Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, est interrogé dans La Croix. Il revient sur la chronologie des faits concernant Mgr Santier :
Je suis nommé publiquement le 9 janvier 2021, mais c’est en décembre 2020, après que j’ai donné ma réponse positive à l’appel du pape, que le nonce évoque avec moi plusieurs sujets du diocèse dont la procédure canonique concernant Michel Santier, me donnant des informations sur ce qui lui est reproché.
Avant, vous ignoriez cette procédure, bien que vice-président de la Conférence des évêques de France ?
J’avais entendu qu’il avait été mis en cause par quelqu’un. Mais, entre le fait d’être mis en cause, d’être l’objet d’une procédure ou d’avoir reconnu des faits, il y a une différence. Alors évêque de Belfort-Montbéliard, je n’ai pas à intervenir dans ce dossier et n’imagine pas du tout de quoi il s’agit. Comme Mgr Éric de Moulins-Beaufort l’a redit lors de sa conférence de presse, la présidence de la CEF ne dirige pas les évêques français, elle « n’est pas partie prenante de la procédure ».
Après votre arrivée à Créteil, avez-vous échangé avec lui ?
Oui, en janvier 2021. Je lui pose la question sur les faits, qu’il reconnaît sur deux personnes victimes. […]
Regrettez-vous que Mgr Santier ait été présent pour votre installation le 28 février 2021 ?
Une fête pour son départ était prévue fin janvier 2021. J’avais demandé qu’elle n’ait pas lieu. C’est moi qui ai convenu que le remerciement se ferait à la fin de l’installation. Le diocèse a en fait subi un grand malentendu jusqu’à la révélation des faits… Car les catholiques de Créteil témoignaient alors d’une profonde reconnaissance envers leur ancien évêque, sans connaître ces faits.
N’aurait-on pas pu dire, au moins, qu’il y avait un problème le concernant ?
Il aurait dû lui-même dire les raisons de sa démission le 6 juin 2020. Un administrateur apostolique aurait alors dû être nommé. Relire cette histoire nous aide pour l’avenir. Il ne s’agit pas de trouver un coupable mais globalement d’identifier des dysfonctionnements pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir.
Pourquoi l’avoir invité encore à la messe chrismale, en 2022 ?
Dans le diocèse, on commençait à me trouver très ingrat vis-à-vis de mon prédécesseur. À la relecture aujourd’hui, j’étais en fait dans une posture intenable. Ici, la messe chrismale est un événement auquel les évêques émérites sont conviés. Ce n’est pas de la duplicité de ma part. Je pensais que c’était une bonne occasion de mettre un point final pour lui en étant présent à ce moment de la vie du diocèse, sans être au centre. Mais je comprends aujourd’hui qu’il est insupportable, pour les catholiques de voir un prêtre ayant commis des abus célébrer des sacrements. C’est le sens des mesures que nous avons votées en Assemblée plénière.
Vous-même, avez-vous pensé démissionner ?
Comme pasteur, ma responsabilité n’est pas de démissionner face à un problème mais plutôt de travailler à le résoudre. […]