Dans un article du Monde du 17 mars 2016, Marion Rousset mène une enquête inintéressante sur ce que nous pourrions appeler l’échec de la sociologie en matière religieuse.
Il semble qu’enfin, face aux attentats, rationnellement inexplicables, les sociologues se remettent en cause. En effet, la sociologie, comme nombre de “sciences” actuellement, fonctionne par grilles de lecture et schémas d’interprétation. Or les attentats, comme le renouveau catholique exprimé dans un Printemps Français, n’entrent dans aucune de leur grilles traditionnelles. Et pour cause, la sociologie a fonctionné en excluant le religieux des données fondamentales.
« C’est vrai que la tradition sociologique dominante a voulu réduire la religion à ce qui n’est pas elle, mais ce qui la traverse, notamment les phénomènes de pouvoir et les dimensions économiques », explique Jean-Paul Willaime, directeur d’études émérite à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE).
« Cette discipline réduit la religion à des faits sociaux qu’elle connaît, regrette ainsi l’islamologue Rachid Benzine. Elle n’a pas les clés pour lire la dimension théologique qui revient parfois dans l’espace public de manière terrassante. »
Un timide mea culpa prend enfin conscience que la religion ne peut être accessoire. Au contraire, elle est le cœur de la vie du croyant et le cas échéant du “système”.
« Les explications externes restent valables jusqu’à un certain point, mais certains chercheurs ont pu avoir tendance à évacuer le religieux en tant que tel, reconnaît Loïc Le-Pape. Que la croyance puisse déterminer certains actes, on a encore du mal à le penser aujourd’hui. »
C’est pourtant une évidence dont la négation révèle à elle seule toute une idéologie fondée sur la négation du réel. Idéologie que les attentats sont en train de faire voler en éclat.
Pierre Selas