Fin juillet, l’archidiocèse de Madrid a décrété le départ immédiat de la supérieure de l’association publique de fidèles Filles de l’amour miséricordieux, Maria Milagroza Perez Caballero, suite à une enquête de la congrégation pour la Doctrine de la Foi liée à plusieurs plaintes et des violations répétées de la doctrine catholique. Le tribunal de la Rote auprès de la nonciature apostolique à Madrid (établi en 1771, rétabli par le Concordat en 1947) a mobilisé une équipe de canonistes et leur rapport conclut à la suspension immédiate de cette association de fidèles, fondée en 1983 par l’ex-jésuite Antonio Mansilla et reconnue en 2007 comme association publique de fidèles par le cardinal Varela. Des faits d’abus, des prières de libération, de restauration de la virginité (!), des messes de guérison et des pratiques sectaires leur sont reprochés, ainsi que des exorcismes sans mandat et des fausses extases mystiques, appelées « repos dans l’Esprit » au sein de la communauté.
Les Filles de l’amour miséricordieux (Hijas del Amor Misericordioso – HAM) sont présentes, coté féminin, dans les archidiocèses de Madrid, Séville et Tolède, et côté masculin, dans le diocèse de Getafe. Le rapport de la Rote auprès de la nonciature apostolique de Madrid ne laisse planer aucun doute : « ce qui se trame à l’intérieur n’est pas catholique ; ce qui est décrit est terrible« , a déclaré à « Vida Nueva » une personne ayant eu accès au rapport.
La mère supérieure débarquée
Suite à une visite canonique et ce rapport de la Rote auprès de la nonciature de Madrid, « l‘archidiocèse de Madrid a décrété le départ temporaire de María Milagrosa Pérez Caballero comme supérieure générale de l’Association publique des Fidèles Filles de l’Amour Miséricordieux (HAM) à la suite d’une visite canonique et d’une enquête sur « de nombreuses plaintes » de violations présumées de la Doctrine de la Foi.
Cette décision a été prise suite au vote émis par l’instructeur de l’enquête menée par le Tribunal de la Rote de la Nonciature Apostolique, depuis plus d’un an et demi, suite aux « nombreuses plaintes reçues » a indiqué l’institution ecclésiastique dans un communiqué. De plus, suite au rapport présenté par les visiteurs canoniques nommés en février 2025, l’archidiocèse de Madrid a suspendu les fonctions de l’équipe dirigeante précédente et a nommé Pilar Arroyo Carrasco comme commissaire extraordinaire de l’Association, à compter du 28 juillet 2025″.
Des ex-membres de l’association publique de fidèles HAM ont révélé « une atmosphère interne d’idolâtrie envers [la supérieure], qu’elles considèrent comme une sainte à vénérer de son vivant. Preuve en est que les Filles de l’Amour Miséricordieux et les Frères de l’Amour Miséricordieux portent des reliques d’elle et du fondateur de l’organisation à l’intérieur des croix qu’ils portent autour du cou, en symbole de consécration et d’appartenance à l’association« .
Les HAM chassées du diocèse de Tolède
De son côté, le diocèse de Tolède – où les Filles de l’Amour Miséricordieux gèrent depuis 2017 un centre de spiritualité dans l’ancien carmel d’Ocaña, a décidé de ne pas prolonger l’installation de leur noviciat à Escalona, qui devait être temporaire en vue de leur transfert dans l’ancien couvent des mères Capucines de Tolède; ce transfert aussi a été annulé.
Réformer les HAM de l’intérieur, mission impossible ?
L’archidiocèse de Madrid ne cherche pour l’heure pas à dissoudre l’association, mais à tenter de la réformer de l’intérieur. Outre la nomination d’une commissaire dans l’association publique de fidèles avec les pleins pouvoirs, d’autres mesures ont été prises comme « l’interdiction d’admettre de nouvelles vocations et de poursuivre la formation des postulantes et novices de première année. De même, toutes les activités pastorales publiques des HAM sont limitées, ce qui comprendrait les retraites spirituelles qu’elles dispensent, ainsi que leur présence aux retraites Emmaüs et Effetá. De plus, les femmes qui restent dans l’organisation ne peuvent recevoir un accompagnement spirituel et une formation intellectuelle que « par des personnes désignées par l’autorité ecclésiastique ».
Néanmoins les victimes et d’ex-membres de l’association publique de fidèles HAM pensent que les anciens supérieurs tenteront de maintenir leur emprise sur la structure, en établissant un « gouvernement fantôme » comme au sein de l’Institut du Verbe incarné de 2010 à 2023 au moins – lorsque le fondateur convaincu d’abus sexuels sur majeurs a été écarté par Benoît XVI et interdit d’interférer dans la gestion de l’IVE. » Tôt ou tard, la dissolution demandée par la Rote interviendra, car il s’agit d’une structure endommagée depuis la racine. Le mieux est d’en extraire toutes les victimes et de les orienter vers des réalités ecclésiales saines afin qu’elles puissent développer librement leur vocation« .