Trois prêtres fidei donum – issus de diocèses étrangers – dans le diocèse de Châlons ont publié le compte-rendu de la session Welcome qui leur a été faite du 6 au 10 mars dernier au sanctuaire de Lisieux – un agent du ministère des Affaires étrangères était présent pour éclairer la notion de laïcité, et Mgr Jachiet, évêque de Belfort, a fait une intervention sur la mission du prêtre missionnaire.
“Le 06 mars, la matinée était réservée à l’accueil des délégations. Et tout a commencé par le repas de midi. Le premier après-midi a été très dense mais riche et rempli de découvertes.
Nous avons bien apprécié l’intervention claire et pratique de Monsieur Jean-Christophe PEAUCELLE(Conseiller pour les affaires religieuses, Diplomate au Ministère des Affaires Etrangères et de l’Europe) sur le sujet de la laïcité propre à notre pays, la France.
Le thème était : « La France et la Laïcité ». Tout en étant un fonctionnaire important, un conseiller et interlocuteur au ministère des affaires étrangères, il a su parler simplement et nous pensons que dans les aspects pratiques qu’il a donnés, nous avons trouvé réponses et éclaircissements à nos interrogations. Dans le milieu de son travail, il ne craint pas de s’afficher chrétien et il est d’une grande aide pour l’Eglise et la cellule d’accueil nationale en ce qui concerne le dialogue avec le ministère.
« N’oubliez pas que la Laïcité n’est pas une valeur de la République mais qu’elle met en œuvre ces valeurs : Liberté, Egalité, Fraternité », nous a-t-il dit. Justement, la laïcité est d’abord la liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de vivre sa religion, si on ne parle pas de religion à l’école c’est pour un souci de neutralité.
Nous avons ensuite reçu Monseigneur Denis JACHIET dont l’intervention était émaillée d’exemples très concrets et faciles à comprendre. Il nous a rappelé que le Fidei Donum est un prêtre missionnaire. Que l’Eglise n’est pas seulement mondiale mais catholique.
Que notre mission n’est jamais une mission personnelle. Le prêtre Fidei Donum est missionnaire par essence, le don de lui-même peut être coûteux mais il a un sens. Il faut aimer l’Eglise comme elle est avec ses défauts. Le Fidei Donum est quelqu’un qui accepte les déplacements. Il y a des jours où on est heureux et d’autres où on se demande où on est. Il ne faut pas se laisser aller au découragement, il faut oser en parler.
« Vous êtes un transmetteur, vous avez des richesses spirituelles qu’il faut transmettre. Transmettez la joie qui est la vôtre, communiquez-la. Vous êtes invités à vous adapter au nouveau presbyterium où vous vivez. Attention à l’argent facile ! N’oubliez pas que l’exercice de solidarité exige la transparence.
Le découragement ne vient pas du bon esprit. Ne négligez pas la prière. Soyez capables de cheminer avec les gens auxquels vous êtes envoyés », nous a-t-il dit.
Mardi 7 mars, nous avons accueilli le Père Eric MILLOT (responsable du service national Mission/ Migrations). Le travail en groupes a permis une meilleure connaissance entre nous et des partages fructueux. Le Père Eric est parti de nos réflexions, de nos idées pour s’adresser à nous. Son expérience comme Fidei Donum au Tchad n’a pas toujours été simple, cela lui permet de mieux comprendre ce que nous vivons et ressentons à notre arrivée.
Ses conseils pratiques, concrets nous ont apporté une vision tranquille de la réalité. « N’oubliez pas ! Qu’il y a quelque chose de plus important que la langue, c’est la culture. »
« Rappelez-vous : nous avons 2 oreilles et une seule bouche ça veut dire que nous devons écouter 2 fois plus. « Ecouter- Ecouter – Aimer. » », nous a-t-il dit.
Rencontrer des personnes ça prend du temps. Il nous faut prendre le temps de comprendre les gens. Il nous a invités à prendre le temps de lire et prier l’évangile. Relisons les manières de faire de Jésus lors de ses rencontres. Prenons le temps de prier, d’invoquer l’Esprit-Saint, lui seul peut nous aider à comprendre, à aimer, à prendre les bonnes décisions avec les autres, avec ceux auxquels nous sommes envoyés.
« Vous ne pouvez servir l’Eglise de France, le peuple où vous êtes envoyés sans les aimer. » Il faut être convaincu que dans l’Eglise il n’y a pas de frontière, on est tous chez nous. « Dans vos paroisses ne décidez jamais seul, tenez compte des équipes de laïcs.
Que ce soit vraiment l’Esprit-Saint qui mène votre vie et votre mission », dit-il.
L’après-midi du mardi 07 mars, Mr Michel ROY a partagé sur » Les défis de la société française et l’Eglise de France ». (De Justice et Paix, Service National Famille et Société, CEF) « Votre engagement dans l’évangélisation est important », dit-il. La France a une histoire qui l’a beaucoup marquée et qui a fait ce qu’elle est aujourd’hui.
La société française est en perte de transmission, il y a des fractures sociales et culturelles. Des fractures territoriales entre les villes et les campagnes. Une société qui paraît repliée sur elle-même. Une société qui donne l’impression de nourrir un rapport ambigu avec le religieux. Les mouvements syndicaux mettent la France en danger grâce aux réseaux sociaux. On critique l’Etat mais en même temps on a besoin de lui et on attend tout de lui. Une société dont le rapport au religieux peut surprendre, les mouvements d’action catholique de plus en plus en baisse. La laïcité revient à une sorte de laïcisme, de « laïcardise ». Tout cela n’est peut-être pas engageant pour vous, dit-il, mais n’oubliez pas que les catholiques ont pour vocation, de vivre la communion pour faciliter le dialogue, de témoigner de l’Amour de Dieu dans la société. Les travaux en groupe ont soulevé des questions importantes auxquelles les intervenants ont apporté, des éclaircissements.
Mercredi 8 mars, la matinée a sans doute été assez difficile et déroutante pour nous à cause du sujet abordé. Il est vrai que pour nous il y a une certaine saturation et incompréhension car depuis notre arrivée il y a des mises en garde. Cependant il était important et nécessaire d’apporter des éclaircissements, car nous allons être confrontés aux questions des gens que nous le voulions ou non.
L’intervention du Docteur Jean Louis DELEINE (sur la question » Pour faire de l’Eglise une maison sûre : la crise ouverte par la pédocriminalité et les pistes pour en sortir… « ) est un sujet douloureux et compliqué. Pour notre part, nous avons trouvé l’intervention très claire, très pratique dans la manière dont elle a été présentée. Grâce à son expérience de médecin de campagne mais aussi de responsable de la cellule d’écoute de son diocèse, il nous a partagé sans tabou ce qu’il vit et a donné des points d’attention. Ne jamais oublier qu’il faut laisser la parole se libérer et essayer de comprendre avant toute réaction.
Il faut accompagner les personnes mais savoir aussi s’entourer de personnes compétentes, ne jamais agir seul. Ne jamais oublier qu’avec les enfants on n’est pas un copain. Ils doivent nous respecter et nous devons nous faire respecter. N’oubliez pas les conseils qui ont été donnés pour votre santé : avoir une vie équilibrée et pour cela construire notre vie. Pensez à savoir dire non et éviter le syndrome du Burn out. Il faut s’aimer soi-même, savoir se préserver, donner place à la prière. La sagesse des Anciens disait : « Un temps pour Dieu, un temps pour le travail, un temps pour la famille, un temps pour rigoler ». Jean Louis a conclu en disant : « J’aimerais voir des prêtres heureux et bien dans leur peau ».
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Mercredi après-midi(8 mars) et jeudi matin(9 mars), nous avons découvert comment vivre les défis de l’interculturalité avec Catherine DE NUCHEZE et Bernadette de la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération) qu’elles nous ont fait découvrir. Le thème était : « Vivre les défis de l’interculturalité…pour la mission ». Nous pensons que leur manière de mener ces deux moments de partage de façon ludique nous a apporté des idées pour vivre au mieux cette interculturalité.
Nous nous souviendrons de l’exemple du Kiwi au beau milieu d’un panier d’oranges qui a fait bouger plus d’un parmi nous. Nous avons eu la chance que Bernadette émaille ses interventions par des exemples concrets de son vécu en Argentine. Quand nous avons été amenés à partager sur les attitudes à dépasser les chocs culturels, nous nous sommes réjouis de tout ce que nous avons dit, cela prouve que nous avons creusé et approfondi la question ensemble. Face aux mises en situation nous n’avons pas eu peur de dire en vérité nos réactions. Lors de la conclusion, Bernadette a émis un souhait : « Que votre expérience vous permette de changer votre regard et celui de ceux qui vous entourent ! »
Nous croyons que jeudi après-midi, le pèlerinage a été très bon et apprécié malgré la pluie. Nous avons marché « Sur les pas de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face ». La prière avec les pèlerins lors de la messe à la crypte de la Basilique et lors des vêpres au Carmel ont été une belle expérience d’Eglise et de partage.
Nous avons accueilli et ensuite remercié Monseigneur Jacques Habert (Evêque de Bayeux-Lisieux) qui a pris le temps de nous rencontrer et de partager son expérience d’évêque avec nous autour du thème : « Vivre la Mission de l’Eglise en France ». En l’écoutant nous nous sommes dit que c’était un bon résumé de ce que nous avions entendu de certains intervenants. Il nous a fait découvrir son diocèse et nous a promis de se faire notre porte-parole auprès de ses Pères Evêques. C’est lui qui nous célébré la messe d’envoi.
[…] En nous écoutant lors des prises de paroles, nous avons découvert parmi nous des personnes au tempérament fort. A ces gens-là, les formateurs ont donné ce conseil en or : « Si je puis me permettre un conseil, pour en avoir fait l’expérience, faites attention à ne pas imposer vos idées car personne n’a toute la vérité et vous pourriez vous heurter à des incompréhensions voire des oppositions. N’oubliez jamais de demander à l’Esprit-Saint de vous éclairer, de vous aider. »
En clair on dit à ses prêtres de faire le minimum syndical et de ne surtout pas évangéliser….on sait jamais , des gens pourraient se convertir !