Jacques Delfosse, ancien prêtre des diocèses de Lille, Créteil et Evry, déjà condamné à cinq ans de prison en 2007 pour abus sur 37 victimes (dont deux affaires n’étaient pas prescrites) a été renvoyé de l’état clérical en septembre 2025 par le pape Léon XIV alors qu’il est accusé par de nombreuses victimes – près de cinquante seraient connues, des années 1960 à 2000, entre le diocèse de Lille et celui de Créteil (il est nommé en 1995 curé à Nogent sur Marne) – la plupart des faits ont eu lieu dans le diocèse de Viviers, dans la résidence secondaire du prêtre à Gourgouras où il organisait des camps de vacance – il en a aussi fait dans les diocèses de Digne, du Puy et de Saint-Claude.
Il s’est aussi avéré que malgré plusieurs interdictions de ministère en 2007, 2008 et 2010 il a célébré des messes pendant dix ans dans le diocèse d’Evry, alors dirigé par Mgr Dubost, comme remplaçant d’autres prêtres. Plusieurs articles sont parus récemment dans la Voix du Nord pour donner la parole à ses victimes, et le journal l’a rencontré.
Voici le parcours de ce prêtre
Jacques Delfosse a été ordonné prêtre en 1964 et suspendu de toute activité pastorale en 2000. La première victime témoigne de faits en 1966. La première plainte connue a été déposée en 1998.
- 1969-1974 A Lille, il devient aumônier de l’Institution Saint-Pierre
- 1974-1988 A Roubaix, à l’aumônerie du quartier des Trois-Ponts
- 1988-1993 À la suite d’alertes de parents, Jacques Delfosse est muté à l’aumônerie étudiante de Villeneuve-d’Ascq par Mgr Jean Vilnet
Il est muté à Paris en 1993-95 après des alertes de parents, puis devient curé de Nogent sur Marne dans le diocèse de Créteil en 1995 jusqu’en 2000.
2000-2007 : Dans l’attente de son procès, il est envoyé à Dunkerque et le diocèse de Lille le suspend de tout ministère
Jugé et condamné par la cour d’assises du Val-de-Marne pour deux des 37 victimes alors connues, les seuls dossiers non prescrits, il a ensuite été envoyé, après avoir purgé sa peine, dans le diocèse de Créteil, puis dans le diocèse d’Évry, où il réside encore aujourd’hui.
Des plaintes ont été déposées auprès du procureur de la République en 2000. Sur les 37 victimes identifiées à l’époque, seules deux affaires n’étaient pas prescrites. Jacques Delfosse a été mis en examen et condamné en 2007 à 5 ans de prison, dont 6 mois ferme, par la cour d’Assises du Val-de-Marne.
Le 27 septembre 2007, Jacques Delfosse sort de prison. En 2008, il est suspendu de toute activité pastorale et part dans le diocèse de Créteil.
En 2010, Mgr Ulrich, alors archevêque de Lille, lui interdit officiellement tout ministère. Néanmoins il se fait confier des responsabilités dans sa paroisse en 2010-13, puis lorsque ses paroissiens le découvrent, continue à assurer des messes et des services dans une autre paroisse de l’Essonne jusqu’en 2018.
En 2018, Jacques Delfosse est interdit de toute célébration publique par le nouvel évêque Mgr Pansard.
Entre 2019 et 2021, quatre nouveaux signalements ont été portés à la connaissance du diocèse de Lille et transmis au procureur de la République en 2022, pour des faits de viols aggravés et agressions sexuelles sur mineurs commis entre 1980 et fin des années 1990.
En 2025, Mgr Le Boulc’h a demandé à Rome le renvoi à l’état laïc, confirmé par le pape Léon XIV le 30 septembre dernier.
Comme le rappelle le site Après la Ciase il a commis de nombreux faits dans les camps de jeunes qu’il organisait, et principalement en Ardèche :
- 1966 colonie de vacances organisée dans le Jura
- 1978-1988 A Roubaix, son aumônerie était pleine
- Camps d’hiver à Mijoux, dans le Jura [diocèse de Saint-Claude]
- L’été, camps de trois semaines sous tente, à Sainte-Ilpize en Haute-Loire [diocèse du Puy], puis à Labatie-d’Andaure en Ardèche
- 1979 Il achète une ferme en Ardèche à Gourgouras (commune de saint Julien d’Intres) où il organise un séjour à la Toussaint, à Pâques ou en août à Gourgouras avec quelques enfants trivés sur le volet
- 1988 À la suite d’alertes de parents, Jacques Delfosse est muté à l’aumônerie étudiante de Villeneuve-d’Ascq. Il stoppe les camps d’été et d’hiver, mais continue d’inviter des dizaines d’adolescents à chaque période de vacances à Gourgouras
- 1998 À la suite d’une première plainte déposée contre lui, Jacques Delfosse est contraint par l’évêque de Lille de vendre Gourgouras . Mais il rachète, sans le dire à ses supérieurs un chalet à Pelvoux près de Puy-Saint-Vincent, dans les Alpes, où il continuera à recevoir des jeunes jusqu’à la vente du chalet en 2007 [diocèse de Digne]
Les victimes peuvent se manifester :
- Contacter les cellules d’écoute que les diocèses ont mises en place pour prendre en compte la parole des victimes d’abus sexuels dans l’Église. Pour le diocèse de Lille, on peut écrire à [email protected] ou laisser un message au 06 85 07 30 96. Pour le diocèse de Créteil, c’est [email protected] ou le 01 41 83 42 17. Pour celui d’Évry, le mail est [email protected] et le téléphone le 01 60 91 17 05.
- Porter plainte directement auprès de la police ou de la gendarmerie, ou écrire au procureur de la République de votre secteur, ou auprès du procureur de Lille
- Contacter l’INIRR (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation), une structure mise en place par l’Église pour aider les victimes à parler, reconnaître les faits qu’elles ont subi et les indemniser. Cette instance peut être contactée par mail ([email protected]) ou par courrier postal (41, boulevard du Montparnasse 75006 Paris).
Mgr Ulrich a communiqué à ce sujet :

Jacques Delfosse à la Voix du Nord : »jai payé, qu’on me foute la paix »
A la Voix du Nord, Jacques Delfosse a tenu des propos purement glaçants qui témoignent, tout au moins, d’un déni et d’une absence de perception de la gravité de ses faits : « C’est là, dans une coquette maison de pierre blanche, que vit Jacques Delfosse, ancien prêtre du diocèse de Lille. Le nom de Jacques Delfosse a aussitôt pris un visage : celui d’un vieil homme de 88 ans voûté sur un déambulateur. Cheveux blancs et regard clair, pantalon sombre et pull beige, il a le pas mal assuré d’une personne dépendante et mal en point. Mais l’esprit, lui, fonctionne. Le prêtre se laisse tomber sur une chaise et accepte la conversation : il désigne un autre siège du doigt, à contrecœur.
