler, de méditer la Parole de Dieu et de servir l’Évangile, ce qui est ma première tâche. Sans ma « twittomelie » quotidienne, je me sentirais infidèle à ma mission première de recevoir la parole et de la transmettre.
4 nominations en 12 ans : comment voulez-vous qu’un évêque puisse remplir sa charge auprès du peuple de Dieu, s’il est muté tous les 3 ans ? Comment peut-il connaître son diocèse, ses fidèles, et s’en faire le bon pasteur ? Il serait temps que Rome cesse de jouer aux chaises musicales des nominations épiscopales. Oh certes, il peut être pertinent de donner à un évêque ayant fait ses preuves dans un petit diocèse un archidiocèse plus important. Mais cela ne devrait pas être l’habitude mais l’exception. Pour le bien des fidèles et des diocèses, et aussi des évêques, l’Eglise devrait redécouvrir l’enracinement.