En 2004, le Roi du Maroc, créait Rabita Mohammadia des oulémas. Son Secrétaire général en explique la teneur pour La Croix
Extraits
Ahmed Abbadi : Elle est l’une des structures de l’organisation de la religion au Maroc, aux côtés de la commanderie des croyants (ndlr : le titre de commandeur des croyants – Al-Amir al-Mouminine – est accordé au roi du Maroc), qui en est le principal pilier, et d’autres instances comme le Conseil supérieur des oulémas ou la Haute instance de la fatwa. La Rabita est plus spécialement chargée du travail de recherche sur la tradition musulmane : quelles sont les différentes approches pour déchiffrer un texte ? quelles en ont été les différentes compréhensions au cours des siècles ? Son objectif est de promouvoir le savoir religieux modéré.
LC : Comment la Rabita participe-t-elle à la lutte contre l’extrémisme religieux au Maroc ?
– Ahmed Abbadi : Les extrémistes ne s’intéressent qu’aux 500 versets du Coran considérés comme normatifs, et négligent tous les autres ! Nous avons donc cherché à comprendre d’où vient cette insistance sur la codification du droit musulman. Nous avons découvert que, même si l’approche jurisprudentielle était déjà prédominante dans certains courants de l’islam, la codification remonte à Soliman le Magnifique : elle a touché tout l’empire ottoman, à l’exception du Maroc et le tournant a été décisif.
En effet, si je considère que le premier rôle de l’État est de mettre en œuvre la charia, alors je peux l’excommunier si j’estime qu’il ne remplit pas son rôle. Or, pour les Frères musulmans comme pour les salafistes, la charia est la finalité des finalités… Et c’est pour cela que, depuis l’abolition du califat par Kemal Ataturk en 1924, ils se cherchent « un père de substitution » à même de faire appliquer la charia par tous et partout.