Après le chant grégorien (en 2008), les processions d’Echternach au Luxembourg, les ostensions limousines, certaines processions (dont celle du saint-Sang à Bruges ou celle de l’ile de Hvar en Croatie), le pardon célestinien en Italie, la messe tridentine pourrait-elle entrer au patrimoine immatériel de l’humanité (UNESCO) ?
Réponse, en partie, par Denis Sureau sur le Forum Catholique :
“Il y a trois listes concernant le patrimoine culturel immatériel:
1) La liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité [PCI]
2)La liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente
3) Le registre des bonnes pratiques de sauvegarde
Le PCI c’est, selon l’UNESCO: “les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d’un développement durable.”
Il concerne 5 domaines:
(a) les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel ;
(b) les arts du spectacle ;
(c) les pratiques sociales, rituels et événements festifs ;
(d) les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ;
(e) les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.
Avant tout engagement à l’UNESCO, il faut qu’il soit inscrit à l’inventaire national. Pour cela, il faut qu’un groupe constitue tout un dossier, aidé bien sûr du ministère de la Culture, si celui-ci accepte le rite de Saint Pie V comme étant possiblement un PCI. Il faut également définir ce qu’il entend par “rite“.
Sur son blog, Yves Daoudal avait abordé la question : “l’inscription sur la « Liste du Patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente » (c’est l’intitulé officiel) ne peut se faire que sur demande d’un Etat. Il est donc vain de demander à des individus de faire la démarche. En outre l’Etat demandeur doit justifier des initiatives qu’il a déjà prises pour tenter de sauvegarder le patrimoine en péril“.
Même si cela semble illusoire de demander à la République Française de protéger la messe en latin, serait-il si difficile de trouver un Etat, ou une association, capable de porter le dossier – et de donner par là une visibilité internationale à la cause de la défense de la messe tridentine ?
Après tout, les ostensions limousines qui ont tant chagriné ce stupide “rapporteur public” du Conseil d’Etat parce que ” l’on y célébrait des eucharisties” et que de ce fait, on enfreignait l’interdiction de subventionner ces manifestations populaires, ont été qualifiées de patrimoine mondial de l’humanité par L’UNESCO et ont pu accéder à d’autres sources de financement que ceux de la République laïque.
L’arrêt Lamentable que j’évoque est certainement sur le site du Conseil d’Etat et en tout cas sur le site de Légifrance.
Les conclusions de ce rapporteur étriqué ont été publiées si je me souviens, à L’AJDA ou à la RFDA.
Effectivement.
Arret du conseil d’Etat en 2013 (invalidation de subventions publiques) : https://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CE/decision/2013-02-15/347049
Analyse au recueil Lebon : https://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CE/analyse/2013-02-15/347049
Le recours avait été porté par “ 21 Laïques et Libres penseurs de Haute-Vienne et de Creuse” et principalement la Libre Pensée 87.
en retour.
Il serait intéressant de prendre l’attache des avocats qui, participant à ce contentieux, ont sûrement monté le dossier d’attribution des subventions accordées par l’UNESCO.
Mais il faut aussi que cette démarche tienne compte, au titre de l’organisation d’un tel culte auquel il faut ajouter processions, déclarations sur la voie publique, tenir compte des prérogatives des personnes publiques, responsables de la police générale et de la police spéciale des cultes ; de même faudra-t-il tenir compte des prérogatives des personnes publiques que la loi de 1905 a non seulement confirmé s’agissant de la propriété des immobilisations réservées au culte, mais aussi étendu à la maîtrise d’ouvrage : ceci est important pour ce qui touche l’autel par exemple.
Il y a sûrement des professeurs de droit qui saurant expliquer cela : je sais qu’il y a un jeune maître de conférences qui connaît bien le sujet à l’université de Clermont-Ferrand (j’ai oublié son nom, mais l’abbé Barthe le connaît), mais on peut aussi consulter Mme Brigitte Gaudemet-Basdevant.