La presse locale lorraine a enquêté sur les agissements d’un ancien prêtre aujourd’hui décédé, qui aurait commis des abus sexuels sur d’anciens élèves du collège épiscopal de Bitche, un établissement d’enseignement diocésain en Moselle, des années 1960 aux années 1990. Une dizaine de victimes ont été identifiées, mais elles pourraient être plus nombreuses.
« L’abbé Joseph Didelon, décédé en 2021 à l’âge de 85 ans, a été professeur de mathématiques à partir de 1968 au collège-lycée Saint-Augustin de Bitche, institution catholique réputée en Moselle, et au-delà, qui a fermé en 2012. Nous avons identifié et échangé avec une dizaine de victimes, et toutes racontent le même vécu : il s’agit exclusivement d’hommes, scolarisés à l’internat en 6ème et 5ème (« les petits »), de la fin des années 1960 au début des années 1990. Ils ont subi des attouchements répétés de la part ce prêtre, sans qu’il ne soit inquiété pendant toutes ces années ». Les anciens élèves qui témoignent relatent des attouchements à l’infirmerie, mais aussi dans la chambre du prêtre et à l’internat où il « consolait » les internes tristes d’être loin de leurs familles. Une des victimes a été reconnue et indemnisée par l’INIRR, une autre a entamé la même démarche; d’autres victimes avaient contacté l’évêché après le rapport de la CIASE en 2021.
France Bleu ajoute : « Nous avons effectivement rencontré un ancien surveillant de l’internat qui souhaite conserver l’anonymat. Il affirme que tout le monde connaissait l’attirance de l’abbé Didelon pour les jeunes garçons. Il dit regretter aujourd’hui que « l’omerta qui régnait empêchait tout le monde de parler ».
La réponse du délégué épiscopal est aussi publiée :
« J’ai pris connaissance de votre message relatif à la future publication d’une enquête concernant des agissements graves commis par l’abbé Joseph Didelon dans l’ancien collège-lycée épiscopal Saint-Augustin de Bitche, fermé depuis 2012.
Je tiens tout d’abord à exprimer mon émotion profonde et ma proximité sincère à toutes les personnes qui ont subi de tels actes. Ces violences, que nous condamnons fermement, sont contraires à toute éthique humaine et chrétienne et heurtent profondément notre conscience éducative. Je remercie toutes celles qui ont eu le courage de prendre la parole. Ce geste, difficile, est indispensable pour que la vérité puisse être reconnue, les souffrances entendues, et la dignité restaurée.
La Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Moselle n’a eu, à aucun moment, d’informations concernant des abus commis par ce prêtre lorsqu’il exerçait à Bitche.
L’évêché a été directement saisi par des personnes signalant des faits d’abus, suite au rapport de la Ciase en 2021, et a pris toutes les dispositions nécessaires pour accueillir leurs paroles, les écouter si elles le souhaitaient, les accompagner et leur permettre de s’adresser aux instances compétentes. Conformément aux directives prises par l’Église de France, les personnes concernées ont été orientées vers l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation), seule habilitée à traiter ces situations survenues dans un cadre ecclésial.
Depuis 2018, l’Enseignement catholique a mis en œuvre un Programme de Protection des Publics Fragiles (3PF) dans l’ensemble de ses établissements en France. Ce programme vise à prévenir toutes formes de maltraitance, à former les éducateurs, à recueillir la parole des personnes qui ont subi des abus et à faire de nos établissements des « maisons sûres », fondées sur la bientraitance éducative, le respect de la personne humaine et sa dignité.
Les établissements de l’Enseignement catholique se sont aussi saisis de la campagne « stop violence » déployée par le SGEC (Secrétariat général de l’enseignement catholique) depuis un mois, pour renforcer l’information et la sensibilisation de tous les acteurs des communautés éducatives, qui portent collectivement cette question.
La Direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Moselle, comme la cellule d’écoute du diocèse de Metz, se met à disposition de toute personne souhaitant faire entendre sa parole ou recevoir un accompagnement.
Christian Vacelet
Directeur diocésain, délégué épiscopal »
Communiqué de Mgr Ballot, évêque de Metz :
À la lecture des articles publiés dans les médias concernant les agissements graves de l’abbé Joseph Didelon au collège-lycée épiscopal Saint-Augustin de Bitche, nul ne peut y rester indifférent !
Aussi, je souhaite tout d’abord redire ma proximité et mon soutien à toutes les personnes ayant subi des violences de la part de ce prêtre. Je condamne fermement ces actes totalement destructeurs et salue le courage de ceux qui ont pris la parole pour les dénoncer. Cette démarche permet que la vérité puisse être reconnue et que les personnes puissent également engager un travail de reconstruction.
Comme le rappelait M. Christian Vacelet, Directeur diocésain de l’Enseignement catholique de Moselle, délégué épiscopal, dans sa réponse écrite à Ici Lorraine, mon prédécesseur et les services concernés de l’évêché de Metz avaient été directement saisis par des victimes après la sortie du rapport de la CIASE en 2021.
Elles se sont fait connaître à ce moment-là et ont été accueillies et accompagnées par la cellule d’écoute de l’évêché. Elles ont été ensuite renvoyées vers l’instance mise en place par les évêques de France, l’INIRR (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation), seule habilitée à traiter ces situations survenues dans un cadre ecclésial et dont les auteurs sont aujourd’hui décédés.
Certaines personnes témoignent dans l’enquête réalisée par Ici Lorraine du bon accompagnement et des réparations dont elles ont bénéficié de la part de l’INIRR.
Il est possible que d’autres personnes aient été victimes de l’abbé Joseph Didelon. Si elles le souhaitent, je me tiens personnellement à leur disposition ainsi que les membres de la cellule d’écoute du diocèse pour les recevoir, les écouter et leur proposer toute l’attention et l’accompagnement qui leur sont dus.
Mgr Philippe BALLOT
Archevêque-évêque de Metz
Cette cellule est joignable par mail [email protected] ou par téléphone au 07 49 96 90 81.