La presse locale mène l’enquête suite à la révélation d’abus dans l’ex-collège épiscopal de Bitche en Moselle, dans le diocèse de Metz, fermé en 2012; une dizaine de victimes se sont fait connaître du diocèse, qui a lancé un appel à témoignages. D’après les recherches de la presse locale et les témoignages des victimes, il y aurait au moins trois auteurs d’abus :
- un religieux, « l’abbé Didelon était professeur de mathématiques mais aussi responsable de l’infirmerie de l’internat« . Entré comme professeur de mathématiques en 1968, il aurait commis des abus pendant 25 ans : « entre la fin des années 1960 et la fin des années 1990, ciblant des garçons, internes, en classes de 6e et 5e (les élèves les plus jeunes). Les témoins décrivent tous un même mode d’action : ils se retrouvaient seul à seul avec l’abbé dans l’infirmerie ou dans ses propres appartements. Prétextant un motif médical, l’enseignant procédait à des attouchements sexuels ». Il aurait aussi agressé des jeunes filles à partir du moment où le collège est devenu mixte en 1985, puis après sa mutation en paroisse dans les années 1990, une jeune fille âgée de cinq ans.
- un laïc, qui avait été jugé en 1991 pour corruption de mineurs : « Claude Tuaillon, est arrivé en 1977, dans l’établissement. Il y était éducateur sportif jusqu’en 1987, date à laquelle, il devient encadrant dans un club de foot à Metz. Avant d’être écroué en 1991, à 56 ans pour avoir fait visionner à des jeunes des films pornographiques chez lui avant de commettre sur eux des faits d’attouchement. Faits qu’il a reconnus lors de son procès’‘
- un autre auteur pour l’heure non identifié, « une troisième personne est pointée du doigt par les victimes. Mais elle serait restée trop peu de temps dans l’établissement pour que les élèves se souviennent de son nom« .
Les deux premiers ont fait l’objet de plaintes, « des plaintes avaient été déposées contre l’Abbé Didelon et Claude Tuaillon, respectivement en 2000 et 2010« , classées pour cause de prescription. L’INIRR appelle les victimes à s’adresser à l’instance pour être indemnisées, elles étaient 23 au 1er juillet dernier et envisageaient la création d’un collectif; trois d’entre elles ont déjà été indemnisées.
L’ancien directeur de 1988 à 2001, Aloyse Schaff – 60 ans de prêtrise en 2019 – est mis en cause par d’anciens élèves pour avoir étouffé les signalements, notamment au sujet de l’abbé Didelon : « de grosses pressions pour que ça n’aille pas plus loin« . Il a répondu à France 3 avoir appris les agissements de l’abbé Didelon lors de son enterrement, et ne pas avoir voulu cacher les choses. « Ce n’est pas qu’on a voulu cacher, c’est qu’on ne savait pas. C’était très discret. » Le diocèse affirme lui aussi ne pas avoir été tenu au courant – des victimes dénoncent l’omerta dans l’équipe enseignante d’alors.